5.3 Biomécanique de la détente -
Implication anatomique
La détente musculaire correspond à la
capacité de s'élever dans les airs lors d'un saut. La
détente est une qualité fondamentale pour des activités
nombreuses et variées. Elle se définit comme la capacité
qu'a le système neuromusculaire de surmonter les résistances avec
la plus grande vitesse de contraction possible 35. Plus la force
appliquée est importante en un minimum de temps et plus le saut est
élevé. D'un point de vue physique, la hauteur qui est atteinte
lors d'un saut est influencée par deux éléments : d'une
part, le travail musculaire fourni lorsque les pieds sont en contact avec le
sol et d'autre part la hauteur du centre de
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masse du corps au moment de l'envol. Sans entrer dans des
calculs mathématiques complexes, Chapman (2008) 36
décrit celle-ci de la façon suivante :
s = (
??
) · ? ?? · ??s
m · g
Où s est la distance verticale
parcourue par le centre de masse du corps depuis son point le plus bas lors de
la prise d'élan jusqu'à son point le plus haut lors de la phase
de vol, m est la masse corporelle et g
l'accélération terrestre. L'intégrale
de F*ds est la quantité de travail musculaire produite
durant la phase de contact avec le sol, où F est la
force musculaire et ds le déplacement du centre
de masse du corps durant la phase de contact avec le sol.
Enfin, il existe un autre phénomène
biomécanique qui joue un rôle majeur dans la performance de saut.
Il s'agit du « Strectch-Shortening Cylce » (SSC). Grâce
à ses propriétés mécaniques, un muscle est capable
d'emmagasiner de l'énergie lorsqu'il est allonge pour la restituer de
façon immédiate après et produire plus de force. La
pré-activation, lorsque le muscle s'allonge, permet de débuter sa
phase de contraction avec une plus grande force initiale pour
développement une force maximale plus élevée 36,37
. La détente peut être assimilée à la
qualité de puissance 38. D'un point de vue physiologique,
elle dépendrait à la fois du nombre de fibres sollicitées
simultanément dans un muscle et de leur qualité de
contraction.
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6. Problématique
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De nos jours, l'ensemble des athlètes a recours
à la musculation en complément de leur activité
principale. L'utilisation de la musculation peut aller de simples exercices de
prévention à des exercices de perfectionnement ou l'on cherche
à améliorer ses qualités physiques, de manières
spécifiques ou non. Les groupes musculaires travaillés qui
ressortent le plus sont les ischio-jambiers, les quadriceps, les fessiers, les
mollets et pour le haut du corps les bras (biceps / triceps), les pectoraux et
les épaules.
La musculation est une activité sportive qui vise
à développer la force musculaire en augmentant la masse des
muscles (ou non) par un effort physique répété ainsi que
l'endurance 39. Depuis de nombreuses années désormais,
la littérature a prouvé l'intérêt du travail de
musculation en complément d'une pratique sportive. A chaque
activité sportive ses spécificités. Quelle qu'elle soit,
elle nécessite un travail spécifique de renforcement, de
développement de puissance, d'équilibre, de souplesse musculaire
et de force. Ces paramètres peuvent être soutenus dans la
recherche de performance par l'utilisation de la musculation. Cette pratique
doit être au service de l'activité principale. Bien
évidemment, la musculation intégrée en planification d'une
préparation physique d'un boxeur sera différente de celle d'un
joueur de football ou de rugby. Les demandes musculaires, les contraintes
physiques et les fondamentaux même de la discipline diffèrent
à travers les disciplines. Cependant, le travail de fond, d'endurance et
de répétition est retrouvé à travers la
musculation. Ce sont les exercices proposés, au regard de ce qu'on
attend de l'athlète et des spécificités imposées
qui guident l'évolution de cette pratique au sein même de
différents sports. L'utilisation d'exercices spécifiques
présente en effet l'avantage de permettre un transfert rapide des gains
qu'on a pu obtenir à l'entraînement vers une habileté
motrice particulière.
Au sein du football de haut-niveau, après l'avoir
vécu en tant que joueurs et également en tant que stagiaire
durant les différentes expériences que j'ai pu avoir en
structures professionnelles, je me suis aperçu que les pieds sont les
parties du corps où les joueurs accordent le moins d'importance. Bien
évidemment, les podologues sont régulièrement
présents pour réaliser des pédicures. Ils réalisent
également un bilan podologique (à la demande des joueurs en
général) en début de saison. Néanmoins, il n'y a
que très peu de travail axé sur le pied. On retrouve des
exercices classiques de prévention sur coussin d'équilibre, sur
plateau de proprioception et parfois sur mousse. Ce type d'exercices est
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redondant et très souvent appuyé par les
différents staffs dans le cadre de retour à la suite de blessures
(entorses chevilles, genoux..). Bien que ce type d'exercice sollicite la
musculature extrinsèque du pied (et intrinsèque en fonction la
posture et du chaussage), ils ne sont pas suffisants pour supporter l'ensemble
des contraintes que subissent leurs principaux outils de travail : leurs
pieds.
Comme dit précédemment, nos pieds sont le seul
lien entre notre corps et le sol. Toute la force est transmise par celui-ci ;
un bassin gainé, des cuisses puissantes, une course d'élan et
c'est une masse avoisinant les 700 kg que la cheville et le pied vont devoir
supporter. La chaîne postérieure, complète comprend les
fessiers, les ischio-jambiers et le complexe
suro-achilléo-calcanéo-plantaire (incluant les
fléchisseurs du pied) .40
Plusieurs études, comme nous avons pu le voir dans la
partie Etat de l'art, sont arrivées à la même conclusion,
le renforcement musculaire du pied et notamment, les fléchisseurs
permettent une amélioration de la détente, des temps au sprint et
de la qualité des appuis tout en ayant un rôle dans la
prévention des blessures et la stabilité qu'elle soit statique ou
dynamique. Cela irait donc de soi : si un pied manque de force, il va exprimer
moins que ce que les muscles des étages supérieurs veulent
transmettre. Surtout en football, les muscles des membres inférieurs,
sont très souvent très puissants. Avant d'être des joueurs
de foot, ce sont des athlètes qui doivent courir. Quand on sait que 80 %
du travail effectué par ces mêmes footballeurs en salle de
musculation est concentré sur les membres inférieurs, on comprend
que leurs pieds exprimeront moins que ce qui est disponible au-dessus. Pour
poursuivre, en rendant son pied plus fort, on le rend plus stable. Un pied
stable sera moins sujet aux blessures et il va de même pour le reste du
corps : plus un corps est fort à tous les étages et moins on
risque de le voir se blesser. 40
L'objectif de ce travail est dans un premier temps de
définir le type morphologique de chaque joueur de l'effectif
concerné par l'étude. Dans un second temps, nous voulons savoir
si renforcer les muscles du pied, avec un protocole sur 10 semaines, chez des
joueurs de football semi-professionnels a un impact sur les performances en
saut (CMJ) et au sprint court (5, 10 et 30 mètres). Enfin, nous
chercherons à savoir si le type morphologique du joueur a impacté
les résultats du protocole.
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