2. La conception marxiste des Droits de l'Homme
La conception marxiste des Droits de l'Homme se retrouve aux
antipodes de la conception libérale de Droits de l'Homme. Elle est une
conception difficile à cerner. Sa difficulté nait, en effet, du
fait qu'elle est d'une grande complexité susceptible d'impressionner
toute approche simpliste.
La conception marxiste des Droits de l'Homme utilise presque
le même terme que la conception libérale des Droits de l'Homme :
la liberté. Mais la notion de liberté dans ces deux conceptions
n'a pas la même acception. La conception marxiste part du principe que la
liberté n'est pas à l'homme. Elle est une conquête dont la
réalisation est fonction des transformations de la
société, d'une révolution sociale. L'homme se doit de
lutter pour assurer la garantie de sa liberté, puisque selon Marx, il
est sous la domination d'un ensemble de réseaux de déterminismes
façonnant ses idées et sa compréhension des choses. Car il
est produit de sa condition sociale de l'existence. C'est en remettant en
question celle-ci qu'il va accéder à la liberté
réelle. De ce fait, la conception marxiste des Droits de l'Homme est
lecture critique de la conception libérale des Droits de l'Homme dans la
mesure où celle-ci ne favorise pas l'épanouissement des Droits de
l'Homme, mais constitue une véritable limitation et une
hypothèque pour la cristallisation réelle de ces des droits. Le
libéralisme s'inscrit dans une perspective consistant à propulser
l'individualisme égoïste, qui est une menace pour le
développement du sens du bien commun, et peut provoquer une
déchirure des liens sociaux. Donc, il est susceptible de détruire
tout sentiment d'appartenance à une communauté humaine. Il
fragmente la société. Aussi est-il perçu comme un danger
éminent pour la vraie matérialisation des Droits de l'Homme. Car
ils ne peuvent pas se réaliser dans une société
fragmentée, déchirée et inégalitaire.
3. La conception communautariste des Droits de
l'Homme
Le communautarisme est un concept sociologique qui a
été créé aux Etats-Unis dans les années
1980. En effet, la création de ce concept rentre dans le cadre d'une
nouvelle conception philosophique de l'homme par rapport à un ensemble
de valeurs susceptibles d'harmoniser ses relations avec la communauté.
Le communautarisme sert à designer une philosophie dite
"communautarisme" affirmant que l'individu n'existe pas indépendamment
de ses appartenances :
Rédigé et soutenu par Carnes
Belle-vil/Ecole de Droit de Jacmel(EDJ) Page 50
2019
Approche des droits sociaux en Haïti au regard de
la constitution haïtienne de 1987 et des conventions internationales et
leurs applications effectives de 1988 à nos jours.
culturelles, ethniques, religieuses ou sociales. Il s'agit
d'une conception qui accorde la préséance au groupe, à la
communauté. Transposée dans le domaine des Droits de l'Homme,
cette conception met l'accent sur la nécessité de saisir ces
derniers non pas de manière individuelle, mais de manière
collective. De ce point de vue, Le Vicomte de Bonald avance pour dire que :
« L'homme n'existe que pour la société, la
société le forme pour elle-même35 ».
C'est cette conception des Droits de l'Homme qui prévaut en Afrique,
surtout avec la création de la Cour Africaine des Droits de l'Homme et
des Peuples. Cependant, cette conception est très critiquée. Dans
la perspective du professeur Y. Madiot, elle présente deux
caractéristiques fondamentales : « Une condamnation de
l'individualisme, une glorification de l'Etat et l'affirmation des devoirs et
des obligations de l'individu36 ». Ces
caractéristiques même sont considérées comme une
menace pour la liberté individuelle. Dans ce cas, l'individu se trouve
obligé d'hypothéquer une partie de sa liberté au profit
des intérêts de l'Etat. Et aussi, les droits d'un individu
risquent de devenir différents en fonction de son appartenance à
telle ou telle communauté, fondée sur une religion, une ethnie,
etc.
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