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Les retombées de la tertiarisation sur la croissance économique de la rdc


par Fidele Elumba Ngama
Université Officielle de Mbujimayi (U.O.M) - Licence en sciences économiques et de gestion, option : économie industrielle 2020
  

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2.2. La remise en cause des caractères spécifiques attribués aux services

Si l'interaction entre les services et les biens ne semble faire aucun doute [J. Gradey, (1992)], estime qu'il n'en reste pas moins que les services conservent des caractéristiques qui leur sont propres[P. Cahuc et M. Debonneuil, (2004)]. Mais on peut toutefois tenter de remettre en question certaines spécificités qui leur sont trop vite et trop largement attribuées : immatérialité, intangibilité, forte valeur ajoutée, faible intensité en capital et faible productivité; ceci nous permettra d'appuyer la thèse de l'interaction entre les biens et les services et celle de leur similitude par rapport à plusieurs axes d'analyse [M. Braibant, 1982)].

En effet, si l'on considère que les services contiennent une part importante de valeur ajoutée, il se pose alors le problème de savoir si ce sont des activités sans amont[Camal GALLOUJ et Faridah DJELLAL, (2004)]. D'après les arguments présentés précédemment, ce n'est pas le cas pour bon nombre d'entre eux, ce qui rejoint la critique portée à l'égard de leur immatérialité. Le pourcentage de la valeur ajoutée ne constitue pas un critère absolu permettant de distinguer la production de biens et celle de services affirme [Lengelle, (1966)].

Selon Hill (1977), cité par [C. Linchtenstein (1993)], l'idée que les services sont éphémères et sans substance parce que ce sont des biens immatériels apparaît comme une erreur pernicieuse. Par ailleurs, l'utilisation de la valeur ajoutée comme mesure de la production des services ne renseigne pas sur la véritable valeur pour l'utilisateur du service dispensé [StGeours, (1982)].À côté de l'importance de la valeur ajoutée, les services se voient généralement attribuer une faible intensité en capital [J. Gradey, (1992)].

S'il est vrai que le tertiaire « traditionnel » possède un coefficient de capital relativement faible par rapport aux activités industrielles, il n'en est pas de même pour plusieurs activités de services «modernes» : la croissance de la part du tertiaire dans l'économie s'accompagne d'une croissance de sa consommation de capital[OCED, (2015)]. C'est particulièrement le cas de la santé, de l'éducation et des télécommunications dans l'économie Québéquoise [Rapport, (1996)]. Ce critère d'intensité du capital met en évidence des disparités existant à l'intérieur de ce secteur, ainsi que le lien entre croissance de l'activité économique et croissance de l'investissement [J. Geours, (1982)].

Enfin, les services se trouvent caractérisés par une faible productivité, [P. Cahuc et M. Debonneuil, (2004)],ce qui peut alors apparaître comme étant une des causes majeures du ralentissement de la productivité globale de l'économie[Vincent Hecquet, (2013)], ou par une productivité présentant de considérables diversités selon les activités de services [Rapport, (1996)].

Par ailleurs, les activités tertiaires ne donnant pas lieu à la fabrication des produits, on ne peut donc pas utiliser le critère de productivité physique[J. Geours, (1982)].Il faut donc utiliser la productivité en valeur au prix du marché ou au prix des facteurs[P. Cahuc et M. Debonneuil, (2004)]. Le fait de recourir à la valeur tend toutefois à renforcer le caractère d'immatérialité et d'intangibilité propre à la plupart des services, ce qui n'apparaît pas très satisfaisant [C. Linchtenstein, (1993)].

Pour [C. Mara et Harvey, (2000)] le problème est donc de savoir comment mesurer l'output et la productivité d'un individu exerçant une activité tertiaire. L'objectif est alors pour cet auteur de mesurer l'importance des facteurs qualitatifs dans l'appréciation des activités de services. Certes le progrès technique étant plus élevé dans l'industrie, c'est là une cause essentielle de l'augmentation relative du nombre d'emplois tertiaires [J Fourastié (1963)].

A en croire certains auteurs [P. Cahuc et M. Debonneuil, (2004)], pour certaines activités tertiaires la productivité croît plus rapidement sinon plus que pour l'ensemble de l'économie. La raison doit en être recherchée du côté de la demande estime [A. Bracet et J. Bonamy, (1988)]. Dans des travaux particuliers sur la productivité du tertiaire Fuchs(1968), on remarque que la part de l'accroissement de la productivité due à la main-d'oeuvre (amélioration des qualifications) est d'autant plus importante que le «produit» tertiaire est immédiatement consommé [J. Gradey, (1992)].

Du reste la valeur d'usage du service avance [J. Gradey, (1992)], ne dépend pas seulement de celui qui le procure, mais également de celui qui le reçoit ou le sollicite ou, bien souvent, du rapport entre ces deux agents. De leur coté, Eiglier et Langead (1979) cité par [J. Gradey, (1992)], estiment que la qualité du service rendu dépend de l'interaction entre le prestataire et le client. Certains voient ainsi, dans l'industrialisation extrême du service, l'unique moyen d'améliorer la productivité du tertiaire.

Ainsi, Kutscher et Mark (1983) cité par [J. Geours, (1982)] revelent que la hausse de la croissance de la productivité notée dans les services ne serait pas différente de celle observée dans les activités produisant des biens et l'hypothèse du transfert d'emploi dans les services comme responsable de la faible productivité ne serait pas fondée [C. Linchtenstein, (1993)]. Toutefois, la caractéristique que l'on prête généralement à la productivité du tertiaire impose une limitation sévère pour faire des activités tertiaires un pilier de la croissance ; il faut de ce fait garantir une croissance «autonome» de la demande de services d'autant plus importante que les gains de productivité n'apparaissent qu'au-delà d'un certain seuil de croissance [A. Bracet et J. Bonamy, (1988)].

L'hypothèse retenue ici est fondée sur le développement des activités de services aux entreprises, dans la mesure où il semble possible de dégager des gains de productivité plus importants en raison surtout de la division du travail entre firmes [C. Tertre et P. Ughetto (2000)].

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry