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Les retombées de la tertiarisation sur la croissance économique de la rdc


par Fidele Elumba Ngama
Université Officielle de Mbujimayi (U.O.M) - Licence en sciences économiques et de gestion, option : économie industrielle 2020
  

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2.3 Les enjeux de la tertiarisation d'une économie

a) Epuisement de la croissance et crainte d'une stagnation de l'activité économique

Selon l'approche néoclassique [B. Bertran, (2009)], la tertiarisation d'une économie conduit à la thèse d'un épuisement des sources de la croissance, en plaçant au centre de l'analyse la dynamique sectorielle des gains de productivité.

Cette vision est celle de Fourastié, qui évoquent « l'envahissement » de l'économie par le tertiaire et dénoncent comme une erreur toute notion d'un développement fondé sur le tertiaire tout en admettent sans difficulté que « l'absorption par les services d'une part croissante de la main-d'oeuvre freine nécessairement la productivité et la croissance globales » [J. Fourastié, (1962)]

Ce modèle est commun à celui de Bomaul [P. Petit, (1994)] qui repose sur deux bases. D'abord les gains de productivité dans le secteur tertiaire sont faibles ou nuls, et en tout cas négligeables au regard de ceux de l'industrie et même de l'agriculture.

L'exemple favori de Fourastié est celui de la coupe de cheveux. Le coiffeur d'aujourd'hui ne tond pas plus vite qu'il y a un siècle, et le coiffeur de Chicago n'est pas plus productif que celui de Calcutta [J. Fourastié, (1962)]. Ensuite la demande de services tend à augmenter à long terme, sous l'effet de la progression des revenus et de la saturation progressive des besoins en biens alimentaires, puis en biens industriels[C. Mara et Harvey, (2000)].

De là découlent plusieurs implications majeures[J. Geours, (1982)]. D'abord, le prix relatif des services par rapport à celui des biens industriels est appelé à augmenter indéfiniment, puisqu'il reflète à long terme l'écart des gains de productivité respectifs entre les deux secteurs [P. Jaccard, (1995)].En second lieu, la part des services ne peut qu'augmenter au sein du PIB et surtout au sein de l'emploi total [P. Jaccard, (1995)]. Enfin, l'alourdissement du poids relatif des services ne peut que freiner le rythme de la croissance globale par un effet de structure [M. Polèse, (1988)].

Il convient néanmoins pour[A. Bracet et J. Bonamy, (1988)] de prendre en compte deux objections à ce modèle. La première concerne une omission grave: il ne tient pas compte de l'effet de freinage qu'exerce sur la consommation des services la hausse de leur prix relatif. La seconde c'est dans la mesure où biens matériels et services sont substituables pour répondre aux mêmes besoins, les biens sont appelés à prendre le pas sur les services: c'est la thèse des partisans de l'économie de self-service (l'ordinateur remplace les services de la secrétaire, devenus trop coûteux...).

[C. Mara et Harvey, (2000)] notent par ailleurs que toute généralisation de ce type conduit à des exagérations inverses des précédentes. Dans la réalité, estime [B. Bertran, (2009)], consommation de biens et consommation de services mesurés en volume, et non plus en valeur augmentent à peu près au même rythme: une sorte de match nul, chacune des deux composantes garde toute son importance.

b) la faible contribution des services aux échanges internationaux

- Des représentations sur le dynamisme des services

Selon l'étude faite sur l'économie Française, il existe une conviction très répandue que les exportations françaises de services connaissent un essor sans précédent [A. Screiber et A. Vicard, (2008)]. Cette vision affirme [J. Dayan, (2014)] s'appuie notamment sur les bonnes performances de la France en ce domaine, qui se place souvent ces dernières années au 2e rang mondial des exportateurs de services.

[C. Tertre et P. Ughetto, (2000)] fait état de la part croissante des services avec l'émergence très visible de quelques « multinationales » dans le total mondial des investissements directs à l'étranger.[M. Debonneuil, (2017)] pense à la percée récente des échanges de services nouveaux, issus de la révolution informatique, s'adressant pour la plupart aux entreprises, et quelquefois aux particuliers.

Encore, [OCDE, (1999)] rapporte la grande hétérogénéité des échanges de services et la dynamique très contrastée qui caractérise les principaux postes en moyenne et longue périodes : un jugement objectif ne saurait se fonder exclusivement sur la progression rapide de quelques services nouveaux souvent très frappante, mais dont le poids relatif demeure encore assez faible (services d'informatiques et information) sans prendre en compte le comportement des services plus « traditionnels » comme les transports.

- La faiblesse relative des exportations de services

La part des exportations des services dans le total des exportations françaises oscille autour de 20 % [J. Dayan, (2014)]. Le rapport des exportations de services à la valeur ajoutée totale du secteur tertiaire oscille, lui, autour de 8 % sur les vingt dernières années [V. Hecquet, (2013)]

En effet, l'essor des échanges internationaux de services a seulement accompagné l'essor (rapide) du commerce extérieur de marchandises ce qui est déjà beaucoup mieux [OCDE, (2015)]. Pour sa part, [B. Bertran, (2009)] estime que l'impression souvent ressentie d'un véritable « envol » récent des exportations de services comporte une part d'exagération. Quant à Screiber et Vicard, l'idée reçue selon laquelle l'essentiel des services « s'échangent peu » (au plan international) reste globalement vraie: ils avancent que le taux d'ouverture du secteur tertiaire (rapport des exportations de services à la valeur ajoutée sectorielle: 8, 2 % en 2001) reste très inférieur à celui de l'économie nationale (rapport des exportations de biens et services au PIB: 26,2 % en moyenne pour la France entre 1998 et 2002).[A. Screiber et A. Vicard, (2008)].

Ceci résulterait selon[C. Mara et Harvey, (2000)] à un effet de structure dont le processus de tertiarisation à long terme tend à réduire, toutes choses égales d'ailleurs, c'est-à-dire indépendamment des évolutions au sein de chaque secteur, le taux d'ouverture global des économies nationales, qui constitue un déterminant important (en l'occurrence, un facteur de freinage) de la dynamique d'ouverture internationale.

Le constat de l'imbrication des activités de services dans la dynamique des échanges internationaux de biens manufacturés mais aussi de produits primaires (à travers le transport et l'innovation notamment) invite à mettre au centre de l'analyse de l'insertion d'une économie nationale dans les échanges mondiaux la notion de compétitivité globale [OCDE, (1999)]. Par cercles concentriques, [B. Bertran, (2009)] pense que les services participent au développement des échanges (du transport qui facilite l'ouverture manufacturière, aux services aux entreprises qui dynamisent l'ensemble des échanges en passant par les activités de recherche qui orientent les spécialisations).

Dès lors, le solde courant apparaît plus que jamais central pour apprécier la compétitivité, compétitivité industrielle, compétitivité des services désormais indissociablement liées [OCDE, (2015)].

c) L'hétérogénéité du secteur tertiaire

Il importe selon [B. Bertran, (2009)] de différencier plusieurs segments entre autres : le tertiaire d'intermédiation, de luxe et de survie. Letertiaire d'intermédiation (permettant la rencontre de l'offre et de la demande) s'explique par l'importance des coûts de transaction, des frais de commercialisation, de stockage et de transport dans des économies ouvertes et fragmentées en espaces peu communicants.

Quant au tertiaire de luxe, celui-ci tient à l'inégale répartition des revenus et au faible prix des revenus du travail (exemple des domestiques) ou aux rentes de situation (exemple du tourisme). Enfin, letertiaire de survie concerne certaines des activités urbaines dites informelles, depuis les petits commerces de micro détail en passant par les services des rues de restauration ou de transport. Le micro services tiennent à plusieurs facteurs: le faible coût de travail comparé aux prix des biens durables et des équipements, l'absence de prise en charge des non-productifs par des systèmes d'assurance sociale.

Par ailleurs, certains de ces services sont rendus à des personnes (services personnels); d'autres, d'entretien et de réparation, prolongent la durée de vie des biens durables et des équipements [Rapport, (1996)]. Les micros services s'expliquent par la pauvreté et par la nécessité de fractionner les produits pour des clientèles à faible pouvoir d'achat [P. Petit, (1994)].

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