3.3. Investir dans la recherche
Par ailleurs, l'investissement dans la recherche est
nécessaire. La France regorge de talents à l'image des 8 prix
Nobel scientifiques et des 16 médailles Fields obtenus437.
L'Enseignement Supérieur de la Recherche (ESR) en IA jouit par ailleurs
d'une forte notoriété438. Néanmoins, le budget
R&D français n'est aujourd'hui qu'au 6e rang
mondial439 et la fuite des cerveaux est un grand frein au
développement de la recherche européenne. Cette fuite s'accentue
d'autant plus que la frontière entre la recherche privée et
publique devient poreuse et que les GAFA créent des centres de recherche
où ils recrutent ces mêmes chercheurs. Le rapport Villani
émet des recommandations à cet égard : doubler les
salaires de début de carrière des chercheurs, créer un
supercalculateur pour pouvoir initialiser les IA ainsi qu'un cloud
privé capable de stocker ces données440.
Sur le plan européen, l'investissement dans le domaine
de l'intelligence artificielle s'élève à 3,2 milliards
d'euros en 2016, contre 12,1 milliards aux États-Unis et 6,4 milliards
en Chine441.
3.4. Encourager l'innovation
Enfin, l'investissement dans des secteurs clés doit
être conséquent pour stimuler l'innovation. C'est le cas du
domaine des Deeptech, synergie d'acteurs publics et privés dans
des technologies complexes, dont l'intelligence artificielle fait partie. Les
Deeptechs d'aujourd'hui sont les GAFA de demain442, ce qui
explique cet investissement important dans ces technologies de rupture alors
que leur risque d'échec est plus important443. En cinq ans,
les investissements mondiaux dans ce secteur ont augmenté de 5,5%. Or,
si la France est aujourd'hui le deuxième pays Européen en termes
de capitaux investis444, ces investissements
435 F. Montaugé, G. Longuet, op. cit., p. 64
436 Ibid., P. 64
437 D. Boujo, BPIfrance, « Génération
Deeptech », janvier 2019, p. 15
438 C. Villani, « Donner un sens à l'intelligence
artificielle », mars 2018, p.73
439 D. Boujo, BPIfrance, « Génération
Deeptech », janvier 2019, p. 15
440 C. Villani, « Donner un sens à l'intelligence
artificielle », mars 2018, p.89
441 Commission Européenne, « Whitepaper, A European
approach to excellence and trust », 19 février 2020, p.4
442 D. Loye, Les échos entrepreneurs, « Les deep
techs d'aujourd'hui sont les prochains Gafa », 12 mars 2020
443 Ou disruptives
444 D. Boujo, BPIfrance, « Génération
Deeptech », janvier 2019, p. 23
- 75 -
Le régime de lege feranda
représentent 4% des investissements américains
en 2017445. Pour pallier ce retard, la BPI France a
créé un plan DeepTech et investit 775 Millions
d'euros446 dans ce secteur clé pour accompagner et financer
les projets innovants. Le programme s'élève à 1,35
milliards d'euros sur cinq ans447.
En parallèle, le gouvernement a mis en place un plan
sur l'intelligence artificielle qui vise à investir 1 milliard d'euros
supplémentaires448.
L'Union européenne a également investi
massivement. Toutefois, les 20 milliards d'euros d'investissement prévus
ne font pas l'objet d'un contrôle précis449.
Si ces conditions sont réunies, l'Europe pourra se
placer en leader de l'intelligence artificielle éthique. Cela passe par
exemple, par le design des plateformes, atout de différenciation. Selon
la CNIL, « ces outils [de design] sont donc à-même de se
muer en leviers de soft power particulièrement efficaces, puisqu'ils
façonnent l'univers numérique à l'image des grandes
plateformes450 ». Dès lors, le design doit
être conforme aux principes de privacy by design et de
privacy by default et peut en ce sens être un atout de
différenciation éthique.
|