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Les retombées de la tertiarisation sur la croissance économique de la rdc


par Fidele Elumba Ngama
Université Officielle de Mbujimayi (U.O.M) - Licence en sciences économiques et de gestion, option : économie industrielle 2020
  

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Conclusion partielle

Ce chapitre a été consacré au fondement général de l'étude. La première sections'est basée sur le cadre conceptuel du sujet en définissant les concepts opératoires. La tertiarisation entendue comme une montée en puissance des activités des services dans une économie donnée.

La deuxième section quant à elle a abordée l'état de l'art théorique et empirique de la tertiarisation. A la lumière de cette dernière, deux conceptions se dégage sur la croissance tertiaire ; la première dite post industrielle qui soutient le rôle prépondérant des services sur la croissance économique et la deuxième dite néo-industrielle qui reconnaît l'industrie comme le moteur de la croissance.

CHAPITRE II : LES FAITS STYLISES DE LA TERTIARISATION

Introduction partielle

La tertiarisation des économies a souvent été analysée comme un phénomènede désindustrialisation devant mener, à terme, à une économie de services.L'analyse des limites de cette approche permet de contester l'idée d'unedissociation stricte entre secteur industriel et secteur des services.En réalité, ces deux secteurs sont fortement connectés et l'une des caractéristiquesmajeures de l'évolution des économies développées est plus précisément la croissance des services à l'industrie, ce qui permet de soutenir l'idéeque les économies avancées restent des économies de service.

Les difficultés d'analyse du phénomène de «tertiarisation» des économiesdéveloppées proviennent de la délicate caractérisation de ce que l'on appellegénéralement «le tertiaire». En effet, ce dernier n'apparaît pas comme unsecteur au sens strict du terme, mais plutôt comme un ensemble d'activitéshétérogènes.Le fondement commun de ces activités est de ne pas produire de biensmatériels, mais de fournir un produit «intangible», difficilement mesurable.

Le présent chapitre nous présente les principaux traits caractéristiques du secteur tertiaire ainsi que les différentes analyses de la tertiarisation.

Section 1 : Le fondement trisectoriel

Société tertiaire et tertiarisation sont deux expressions qui mettent en relief des formes particulières d'organisation économique et sociale [A. Barcet et J. Bonamy (1988)], et la terminologie «primaire, secondaire et tertiaire» remonte au début des années 30 [C. Linchtenstein (1993)]. C'est à partir du moment où la part des activités non agricoles et non industrielles va dépasser celle des activités industrielles qu'est élaborée la théorie des trois secteurs [J. Fourastié (1963)].

[C. Linchtenstein (1993)] note que Fisher est le premier auteur, bien que la paternité en soit souvent conférée à C. Clark, à avoir dégagé trois étapes principales dans la société, à partir de l'observation des habitudes de dépenses des individus ; cette observation lui permet de généraliser ce qui doit arriver quand des sociétés pauvres pensent pouvoir dépenser plus que ce qu'elles dépensaient auparavant [J.De Bandt et Petit (1992)]. Partant de cette observation, il définit trois étapes qui successivement sont complémentaires par rapport au développement économique.

Selon Clark qui a formulé cette loi, toute économie suit le schéma suivant : « dans un premier temps le secteur secondaire se développe rattrape puis dépasse le secteur primaire, il devient le plus important et la population active du secteur primaire diminue au profit du secondaire (exode agricole puis rural) » [P. Jaccard, (1995)].

Figure 1 : La loi de trois secteurs selon Colin Clark

Source : [P. Jaccard, (1995)]

Dans le type d'analyse proposé par C. Clark (1914) nous fait savoir [P. Jaccard (1955)], à mesure que le temps passe et que les communautés atteignent un stade plus avancé de développement économique, la main-d'oeuvre agricole tend à décroître par rapport à la main- d'oeuvre industrielle qui, elle-même, tend à décroître par rapport aux effectifs employés dans les services. Partant de l'analyse de Clark qui se réfère alors à W. Petty qui en 1691, se demandant pourquoi le revenu des Hollandais de son temps était plus élevé que celui des Anglais, avait trouvé l'explication dans le fait que, pour une plus forte part, les Hollandais vivaient de l'industrie et du commerce [M. Lengelle (1966)].

Ainsi, les activités économiques sont-elles divisées en trois catégories (Fisher, 1935 et 1945). La première catégorie comprend le travail agricole et minier qui a pour objet direct la production des aliments et des diverses matières premières. La seconde recouvre les industries de transformation sous toutes leurs formes. La troisième, enfin, est composée du reste, c'est-à-dire d'un vaste ensemble d'activités consacrées à la fourniture de «services» allant des transports au commerce, en passant par les loisirs, l'instruction, la création artistique et la philosophie [P. Jaccard (1955)].

On constate alors que l'emploi et les investissements n'ont cessé de glisser des activités primaires essentielles et sans lesquelles la vie, même sous les formes les plus primitives, serait impossible, vers les activités secondaires et tertiaires. Le glissement de la main-d'oeuvre vers les productions secondaire et tertiaire, révélé par les statistiques, est l'inéluctable conséquence du progrès économique : l'un ne va pas sans l'autre [M. Lengelle (1966)].

[C. Linchtenstein (1993)] note que le terme tertiaire fut inventé avec l'objectif de la construction d'un schéma conceptuel qui pouvait aider à analyser des domaines de l'activité dans lesquels, à un moment donné, une croissance rapide devait étroitement s'harmoniser avec les exigences du progrès économique.

C. Clark cite W. Petty : «il y a beaucoup plus à gagner par l'industrie que par l'agriculture et beaucoup plus par le commerce que par l'industrie. Nous pouvons constater qu'à mesure que le commerce et les «arts curieux» se développent, l'agriculture doit décliner, ou bien les salaires agricoles doivent augmenter et les rentes foncières diminuer en conséquence» [P. Jaccard (1995)] .

Dans son ouvrage, C. Clark (1914) qualifie les remarques de W. Petty de «loi de Petty» et explique que le degré de prospérité d'un pays est en relation directe avec la répartition de ses travailleurs dans les trois secteurs généraux de la vie économique [C. Linchtenstein (1993)] . Plus la proportion est forte dans le secondaire et surtout dans le tertiaire, plus le progrès économique et sociale est manifeste [P. Jaccard (1995)] . Dans le prolongement des analyses sectorielles, d'autres types de travaux créent un élément nouveau : le découpage sectoriel doit s'appuyer sur le progrès technique [J Fourastié (1963)].

Ainsi, [M. Lengelle (1966)] considère les définitions précédentes comme des énumérations purement formelles. C'est un choix alternatif qui est pris, basé sur le degré d'intensité du progrès technique dans les diverses activités[C. Linchtenstein (1993)] . Le primaire se trouve caractérisé par un progrès technique modéré, le secondaire, par un progrès technique plus rapide et le tertiaire, par un progrès technique négligeable, voire inexistant [J Fourastié (1963)].

Fugure 2 : La transformation structurelle en fonction de FourastiéSource : [J. Fourastié, (1963)]

Cette figure illustre les pourcentages de l'économie d'un pays constitués par différents secteurs. La figure montre que les pays ayant un niveau de développement socio-économique plus élevé tend à avoir moins d'économie composée de secteurs primaire secondaire et tertiaires. Les pays les moins développés présentent le modèle inverse.

La répartition des effectifs entre les trois secteurs progresse à travers les différentes étapes, comme suit, selon Fourastié.

1° Phase : les civilisations traditionnelles

Quotas de main-d'oevre

· Secteur primaire : 65%

· Secteur secondaire : 20%

· Secteur tertiaire : 15%

Cette phase répresente une société qui n'est pas encore très dévéloppée scientifiquement, avec une utilisation négligeable des machines. L'état de dévéloppement correspond à celui des pays Européens au début du Moyen âge ou celui d'un pays en dévéloppement moderne.

2° Phase : la période de transition

Quotas de main d'oevre

· Secteur primaire : 40%

· Secteur secondaire : 40%

· Secteur tertiaire : 20%

Pendant cette phase, un plus grand nombre des machines sont déployées dans le secteur primaire, ce qui réduit le nombre de travailleurs nécessaire. En conséquence, la démande pour la production de machines dans le secteur secondaire augmente.

La voie ou la phase de transition commence par un évenement qui peut être identifié avec l'industrialisation : la mécanisation à grande echelle, (et donc l'automatisation) de fabrication, telle que l'utilisation de bandes transporteuses. A cette phase, le secteur tertiaire commence à se dévélopper, tout comme le secteur financier et le pouvoir de l'Etat.

3° Phase : les civilisations à majorité tertiaires

Quotas de main-d'oeuvre

· Secteur primaire :10%

· Secteur secondaire : 20%

· Secteur tertiaire : 70%

Les secteurs primaire et secondaire sont de plus en plus dominés par l'automatisation et la demande de main-d'oeuvre baisse dans ce secteurs. Il est remplacé par les demandes croissantes du secteur tertiaire.La situation correspond maintenant aux sociétés industrielles moderne et à la société du future, au service ou à la société post-industielle.

Aujourd'hui, le secteur tertiaire a pris une telle ampleur qu'il est parfois divisé en secteur quaternaire fondé sur l'information et même en un secteur quinaire fondé sur les services à la personne [J. Bouchez, (2012)].

De manière générale, un critère sûr pour reconnaître le tertiaire repose sur l'identité du rendement du travail dans l'espace [J.De Bandt et Petit (1992)]. En effet, la constance dans le temps entraîne une constance dans l'espace. Telle est la propriété fondamentale du tertiaire : le rendement du travail y est le même dans tous les pays [J. Geours (1982)]. Toute fois, l'utilisation du progrès technique a pour objectif d'introduire des critères d'homogénéité dans le secteur tertiaire, considéré jusqu'ici comme résiduel et fortement hétérogène [J Fourastié (1963)].

II.1.1Les grandes caracteristique du secteur tertiaire

1.Les activités

Le secteur tertiaire se distingue des secteurs primaire et secondaire par la nature de ses activités [M. Debonneuil (2017)]. Le tertiaire s'étend ainsi des services de distribution comprenant le commerce, le transport et la communication, aux services sociaux comme ceux de la santé, de l'éducation, des services publics administratifs et des activités à but non lucratif, en passant par les services aux entreprises tels que les services financiers, l'immobilier, l'ingénierie ou encore le conseil, et l'HORECA, les activités culturelles et récréatives et la réparation de véhicules ou encore les services personnels qui regroupent les services domestiques [Rapport ICDD (2009)].

Dans nos régions industrialisées, le secteur tertiaire est le secteur économique qui a connu la plus forte croissance en termes d'emplois et produit le plus de valeur ajoutée depuis les années septante [Rapport OCDE (2015)]. Il a donc hautement contribué à la croissance économique globale et à l'absorption au moins partielle des pertes d'emplois enregistrées dans les secteurs primaire et secondaire (industriel) [M. Lengelle (1966)].

[C. Linchtenstein (1993)] affirme que l'économie en général est confrontée depuis plusieurs années à des changements structurels qui ont favorisé l'expansion des activités du secteur tertiaire, il cite entre autre :

- l'organisation industrielle évoluent vers une externalisation de certains services autrefois internes tels que le conseil juridique, la comptabilité, etc.

- les technologies de l'information et de communication qui ont bénéficié d'un progrès technologique considérable, ce qui a permis de démultiplier les capacités d'échange et l'exploitation d'information, d'images et de sons.

- La dérégulation et l'ouverture à la concurrence d'un certain nombre de marchés tels que l'énergie, les transports, les services financiers, etc.

Malgré leur importance, les branches d'activité composant le secteur tertiaire restent méconnues en raison de leur hétérogénéité mais aussi de l'absence de données [M. Debonneuil (2017)]. Mais par contre l'évolution des services marchands est la mieux appréhendée mais le comportement des branches qui les composent est peu analysé [C. Linchtenstein (1993)] .

2. Les produits

Selon [B. Bertrand (2009)], le secteur tertiaire se caractérise par l'hétérogénéité, la périssabilité ainsi que l'intangibilité de ses prestations. Une précision non de moins de taille est celui de [J.De Bandt et Petit (1992)] Qui disent que les secteurs primaire et secondaire se concentrent sur la production des biens, le secteur tertiaire regroupe l'ensemble des services marchands ou non-marchand, individuels ou collectifs.

Cette dichotomie entre biens et services n'est cependant pas évidente dans la mesure où la production des services consiste parfois à réaliser un produit standardisé commun à plusieurs consommateurs et consommable en différé, comme c'est le cas pour la production de services médias [D. Cohen (2001)].

En outre, [M. Lengelle (1966)] ajoute que la production des biens manufacturés fait également intervenir des activités de services tels que la recherche et le développement ou le marketing. [M. Debonneuil (2017)] fait savoir que ces dernières sont considérées comme des activités de service lorsqu`elles sont réalisées par des entreprises dont c'est l'objet principal. Elles sont par contre assimilées à des activités industrielles quand elles sont réalisées par des entreprises dont l'objet premier est la production industrielle [Rapport ICDD (2009)].

1.3 Les acteurs

[B. Bertran (2009)] conclut que la diversité et l'hétérogénéité des activités du secteur tertiaire mènent inévitablement à une multitude de fournisseurs de services diversifiés du point de vue de leur mode d'organisation. Pour [J.De Bandt et Petit (1992)] les types d'entreprises impliquées dans la fourniture de services sont très diversifiés. Ils vont de l'individu travaillant pour son propre compte, qui fournit une prestation de service, à l'entreprise multinationale opérant à l'échelle mondiale. Toutefois, la grande majorité des entreprises engagées dans le secteur des services sont de petites structures locales.

En outre, les acteurs du secteur tertiaire font partie à la fois du secteur public et du secteur privé [Rapport ICDD (2009)]. Les clients du secteur tertiaire sont également diversifiés. Ils vont du particulier aux entreprises en passant par les collectivités [C. Linchtenstein (1993)]. Le secteur tertiaire sert en réalité souvent d'intermédiaire entre les différents secteurs d'activités [P. Jaccard (1995)].

Selon le [Rapport OCDE (2015)] il existe donc 4 catégories de services : les services aux producteurs, les services de distribution, les services aux particuliers et les services sociaux.

· Les services aux producteurs interviennent en tant que consommation intermédiaire dans des activités de production ultérieure. Ils consistent souvent en de la sous-traitance de services qui pourraient être effectués en interne. Ce sont donc, par exemple, les services aux entreprises, les services financiers et assurances et les services immobiliers (les activités d'immobilier et de location servent d'intermédiaire entre le secteur de la construction et les utilisateurs des bâtiments).

· Les services de distribution font intervenir des produits, de l'information et des individus. Ce sont les commerces de détails et de gros, les transports et la communication. Par exemple, les activités de commerce remplissent un rôle d'intermédiaire entre les industries manufacturières qui produisent les biens et les clients finaux tels que les particuliers. Les activités de transport, d'entreposage et de communication font également le lien entre les fournisseurs de biens intermédiaires, les producteurs et les distributeurs vers le consommateur final.

· Les services aux particuliers sont caractérisés par un contact direct entre le consommateur et le prestataire de services. Ce sont les services hôtel, restaurant et café, les activités récréatives et culturelles, les services domestiques et les autres services aux particuliers.

· Les services sociaux se caractérisent par un statut généralement non-marchand. Ce sont les administrations, les soins de santé, l'éducation et les services sociaux divers.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle