2.2. Considérations
finales
1. Discussion
Nous voici au terme de notre rédaction qui a eu pour
thème : « les retombés de la tertiarisation sur la
croissance économique de la RDC ». L'objectif principal de
cette recherche était de déterminer l'effet ou l'influence de la
prépondérance des activités du secteur tertiaire sur la
croissance économique de la RDC.
Après une analyse empirique, il s'est
révélé que la tertiarisation a un effet positif sur la
croissance économique de la RDC mesurée par le PIB, avec un
coefficient de corrélationr = 0,9992 Ce qui implique
qu'il existe une relation linéaire positive. Il y a donc lieu de parler
de la tertiarisation de l'économie congolaise
Au regard de ces résultats obtenus, il convient donc de
le confronter aux théories émises par les différents
auteurs évoqués dans la revue de littérature et ayant
abordé ce thème. En effet, il existe deux grandes conceptions
quant à la croissance tertiaire tel que mentionné dans le premier
chapitre de ce travail. Il s'agit de la conception post industrielle et la
conception néo-industrielle. C'est sur base de ces deux grandes
conceptions que nous discutons.
a. La conception post industrielle
Selon les tenants de cette conception, la
société post industrielle suggère un changement de
paradigme dans une société donnée par rapport à
celui qui prévalait auparavant. En l'occurrence, celui-ci s'oppose au
concept de l'industrialisation, qui servait de référence au pays
industrialisés aujourd'hui unanimement consacré par la formule
« Révolution industrielle ».
Parmi les figures proues on peut citer ; Daniel Bell et
Touraine qui s'accordent à considéré que la
société post industrielle se caractérise par la
subordination des éléments matériels (matières
premières et machines) à des éléments
immatériels (connaissance et information) dans l'organisation
sociétale.
Bell associe la société post industrielle
à la montée en puissance d'éléments
immatériels (connaissances et informations) : il estime qu'une
technologie de l'intellect est appelée à succéder à
la technologie de la machine et il en voit la preuve empirique dans
l'augmentation exponentielle du secteur de services.
Plusieurs auteurs ce sont alignés derrière cette
conception. La part des activités du secteur tertiaire dans les pays de
l'OCED atteint dorénavant jusqu'à 70 à 80% du PIB des
économies développées et 40% du PIB des économies
moins avancées. [Bertran B, (2009)] révèle de son
coté des statistiques très frappants ; aux Etats-Unis,
moins de 10% travaillent dans l'industrie, en France, la part de l'industrie
est passée de 35% à 22% de 1970 à 1990 et la part de
service pour la même période est passée de 54% à 69%
pour atteindre plus de 75% aujourd'hui. Et en Suisse, la part du secteur
tertiaire est de 64%.
Dans le chapitre de l'emploi, [Petit P, (1994)] estime qu'au
Japon les activités de service représentent près de deux
tiers de l'emploi et de la valeur ajouté. En France, entre 1978 et 2008,
environ 15000 emplois sont crées dans le secteur tertiaire contre 6000
dans l'industrie [A. Screiber et A. Vicard, (2008)]. En Europe, sur quatre
villes moyennes étudiées le secteur tertiaire emploie 77 à
83% des actifs.
Pour ne citer que ceux-là, il y a lieu d'affirmer donc
que les économies les plus avancées sont des économies de
service qui s'inscrivent dans la conception post industrielle.
Par ailleurs, il appert de nos résultats de recherche
menés en RDC qui du reste est un pays moins avancé que la
tertiarisation a certes, une influence sur la croissance économique et
qu'il existe une relation linéaire entre le secteur tertiaire et la
croissance économique car le coefficient de détermination
étant positifr = 0,9992. Ce qui revient à dire
que plus les activités du secteur tertiaire sont élevées,
plus la croissance économique l'est aussi.
Ces résultats s'inscrivent donc dans la perspective de
la conception post industrielle qui soutiennent que la société
contemporaine est une société tertiaire car la part des services
y est importante et que les gains de productivités sont
élevés.
b. La conception néo-industrielle
Parmi les approches néo-industrialistes, la
théorie élaborée par Gershuny(1978) apparait comme la plus
aboutie. En annonçant et analysant l'émergence d'une
société ou d'une économie de
« self-service », il abandonne lui aussi l'idée
d'une croissance inexonerable de la demande de services.
Selon lui, plus qu'à une croissance de la demande des
services, on assisterait à une croissance de la demande des biens
manufacturés. En effet, l'équipement croissant de ménages
en biens manufacturés contribuerait au remplacement de nombreux services
(achetés sur le marché) par de solutions de
« self-service ».
Gershuny conteste donc la réalité d'une
transition post industrielle à la Bell. Selon lui, les
sociétés, et plus spécifiquement la société
Britannique, qui est l'objet de ses analyses, restent fondamentalement des
sociétés industrielles. En conclusion, pour les tenants de cette
conception, les coeurs de nos sociétés resteraient donc la
production de biens matériels assurée par le seul secteur moteur
qu'est le secteur industriel. La société industrielle
étant, dans ce conditions, toujours dominante quoi qu'en
transformation.
En effet, les approches dites néo-industrielles sont
à la fois nombreuses et variés. Cependant elles ont
néanmoins en commun de ne pas envisager les services en dehors d'une
économie à base prioritairement industrielle. Les auteurs de
cette conception mettent ou remettent l'industrie au coeur du débat.
La première s'inscrit dans la ligné de la
tradition classique initiée par Adam Smith qui, rappelons-le,
considère que les services sont improductifs. Le tertiaire est par
conséquent dans cette conception, un secteur parasitaire dont la
progression explique en grande partie les ralentissements économiques et
les crises contemporaine.
La deuxième trajectoire, tout en poursuivant à
l'hypothèse de l'improductivité des services, revêt
néanmoins une dimension moins négative. Les services
pèsent sur le fonctionnement de l'économie, mais ils sont
cependant indispensables en particulier en raison de leur capacité
à créer ou à retenir l'emploi. On parle donc de tertiaire
« refuge » ou « éponge »
(à emplois).
Enfin, la troisième trajectoire qui analyse plus en
détail les interrelations entre les services et industrie,
considère que les activités industrielles sont bien à la
base de la dynamique économique (elles sont les seules activités
motrices) mais qu'elles permettent une certaine expansion du tertiaire. Ainsi
donc, l'argument central de ce courant est que les services ne sont pas en voie
de supplanter l'industrie mais qu'ils se développent
parallèlement à elle.
Par contre, nos résultats rejettent toutes les
hypothèses de la conception néo-industrielle qui, rappelons-le
l'idée centrale est le rôle moteur attribué à
l'industrie dans la détermination de la croissance économique.
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