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Le régiment des tirailleurs sénégalais du tchad (RTS-T) et la consolidation de l'empire colonial francais: de sa création et de son déploiement au Kamerun entre 1910-1918par Samuel Djeguemde Université de Douala - Master 2021 |
II- LA SECONDE PHASE DU DEPLOIEMENT DU RTS-T : Août 1915- Mars 1918Après avoir occupé les principales villes dans la partie septentrionale, le RTS-T et le contingent venus de l'Ouest Africain reçu pour mission de faire une jonction à Yaoundé avec le reste des compagnies engagées dans la guerre. Ainsi, cette seconde phase du déploiement du RTS-T s'est faite en deux étapes : une progression vers le Sud et, un stationnement de cette force après le départ des Allemands de leur ancienne possession. A- La marche du RTS-T vers le Sud du territoireLe Nord du Kamerun a été l'un des principaux fronts durant la Grande Guerre. Les belligérants se sont s'affronter lors d'importantes batailles pour la maîtrise des villes, défendues par des garnisons allemandes et cela a parfois impacté la progression du RTS-T. En dépit de ces premiers affrontements, on remarque néanmoins un déploiement du RTS-T qui se fait plus conséquent à tel enseigne qu'elle se prolonge jusqu'au Sud de ce territoire. En effet, dans l'optique de repousser l'ennemi allemand jusqu'à ses derniers retranchements, il était dès lors question de ne pas leur accorder trop de temps afin qu'ils se réorganisent. C'est dans cette optique que, de concert avec la force mixte franco-anglaise et le RTS-T, le colonel Brisset échafauda un plan qui consistait à déployer une force mixte franco-anglaise forte de 3000 hommes à Tibati et une compagnie du RTS-T en direction de Batouri dont l'objectif à long terme consisterait à faire jonction avec la colonne de l'Est alors dirigé par le Colonel Morisson198. C'est bien grâce à ce détachement du RTS-T conduite par le capitaine Thibault que, le Colonel Morisson réussi à occuper Bertoua et Doumé en 1915. De ces déplacements incessants, il est intéressant de constater que cette seconde phase du déploiement du RTS- T a consisté à repousser l'ennemi et contraste parallèlement avec la première phase qui, est plus rythmée par des affrontements et des sièges parfois interminables. 198 J. Ferrandi. 1920, La Conquête du Nord-Cameroun. Paris, Charles Lavauzelle, p. 36. 86 En outre, cette seconde étape du déploiement du RTS-T devait faire face à un ennemi bien plus menaçant que les Allemands : le climat et la végétation. Cette seconde phase est marquée par un faisceau d'éléments qui a grandement été défavorable à la progression des différentes colonnes alliés selon Ndjock Isidore Pascal199. Car, pour ne pas reprendre les mots d'Aymerich, qui qualifia le foret kamerunaise de « traitresse » Partant de cette observation, le RTS-T a affronté dans la seconde phase de son déploiement une géographie hostile, un ennemi qui maitrise le terrain, les maladies tropicales et des voies de communication détruites par les allemands. Ainsi, le RTS-T a livré moins de batailles que lors de la première phase de son déploiement sur ce territoire. Mais, il a pu se hisser jusqu'à Yaoundé en 1916 ce qui marque la fin partielle de la guerre au Kamerun et ouvre la voie à deux années d'occupation de ce territoire par un détachement du RTS-T. En effet, après la fuite des Allemands en Guinée Espagnole, il est acté par les puissances vainqueurs de maintenir des troupes au Kamerun afin d'éviter un éventuel retour des Allemands. Il était dès lors question pour le RTS-T de jouer un rôle de police sur ce territoire autrefois sous joug allemand. Cette seconde étape du déploiement du RTS-T a permis aux forces victorieuses de succéder à l'Allemagne au Kamerun. Cependant, après le retrait de Zimmerman et ses hommes en Guinée, il est fort intéressant dès lors de s'intéresser au maintien des différentes colonnes en place particulièrement au RTS-T. En plus, le RTS-T disposait de bataillons de réserves maintenus au territoire du Tchad. On en dénombrait 3 : il s'agissait de la 12ème, 16ème et 17ème compagnie. Elles avaient en outre 530 fusils, 1 section de mitraillette200. Mais, organisé sous les règles de la grande muette, le RTS-T était hiérarchisé comme nous le montre le tableau ci-dessous. 199 Entretien avec Ndjok Isidore Pascal Nyobe, Douala le 12-05-2022. 200 E. Largeau, p. 171. 87 Graphique 2: Hiérarchisation du RTS-T déployé au Kamerun entre 1914 et 1918 Etat-major : Gouverneur Martial Merlin, Général Victor Emmanuel Largeau Officiers supérieur : Colonel Brisset et Capitaine Ferrandi Sous-officiers Médecins de troupes Tirailleur Porteur Source : Synthèses des données recueillies des ouvrages d'E. Largeau, 1913, La situation du territoire militaire du Tchad au début de 1912, Paris, Comité de l'Afrique Française., J. Ferrandi. 1920, La Conquête du Nord-Cameroun. Paris, Charles Lavauzelle. Ce graphique n'est en fait qu'un condensé de données lié à la hiérarchisation du RTS-T ayant été déployé au Kamerun lors de la PGM. Si le Gouverneur de l'AEF est l'exécutif du pouvoir français dans ce regroupement de colonies, il est par ailleurs aussi celui qui diligente les troupes coloniales. Mais, il est supplié dans sa fonction par des officiers supérieurs qui sont à la tête des régiments et des bataillons. Dans cette hiérarchisation militaire, les médecins de troupes quant se retrouvent devant les tirailleurs et les porteurs. Cependant, il faut aussi noter que les tirailleurs n'ont pas tous le même échelonnage. Les plus importants sont les tirailleurs-artilleurs suivis des cavaliers ensuite, les tirailleurs de l'infanterie enfin, les tirailleurs-marmitons qui s'occupent généralement d'entretenir le matériel militaire et de la distribution des denrées alimentaire201. 201 Entretien avec Dimrabeye Dayanne, Moundou, le 14-09-2021. 88 Photo 10: Les différentes voies de déploiement du RTS-T et des alliés lors de la PGM au Kamerun Source : https://visionscarto.neocities.org/2022-kamerun/Cameroun. Consulté le 13-05-202 Cette carte du Kamerun renseigne sur les différents théâtres d'opérations lors de la PGM au Kamerun. Elle met en évidence les quatre principaux fronts : celui du Sud, Littoral, l'Est et du Nord et des phases de progression des différents régiments. En outre, elle met en exergue les zones de contre-offensive allemande puis leur zone de replis après leur défaite. On peut apercevoir de part et d'autre que, le RTS-T a été déployé du Nord vers le Sud avec des succès et quelques fois des échecs comme nous l'avons vu pour ce qui est de l'occupation de Kousseri. 89 |
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