4- Le dénouement
Le dénouement est l'ensemble des éléments
de résolution, qui mettent un terme aux actions et conduisent à
la situation finale. En tant que quatrième étape du schéma
narratif, il prépare à la dernière réponse( la fin)
à cette série de questions dans lesquelles se traduit tout
l'intérêt d'une lecture.
Cette avant-dernière étape du schéma
narratif est présente dans les trois ouvrages sans exception. Bien que
les trois textes partagent le même noeud ( la névrose), toutefois
les dénouements étaient tout à fait distincts. Pour sa
part, Huysmans opte pour un dénouement tragique dans le sens où
la névropathie de son héros atteint son paroxysme:
«la maladie reprit sa marche ; des
phénomènes inconnus l'escortèrent. Après les
cauchemars, les hallucinations de l'odorat, les troubles de la vue, la toux
rêche, réglée de même qu'une horloge, les bruits des
artères et du coeur et les suées froides, surgirent les illusions
de l'ouïe[...] Rongé par une ardente fièvre, des Esseintes
entendit subitement des murmures d'eau, des vols de guêpes, puis ses
bruits se fondirent en un seul qui ressemblait au ronflement d'un
tour»3
L'avant-dernier chapitre (XV) marque une
détérioration de l'état physique et psychique du
héros, qui laisse présager une fin funeste. Le dénouement
choisi corrobore la linéarité du
1 Ibid. P.46
2 Jean LORRAIN, op.cit, P.95
3 Joris-Karl HUYSMANS, op.cit, P.229
48
récit puisqu'il n'apporte pas un élément
de surprise: on s'attend que l'abus des expérimentations mène le
personnage à sa perte.
Le dénouement dans l'ouvrage de Gourmont correspond
à la phase de séparation des deux amoureux. En effet,
l'avant-dernier chapitre consiste en une lettre d'adieu de Sixtine
«Adieu.[...]comment je suis partie ? Ah! ne me le demandez pas, je ne le
sais plus, --mais c'est irrévocable»1. Le
dénouement, à l'image de celui d'À Rebours,
s'avère fortement poignant, ce choix n'est pas gratuit dans le sens
où cet amour raté serait la métaphore de l'impossible
aboutissement de l'intrigue. Pareillement à L'ouvrage huysmansien,
l'affliction régnante sur le dénouement vise à renforcer
d'autant plus le cercle vertigineux du roman.
Le dénouement dans Monsieur de Phocas est le
plus funeste dans le sens où il coïncide avec le meurtre. Lorrain
choisit d'intensifier la tension dramatique dans l'avant-dernier chapitre (
XXXIV Le meurtre)«je me levai, dressé[...]je heurtai le chaton de
ses bagues à l'émail de ses dents, et j'y brisai en trois coups
l'émeraude vénéneuse»2. Le
dénouement est le moment le plus fort dans l'oeuvre de Lorrain dans la
mesure où le héros passe pour la première fois à
l'action. Tout le long du texte, le duc de Fréneuse mène une vie
passive: doublement soumis, il a dû endurer les pénibles moments
des crises nerveuses et obéir en même temps les instructions du
Claudius Ethal. Lorrain conclut de libérer son personnage et de rompre
avec sa passivité même si sa liberté coûtait un
meurtre.
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