WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Le régiment des tirailleurs sénégalais du tchad (RTS-T) et la consolidation de l'empire colonial francais: de sa création et de son déploiement au Kamerun entre 1910-1918


par Samuel Djeguemde
Université de Douala - Master 2021
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

B-La « mise en valeur » du territoire du Tchad

L'interrogation que l'on pourrait se poser ici est celle de savoir comment le déploiement du RTS-T au Kamerun entre 1914 et 1918 a précipité la fin de la colonisation du Tchad et orienté la politique de la France vers des secteurs plus lucratives ? Partant de cette question, il faut rappeler que la colonisation du territoire du Tchad amorcée en 1889 fut brusquement interrompue à cause de la PGM au Kamerun dès 1914 avant de reprendre en 1918.

Lorsque la guerre s'estompa en 1916, il était désormais question pour la France de relancer l'économie de ce territoire avec la « mise en valeur » des activités économiques. C'est dans cette mouvance que dès 1920, la France introduit la culture du coton avec sa filiale de Coton franc dont la production fut rendu obligatoire à l'ensemble du territoire223. C'est en allant dans le sens de cette mise en valeur du territoire conditionnée par le travail forcé qu'il nous a paru nécessaire de mettre en évidence le rôle du coton comme levier de l'économie du territoire.

1-Le développement d'une monoculture de rente : le Coton premier levier de l'économie du Tchad en 1920

N'étant pas un territoire possédant un climat tropical favorable au développement des produit tels que : le cacao, le café, la banana ou encore palmier à huile, le territoire du Tchad a pu néanmoins s'ouvrir à l'international exportant le Coton après la PGM en Europe et au Kamerun.

Ainsi, le déploiement du RTS-T lors de la PGM au Kamerun a été un catalyseur dans la relance de l'économie de ce territoire. En effet, la culture cotonnière comme l'affirme Goni Ousmane a su traverser les changements et les troubles politiques224. Mais, il convient de rappeler que, cette culture destinée à l'exportation a légitimé très souvent les violences dont étaient victimes les populations car ; il était pressant de parvenir à des résultats.

D'ailleurs, le RTS-T a joué un rôle quant à l'accélération de cette culture dès son introduction sur le territoire. En effet, l'administration coloniale l'avait confié le rôle de police et, avait légitimé les sanctions dont elle exerçait sur ceux qui, ne trouvaient aucun intérêts à s'adonner à cette culture. D'ailleurs, à ce propos Ulrich Sturzinger estime que, les sanctions

223 E. Kimitene, 2008, « Stratégies paysannes en zones cotonnières du Tchad. Discours et représentations actions des habitants de Komé à Doba ». Mémoire de Master 2 en Histoire économique, Université de Rouen, p. 26.

224 G. Ousmane, 2010, p. 68.

104

pouvaient aller du châtiment corporel à l'obligation d'exercer les travaux forcés225. En outre, il est intéressant de constater avec René Dupont que :

la culture du coton était imposée par voie d'autorité : chaque adulte devait faire une corde, soit entre 35 et 40 ares. Le produit porté sur la tête à des points d'achat fixes plus ou moins éloignés du lieu de la culture, était parfois pesé sur des bascules parfois fausses et payés aux seuls chefs de villages qui, pouvaient garder pour eux seul la totalité de la rémunération226

Mais, au de-là de tout ceci, cette section du travail entend démontrer le rôle du RTS-T dans l'évolution de la culture du coton au Tchad après la PGM au Kamerun.

Si, au début de sa colonisation, le territoire du Tchad a semblé quelque peu mis en retrait par rapport aux autres colonies du fait de son sol peu exploitable, il est par contre fort intéressant de constater qu'il connait un regain d'intérêt à partir de 1920 avec la création de la Cotonfranc227. Cette entreprise publique française spécialisée dans l'exportation du coton, implantée au Tchad a favorisée cette culture industrielle au détriment des cultures vivrières. Ainsi, le déploiement du RTS-T au Kamerun entre 1914 et 1918 qui a permis de rétrocéder au Tchad une partie des zones du Mayo-Kebbi Est et Ouest, et une partie du Logone ; ces zones se sont avérée être parmi les plus propices quant au développement de la culture cotonnière.

Mais, si la cotonfranc a pu dynamiser la culture du coton qui n'arrangeait en rien la situation des colonisés, elle devait sa réussite aux bataillons du RTS-T qui, en plus d'assurer la sécurité du territoire a été aussi utilisé dans la contrainte qu'imposait l'exploitation agricole.

2-Une économie tournée vers l'extérieur : le rôle de la transéquatoriale

L'une des conséquences de la participation du RTS-T à la PGM au Kamerun a été comme nous l'avons vu de mettre en évidence au profit de la France l'exportation d'une matière première : le coton. Mais, cette initiative en a entrainé une autre, celle du développement des infrastructures de communication qui ont permis d'orienter cette économie vers l'extérieur et marqué par la même occasion le début du commerce extérieur de ce territoire.

Ainsi, il est question dans cette section du travail de mettre en lumière le développement de certains infrastructures résultant du développement du coton qui, lui-même doit sa mise en évidence au rôle joué par le RTS-T lors de la PGM au Kamerun. De ce fait, il faut rappeler

225 U. Sturzinger, 1983, Tchad : mise en valeur, « coton et développement », Tiers monde, n°95, Juillet-Septembre, pp. 643-651.

226 R. Dumont, 1962, L'Afrique noire est mal partie, Paris, Cop, pp. 72-74.

227 A. Kassambara, 2010, p. 53.

105

que, l'industrie cotonnière magnifiée par l'implantation de la cotonfranc a toujours oeuvré pour l'exportation de cet « or blanc ».

En outre, la quasi inexistence de moyen de transformation sur place a favorisé l'exportation de cette culture. Cependant, pour y parvenir, la France avait l'obligation de se doter des moyens d'acheminer ce produit à destination des côtes africaines et afin de procéder à leur embarquement en direction de la métropole. De ce fait, la création des voies de communication s'imposaient afin de désenclaver le territoire. C'est dans cette mouvance que, de nombreux travaux ont permis de créer des voies de communication fluviale et routier qui ont été confié à l'Agence transéquatoriale de communication228.

S'agissant de la voie fluviale, la priorité fut d'abord de rendre praticable cette voie. C'est ainsi qu'a été mis en évidence la voie fluviale de la Bénoué. Longue de près de 2000Km, cette voie de communication permettait d'acheminer les ballots de coton de la Bénoué jusqu'au fleuve Niger en passant par Garoua ou était enfin acheminé par voie terrestre jusqu'au port nigérian de Port Harcourt229. Cependant, il convient de rappeler que, cette voie n'est empruntable que 4 mois de juillet à Octobre lorsque les cours d'eaux sont abondants. Et, la sécurité des navires pour éviter les pillages et la perte des ballots de coton est assurée par les tirailleurs qui, se relaient à des points déterminés.

La crue de la Bénoué pendant la saison sèche a naturellement conduit le transéquatoriale a diversifié les voies de désenclavement. C'est dans ce sens que, la mise en évidence des voies terrestres devenait prioritaire afin de relier le territoire au reste de l'AEF. Ainsi, la circonscription de Fort-Archambault fut sollicitée pour relier le territoire aux cotes de Pointe Noire au Moyen-Congo. De ce fait, un long tronçon d'à peu près 1500km permettait d'acheminer le coton du territoire du Tchad vers l'Oubangui-Chari ; une fois là-bas, il était acheminé au port de Pointe Noire.

Ces voies de communications traditionnelles ont permis d'ouvrir le territoire du Tchad à la confédération de l'AEF mais, il permet surtout de comprendre que, ces investissements tournés vers l'extérieur ont permis de saisir les réels desseins de la France quant à la mise en valeur du territoire du Tchad.

228 G. Sautter, 1959, « Les liaisons entre le Tchad et la mer : essai d'analyse géographique d'une situation concurrence dans le domaine des transports », In, Bulletin de l'Association des géographes français, n° 286 -287, pp. 9-11.

229 Ibid., p. 15.

106

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon