B-Le second déploiement du RTS-T au Nord (Garoua,
N'Gaoundéré)
Après l'occupation de Kousseri, Sava et le siège
de Mora de Août à Septembre 1914 dans l'extrémité
Nord du territoire, se dessine aussitôt la seconde phase du
déploiement du RTS-T en direction cette fois de, Maroua, Garoua et
N'Gaoundéré.
Après le repli des troupes allemandes à Mora, il
a été question pour le RTS-T de se lancer à leur poursuite
et d'assiéger le maximum de villes possible. Mais, cette seconde phase
du déploiement de la colonne du Nord à la particularité de
voir la participation de la force franco-britannique venue de l'Afrique de
l'Ouest et forte de 4500 hommes constitués en majorité de
tirailleurs ouest Africains, des troupes de la West African Forestie Force
et de la Royal Navy194.
Par ailleurs, si cette force expéditionnaire a
été déployée sur deux fronts (le Littoral et le
Nord), il convient cependant de rappeler que son effectif fut
inéquitablement réparti : en effet, deux compagnies de cette
force sont déployées au Nord soit un peu plus de 2000 hommes
alors qu'elle atteint 7 compagnies sur les berges du Littoral soit 2500
hommes195.
Parallèlement, la seconde phase du déploiement
du RTS-T fut marquée par un faisceau d'éléments
défavorables aux alliés et au RTS-T : en particulier à
savoir : un ennemi qui maitrise le terrain et qui est bien équipé
et, des voies de communication détruites par les Allemands afin de
freiner leur progression.
C'est partant de ce constat que, certains officiers
métropolitains dans leur carnet de marche désignaient le front
Nord comme le théâtre le plus difficile de la conquête du
Kamerun. Car, si la conquête de Kousseri s'est faite de
façon progressive et sure, celle par contre de
194 V. Julius Ngoh, 1990, Cameroun 1884-1985 : cents ans
d'histoire, Yaoundé, Ceper, pp.68-69.
195 Cette disparité peut s'expliquer par le fait que le
Général Dobell en tête de cette force
anglo-française avait pour ambition de faire de Douala le quartier
général de cette troupe.
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Garoua surtout a nécessité une mise en place de
tactiques et une synergie d'action communes entre les différentes forces
Alliés.
En effet, il était dès lors question de
coordonner les actions avec les soldats levés au Nigéria, en
Gambie, au Libéria voire en Inde qui constituaient le gros des troupes
britanniques et qui étaient engagés dans cette guerre. Si, la
présence des soldats indiens dans ce conflit au Kamerun, peut sembler
étrange, de nombreuses tombent avec des patronymes indous ont
été retrouvés dans des cimetières et datant de
cette période de conflit.
Ainsi, grâce aux replis stratégiques des
Allemands de Kousseri pour Mora, cela a davantage favorisé ces derniers
car, elle a divisé les troupes alliés : une partie devait rester
aux contacts de l'ennemi sur le siège de Mora et l'autre
détachement devait continuer la progression sur les villes
mentionnées. Et, le premier obstacle du déploiement du RTS-T
était Garoua. Assurément, pour continuer de se déployer
sur le territoire du Kamerun, le RTS-T et la force expéditionnaire
devaient s'adjuger Garoua qui faisait office d'obstacle dans leur
avancée.
Erigée en véritable forteresse, Garoua fut
assiégé durant 5 mois et mobilisa environ 4000 hommes dont 1500
tirailleurs du RTS-T. Car, en face d'eux se dressait un contingent d'environ
247 hommes dont 210 tirailleurs, de 37 Officiers et médecins allemands
équipés entre autre de 700 projectiles d'artillerie, 800.000
cartouches et des mitraillettes de toutes sortes196
Couplé à l'énorme arsenal militaire dont
ils disposaient, les Allemands avaient surtout creusé d'énormes
tranchées qui limitaient considérablement un affrontement direct
et freinaient par la même occasion l'avancée des forces
alliés. Mais, en dépit de la résistance des Allemands
Garoua fut prise par les Alliés le 10 Juin après la capitulation
du capitaine Allemand Von Krailsheim197
C'est dans la même lancée qu'une fois
après avoir acté la prise de Garoua, le colonel Brisset
porté par un détachement fort de 350 tirailleurs occupe quelques
jours après la ville voisine de Ngaoundéré. Ce
déploiement rapide et efficace résulte du fait que les Allemands
avaient abandonné cette ville pour se replier vers le Sud principalement
vers Yaoundé.
De ce fait, le déploiement massif du RTS-T à
Ngaoundéré en Juin 1915 vient clos cette première phase de
déploiement de cette force dans la guerre au Kamerun.
196 G. Aymerich, 1920, La conquête du Cameroun,
Paris, Payot, p. 82.
197 Ibid., p. 83.
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Cette première phase du déploiement du RTS-T
concrétise l'avantage du RTS-T et de la force anglo-française sur
les troupes allemandes sur le septentrion Kamerunais. Elle ouvrait par ailleurs
la voie à la seconde phase du déploiement du RTS-T.
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