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Le régiment des tirailleurs sénégalais du tchad (RTS-T) et la consolidation de l'empire colonial francais: de sa création et de son déploiement au Kamerun entre 1910-1918


par Samuel Djeguemde
Université de Douala - Master 2021
  

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B- Les enjeux de l'occupation et de l'expansion coloniale française au Tchad

Etant donné que le territoire du Tchad est situé au coeur du continent, il est nécessaire de rappeler brièvement l'exploration de cet espace, chose qui a conduit aux décisions politiques en France d'occuper cette aire qui fut la colonie la plus vaste mais aussi la plus démunie des quatre que comptait l'Afrique Equatoriale70.

1- Les aspirations politiques.

La présence de la France sur le territoire du Tchad s'inscrit dans un contexte de course vers l'Afrique et remonte au début du XIXe siècle, cela a été possible grâce aux renseignements

65 V. Deville, 1898, p. 18.

66 C'est une confrérie musulmane née en Orient au XIVème siècle et installée en Lybie depuis le XVe siècle. De par son opposition à la colonisation occidentale, cette secte a été le principal obstacle à l'expansion coloniale française sur le territoire du Tchad surtout sur sa partie septentrionale.

67 J. Dybowski, 1893, La grande route du Tchad, du Loango au Chari, Paris. Librairie du Firmin-Didot, p. 29.

68 Ibid., p. 179.

69 C. Maistre, 1889, « La mission Maistre », In Bulletin de l'Afrique Française, n°6, p. 11.

70 ANT, Journal officiel de l'Afrique Equatoriale Française, Annuaire du Tchad 1910, CEFOD, Fonds Dalmais, Cote, Fond TCH B 1604, p. 18.

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laissés par les chroniqueurs arabes et aux nombreuses missions menées par les explorateurs occidentaux.

Dès lors, les français qui avaient accusé un retard dans l'exploration du bassin du Lac Tchad au détriment des autres puissances Européennes (Anglaise et Allemande) décida de se jeter à cette course vers le Lac Tchad. Concomitamment, cette entreprise fut très tôt initiée et encouragé par Jules Ferry qui, dès 1885 était favorable à la conquête du plus grand nombre de territoires en Afrique. Car, estimait-il : « Les possessions nouvelles peuvent éventuellement servir de centre de ravitaillement, d'approvisionnement mais surtout être un moyen pour la France de compter parmi les grandes nations »71.

En effet, l'Europe particulièrement la France connaissait de véritables problèmes économiques et démographiques en ce temps-là72. C'est dans cet élan que Louis Garon pense pour sa part que l'entreprise coloniale française en Afrique ne consistait en fait qu'à combler les pertes françaises d'Alsace-Lorraine de 1870 et la reculade de Fachoda de 189873.

Toutefois, on constate néanmoins que les possessions françaises en Afrique était coupé par le Sahara et donc il était difficile de faire une jonction entre les différentes colonies. Et, de ce fait, le territoire du Tchad constituait un trait d'union entre les colonies française Ouest-africain et celles de l'Afrique Equatoriale.

Ces arguments découlant des motivations d'ordre politique avaient pour finalité de redorer le blason de la France et lui redonner son prestige d'antan. En effet, les fondements de la politique d'expansion coloniale française sur le territoire du Tchad ont permettrait selon ses initiateurs d'avancer un pion de la Métropole sur cet espace au coeur du continent délaissé par le passé. En outre, dans ce contexte où la puissance des grandes nations dépendait fortement de leur représentation d'outre-mer, il était hors de question que, la France reste spectatrice du dépeçage du continent noir.

Toutefois, d'autres arguments ont permis de renforcer le processus colonial notamment ceux d'ordre économique.

2- Les raisons d'ordre lucratives : entre marasme économique et nécessité d'expansion

L'occupation du territoire par la France qui allait plus tard former ce que nous connaissons sous le nom de Tchad aujourd'hui répondit à des préoccupations politiques mais

71 J. Ferry, 1885, « Les fondements de la politique coloniale du 28 juillet 1885 », In Journal Officiel de la République Française. Consulté en ligne le 13-10-2021. https://www.assemblee-nationale.fr/decouvrir-l-assemblee/histoire/grands-discours-parlementaires/jules-ferry-28-juillet-1885.

72 E. Anceau, 2003, Introduction au XIXe siècle. Tome I. Paris, Edition-Belin, p. 43.

73 L. Garon, 2001, A la naissance du Tchad, 1903-1913, Paris, SEPIA, p. 9.

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aussi économiques malgré son enclavement au coeur du continent. Ainsi, deux tendances liées à l'aventure coloniale française au Tchad se sont dégagées : d'une part, l'idée d'un abandon de toute initiative de conquête du Tchad et d'autre part, la volonté de faire du Tchad une pièce maitresse dans ses desseins d'expansion coloniale.

En effet, ce territoire a été diversement perçu par la France et le Ministère en charge des colonies qui furent parfois hésitant quant à la colonisation dudit territoire. Car, les avis des administrateurs coloniaux concernant l'occupation de cet espace a été ambigüe et divers.

Pour ce qui est de l'abandon du territoire du Tchad, les premières impressions liées au délessage de cet espace avait été très tôt mis en évidence par les premiers administrateurs coloniaux. A l'instar de Charles Lenfant et d'Emmanuel Largeau. Ils le considéraient comme une terre « difficilement exploitable et peu rentable », D'ailleurs, Charles Lenfant favorable à cette idée pensait que l'enjeu économique lié à la conquête du Tchad était minime et ce territoire présentait très peu de matières exploitables comme dans les colonies du Gabon ou du Moyen-Congo74. C'est en allant dans le même fil d'idée qu'Emmanuel Largeau75 fit dès sa prise de fonction au Tchad un inventaire de la situation économique de ce territoire. Il le présenta comme un territoire exsangue aux potentialités peu élogieuses qui devaient demander beaucoup de sacrifices à Paris76.

En effet, s'il faille reconnaitre que, contrairement aux autres colonies françaises de la sous-région qui sont traversé par l'immense forêt équatoriale dans lesquelles les matières premières pilules, elles ont été rapidement mises en évidence au détriment du Tchad. Allant dans le même sens, le Ministère des colonies avait mis en garde le Président Emil Loubet deux ans juste après le début de la conquête du Tchad des risques que cela en courait. Selon le Ministère, il n'était pas nécessaire d'intensifier les opérations militaires vers le Nord du territoire du Tchad car, elles seraient inutilement couteuses pour la Métropole.

Ces raisons d'ordre économiques avaient quelque peu jeté un regard empreint de sarcasme sur l'implantation de la France au Tchad. Mais, en dépit de ce constat qui faisait obstacle à l'expansion coloniale française, certains administrateurs coloniaux encouragés par quelques officiers et sous-officiers coloniaux essayaient par contre de démontrer tout l'intérêt stratégique de ce territoire.

74 C. Lenfant, 1905, La grande route de Tchad : mission de société de géographie, Paris, Hachette, pp.187-189.

75 Victor Emmanuel Largeau fut un administrateur colonial français, il a administré le territoire du Tchad durant de nombreuses années. Il a servi au Tchad entre 1902-1904 ; 1911-1912 ; 1913-1915.

76 E. Largeau, 1913, p. 12.

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En effet, certains apôtres du colonialisme français gardaient néanmoins espoir que les régions du Lac Tchad constituaient des promesses de grandeur future77. C'est ainsi que le Comité de l'Afrique crée dès 1889 se pencha vers l'annexion de la cuvette du Lac Tchad et militait pour l'expansion du domaine français jusqu'au Tchad.

Allant dans le même sens, certains groupes expansionnistes français étaient également favorables aux avantages économiques que pourraient générés cette zone encore mal connue. Parmi eux, Henry Haris estimait que cette région du continent était semblable à un « éden africain78 », il affirmait d'ailleurs à ce sujet que : « grâce à la fécondité du sol et la fécondité de la flore, le bassin du lac Tchad, les vallées et les plaines qu'arrosent le Chari deviendront peut-être un jour la partie la plus prospère des indes africaines79».

Ce discours empreint d'espoir fut un motif suffisant pour que la Métropole se lance à la conquête de cette zone. Néanmoins, on est en droit de penser que ces espoirs placer sur ce territoire n'a pas toujours rempli les promesses placées en lui d'où la réticence de la Métropole d'y investir des fonds comme ce fut le cas dans les autres colonies de la sous-région ainsi que le rappel le graphique ci-dessous.

Graphique 1: Budgets locaux de l'AEF de 1910-1912

28%

16%

21%

35%

Gabon

Moyen Congo Tchad

Oubangui Chari

Source A. Abakar Kassambara, 2010 « La situation économique et sociale du Tchad de 1900 à 1960 ». Thèse de Doctorat en Histoire économique, Université de Strasbourg. P.181.

77 En France, il y'avait pas unanimité autour des questions de conquête, l'opinion était divisée au sujet des expéditions dans les zones inconnues d'Afrique subsaharienne car jugé trop dangereuses et extrêmement couteuses

78 H. Haris, 1891, A la conquête du Tchad, Paris, Librairie Hachette, p. 49.

79 Ibid. p. 200.

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Au vu de ce graphique, on constate que l'AEF avait un budget inéquitablement reparti entre 1910 et 1912. Si, le Gabon se retrouve avec le plus grand budget soit 35% de la somme allouée, le Tchad quant à lui se voit doté du plus petit budget soit 16% du budget. Ceci peut notamment s'expliquer par le fait qu'en ce temps, l'économie de ce territoire reposait essentiellement sur l'impôt de capitation qui, croissait au fur et à mesure de l'expansion coloniale française.

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