WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Le régiment des tirailleurs sénégalais du tchad (RTS-T) et la consolidation de l'empire colonial francais: de sa création et de son déploiement au Kamerun entre 1910-1918


par Samuel Djeguemde
Université de Douala - Master 2021
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE III : LA CAMPAGNE DU RTS-T AU KAMERUN PENDANT LA

PREMIERE GUERRE MONDIALE. 1914-1918.

76

Si, pour de nombreux auteurs à l'instar de Michael Growder, la déclaration de la Première Guerre mondiale a eu pour conséquence immédiate l'invasion des colonies allemandes en Afrique par les forces alliées comme le pense certains auteurs178 ; d'autres auteurs tels que Abdou Sow179 poussent la réflexion plus loin et estiment que, derrière cette initiative militaire savamment orchestré, sommeillait en réalité un vieux projet dont l'objectif visé était de déloger les Allemands de l'Afrique et redistribuer leur possession.

Eu égard de ces différents postulats qui se complètent néanmoins, il est intéressant de remarquer que le déploiement des troupes alliées, particulièrement celle du RTS-T au Kamerun fut retardé. Cette situation résultait de la volonté de l'Allemagne d'éviter cette guerre au sein de sa possession. Et, pour y parvenir, elle avançait deux principales raisons : éviter aux Blancs de se donner en spectacle devant les Noirs mais, il était aussi question selon elle de faire respecter la neutralité du bassin du Congo prônée dès 1884 lors de la conférence de Berlin.

En dépit de cette tentative de l'Allemagne de vouloir désamorcer ce conflit au Kamerun, les alliés étaient décidés de lui ravir sa possession particulièrement la France qui avait gardé des séquelles liées à la crise d'Agadir de 1911.

Mais, au-delà de ce contexte de tensions, il est intéressant de souligner qu'avant le déploiement des différentes colonnes de l'AEF et celles du corps expéditionnaire au Kamerun, les forces alliés avaient procéder au préalable à des campagnes de propagande visant à « dépeindre » l'Allemagne en mal et du sort dont elle faisait subir à ces assujettis180. Cet acte traduisant bien la hantise qui semblait animer les officiers et les sous-officiers alliés et de leur crainte d'avoir à affronter un ennemi qui s'était préparé à la riposte.

Toutefois, il serait intéressant de constater avec Rémy Porte qui estime que, les colonies sous domination allemandes connaissaient un début de développement à la veille de la PGM et, elles ne furent pas militarisées avant 1914. En outre, il apparait que seules la colonie du Kamerun et celle du Sud-Ouest africain (actuel Namibie) disposaient d'unités de forces de protection et de sécurité mais, même là en effectif limité comparé aux troupes alliées181.

178 Histoire Générale de l'Afrique Tome VII, L'Afrique sous domination coloniale, Paris, UNESCO, p. 311.

179 A. Sow, 2018, Les Tirailleurs sénégalais se racontent. Paris, L'Harmattan, p. 77.

180 L. Jolly, 2011, « Le tirailleur somali : le métier des armes instrumentalisé », (début du XXe siècle- fin des années 60), thèse de Doctorat en Histoire contemporaine, Université de Pau et des pays de Ladour, p. 321.

181 Rémy Porte, « La défense des colonies allemandes avant 1914 entre mythe et réalité », In Revue historique des Armées, Consulté en ligne le 18-06-2022. https://journals.openedition.org. P.26.

77

En dépit de ces constatations, ce qui est frappant reste quand même le sort des Africains à l'approche de cette guerre qui ne semblait pas vraiment être une préoccupation pour les belligérants. En effet, aucune action ne fut concrètement mise sur pieds pour exclure la participation de ces derniers dans ce conflit. En effet, ce qui vient conforter ce constat est le fait que, les forces alliés comme la force allemande s'étaient servis en grande pompe des Africains pour défendre leurs intérêts.

C'est ainsi que, l'entrée en scène des tirailleurs sénégalais venus du Tchad dans le cadre de cette guerre au Kamerun à nécessité une approche bien particulière. Car, s'ils ont défendu le territoire du Tchad à l'entame de la guerre, ils ont également mené de nombreuses batailles décisives sur les fronts Nord du Kamerun. En plus, ils ont permis d'occuper l'ensemble du territoire après le départ des Allemands comme le pense Nicolas Bancel182.

Eu égard de ce qui précède, dans ce troisième chapitre, il est question de mettre en exergue dans un premier temps les différentes phases du déploiement du RTS-T dans le cadre de cette guerre au Kamerun ensuite, rendre compte de son activité à la fin du conflit après le départ des Allemands en 1916.

I- LA PREMIERE PHASE DU DEPLOIEMENT DU RTS-T AU KAMERUN : Août

1914- Juin 1915

Dans le souci d'éviter de retracer les batailles auxquelles a pris part les différentes colonnes engagées dans la guerre et particulièrement celle du Nord (RTS-T) durant la Première Guerre mondiale au Kamerun183. Cette partie du travail entend s'intéresser aux différentes phases du déploiement du RTS-T dans la partie septentrionale du Kamerun jusqu'au Sud où sa présence fut notoire.

Toutefois, afin de mieux comprendre le déploiement parfois laborieux du RTS-T sur ce territoire « ennemi », il faut rappeler que, l'Allemagne n'était pas totalement restée inactif et avait mis en place une armée dénommée schutzztruppe d'environ 1128 soldats recrutés localement en 1911. Ce nombre fut relativement grossi et porté à environ 4500 soldats en 1914

182 N. Bancel, 1995, Images et colonies, Iconographie et propagandes coloniale sur l'Afrique française de 1880 à 1962, Paris, BDIC Edition. p. 79.

183 Cette guerre au Kamerun a déjà fait l'objet de nombreux travaux. On peut notamment citer les travaux de F. Eyelom, L'impact de la Première Guerre mondiale au Cameroun, Paris, l'Harmattan, V. Julius Ngoh, 1990, Cameroun : cents ans d'Histoire, Yaoundé, Ceper ; M. Growder, Histoire Générale de l'Afrique Tome VII, L'Afrique sous domination coloniale, Paris, UNESCO ; E. Mveng, 1985, Histoire du Cameroun. Tome II, Yaoundé Ceper.

à la veille de la guerre tous ceux-ci furent encadrés par 250 Européens et étaient placés sous le commandant du colonel Zimmermann184.

Cet accroissement de la force de défense du territoire allemand fut, un véritable problème pour le déploiement des troupes alliés particulièrement celui du RTS-T. Car, couplé parfois aux aléas climatiques et environnementaux, les troupes allemandes ont résisté avec détermination à la conquête des Alliées et particulièrement sur le front Nord ou la résistance fut plus longue et plus rude que partout ailleurs.

La première phase du déploiement du RTS-T dans la partie septentrionale du Kamerun s'est faites en deux temps d'abord à l'Extrême Nord (Lai, Kousseri, Mora) et ensuite au Nord (N'gaoundéré et Garoua). Mais, dans le but de mieux appréhender les étapes du déploiement du RTS-T, il convient avant tout de s'imprégner à travers l'image ci-dessous mettant en scène le campement des différents protagonistes de part et d'autres des frontières territoriales.

78

184 E. Mveng, 1985, p. 103.

79

Photo 9: Stationnement des protagonistes à la veille de la PGM au Kamerun

Source : https://visionscarto.net/cameroun-premiere-guerre-mondiale.Consulté en ligne le 11-03-2022.

La carte ci-dessus présente les différentes forces en présence aux frontières du Kamerun et à l'intérieur de ce territoire à l'ouverture de la guerre. Si, le premier constat qui se dégage est la supériorité numérique des régiments alliés au détriment des forces allemande, il faut également remarquer que, le RTS-T a été très tôt supplier dans cette guerre par le détachement franco-britannique venu de l'Afrique de l'Ouest et mis sous commandement britannique. Cette différence numérique permet de saisir les différentes stratégies adoptées par les belligérants :

80

si, l'Allemagne avait opté pour une stratégie défensive, les alliées quant à eux ont privilégié la stratégie d'encerclement.

Ainsi, les différentes phases du déploiement du RTS-T permettent d'appréhender à partir du front nord les manoeuvres d'encerclement des troupes allemandes.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo