1.2 Une démarche
hypothético-déductive
Considérant que l'économie est une science
fondamentalement sociale, la démarche de tout travail de recherche suit
une démarche hypothético-déductive : déterminer a
priori une relation causale, ou une relation de réciprocité,
qu'il faudra démontrer en utilisant le matériau empirique et
conceptuel à sa disposition. Les sciences dites « exactes »,
au contraire, adoptent une méthode inductive, selon laquelle
l'observation conduit à la délimitation de certains faits qui,
corrélés statistiquement, contribuent à la formulation
d'une théorie [M. GRAWITS, (1996)].
L'objectif de tout projet de recherche en économie est
l'argumentation et la démonstration dans un cadre théorique et
analytique établi par « sélection » : mettre en avant
les principaux repères théoriques de la recherche dans le but de
rendre intelligible la réalité du sujet. Le « cadre
conceptuel » établi, il s'agit d'énoncer une ou plusieurs
hypothèses qui se définissent comme des propositions de
réponses anticipées et provisoires du phénomène
étudié à la question initialement posée (S.
Boutillier, A. Goguel d'Allondans, D. Uzunidis, 2005) [P. N'da, (2002)]
Le concept se définit comme une représentation
abstraite et universelle de l'objet. Dans l'affrontement et la confrontation
généralisés des théories, des démarches, des
approches, le chercheur, pour se frayer un chemin, construit son modèle
d'analyse. Il se dote d'un modèle théorique particulier
composé d'un système de concepts organisé, soigneusement
défini, et d'un nombre limité d'hypothèses liées
entre elles afin de former un ensemble cohérent.
La méthode hypothético-déductive qui sera
suivie afin d'interpréter et répondre à la question de
départ se résume par deux mots clés : observation et
déduction. Cette méthode s'apparente à une suite logique
des raisonnements étayés par l'observation, l'analyse et la
déduction.
Grawits estime que ces raisonnements économiques
orientés par la question originelle du projet de recherche empruntent
aux autres sciences des outils (par exemple mathématiques), des «
lois »-concepts (p. ex. l'évolution) ou des traitements
informationnels (par exemple cadre juridique ou historique)[M. GRAWITS,
(1996)]. Le rangement systématique des méthodes propres et des
emprunts à d'autres méthodes dans un même système et
selon une logique d'hypothèses différenciées aboutit
à la construction des paradigmes scientifiques organisateurs des
discours.
La démarche en économie est essentiellement
conditionnée par des choix paradigmatiques du fait de la coexistence de
plusieurs systèmes d'observation d'un « fait économique
», eux-mêmes définis par des a priori conceptuels [M.
GRAWITS, (1996)].
En effet, à la différence des sciences
physiques, le test, la méthode expérimentale sont impossibles.
Les causes des phénomènes étudiés ne peuvent
être isolées ; les mêmes causes n'ont pas les mêmes
effets. L'histoire peut très aisément rendre caduques les
paradigmes économiques et, du même coup, annihiler les plus
élégantes et les mieux bâties des certitudes des
économistes [J.Loubet, (2000)].
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