2.2.4.2 De la migration secondaire africaine en
général à la migration secondaire spécifique de
quelques pays africains vers Canada
Les immigrants au Canada sont des étrangers à
qui le statut de résident permanent a été accordé
(DEMIG ,2015). Les flux de ces immigrants se catégorisent en flux
entrants et flux sortants. Les données présentées ici ne
concernent que les flux entrants car les flux sortants ne sont pas disponibles.
Partant de ces flux entrants, la figure 17 nous permet de saisir lesquels des
immigrants africains au Canada sont effectivement nés en Afrique,
lesquels sont venus de l'Afrique vers le Canada et enfin lesquels gardent
encore la nationalité d'un pays africain.
De ce fait, les migrants africains directs sont ceux qui sont
nés en Afrique et dont le dernier pays de résidence se trouve en
Afrique. Les migrants africains indirects ou migrants secondaires africains
sont ceux qui sont nés en Afrique mais qui ont résidé dans
un pays autre que les pays Africains, 12 mois avant la collecte de
données, avant d'atterrir au Canada. Comme pour les Etats-Unis, ces
migrations secondaires africaines au Canada sont "incomplètes" parce
qu'on ne sait pas identifier les pays de dernière résidence avec
les données Demig (2015). Ces migrants secondaires africains sont
déduits de la différence entre ceux qui sont nés en
Afrique et ceux qui viennent de l'Afrique, d'il y a 12 mois avant la collecte
de données. Soulignons que la fiabilité de ces données est
liée à la qualité des instituts / bureaux de statistiques
des pays et à la méthode de collecte utilisée -prise en
compte ou non des résidents temporaires et les demandes d'asile à
certaines périodes outre les résidents permanents - (Demig,
2015).
Pour l'estimation de la migration secondaire africaine, les
données aberrantes23 après 1965 ne sont pas prises en
compte. Les données sur la citoyenneté ne sont disponibles
qu'après 1974. Ces résultats ne sont que des estimations et
méritent d'être pris avec beaucoup des pincettes.
23 Il n'est pas logique que les immigrants
africains qui ont résidé dans un autre pays que les pays
africains soient plus nombreux que ceux qui sont nés en Afrique et qui
résident au Canada. Il y a sans doute quelques erreurs de
déclarations de la part des instituts de statistiques ou erreurs
occasionnées par le changement de la méthode de mesure
utilisée avec le temps ; ce qui rend impossible la comparaison entre
pays.
42
Il ressort de la figure 17 deux réalités
différentes, celle d'avant et d'après 1963. Avant 1963, le nombre
des migrants secondaires africains était très faible parce que
l'intensité de la migration directe entre l'Afrique et le Canada
était forte. Cette intensité peut s'expliquer par les troubles
politiques, crises humanitaires/économiques qui ont
émaillées les pays africains en quête de
souveraineté / indépendance. Les années d'après
1963 se caractérisent par une augmentation spectaculaire du nombre des
migrants secondaires africains au Canada, conséquence d'une
augmentation, par année, du nombre des immigrants au Canada qui ont
résidé dans un pays autre que les pays africains avant d'atterrir
au Canada. Cette augmentation des migrants africains en général
(COB) et migrants secondaires africains en particulier (COB-COR) au Canada
seraient probablement liée à un fort besoin de la main d'oeuvre,
à une forte demande d'asile et à la mobilité de plus
instruits et aisés en termes de revenus.
En outre, l'évolution décroissante du nombre des
migrants africains qui gardent leur nationalité de naissance avec le
temps pourrait s'expliquer par la naturalisation de plusieurs d'entre-deux des
suites de la durée de résidence sur le sol Canadien.
Figure 17. Flux des immigrations africaines et migrations
secondaires africaines au Canada
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Où
? COR Africa représente les immigrants africains qui
ont résidé en Afrique avant d'arriver au Canada.
? COC Africa représente les immigrants africains au
Canada qui gardent encore leur nationalité d'origine
? et COB Africa, les migrants africains au Canada, nés
en Afrique.
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Source: Auteur à partir de données Demig ,
2015.
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Par ailleurs, la fig. 17 identifie les migrants secondaires
africains mais ne saisit pas la migration secondaire effective par
nationalité au Canada. Pour la migration secondaire effective par
nationalité au Canada, nous présentons par la suite les quatre
figures (fig.18) correspondant aux quatre flux des immigrations africaines
spécifiques au Canada. Il s'agit explicitement des immigrations
Sud-africaines, Ghanéennes, Egyptiennes et Marocaines. Le choix
porté sur ces quatre pays se justifie par la qualité de leurs
données. Ces données
43
couvrent la période de 1956 à 1979 en
général même si pour chaque pays, les données ne
sont pas disponibles à toutes les dates. Nous présentons les
données uniquement à des périodes où les
informations sur les pays de naissances (COB) et les pays de dernière
résidence (COR) ont été collectées afin de
déduire les migrations secondaires effectives par nationalité.
L'analyse de ces figures révèle une tendance
presque similaire dans tous ces quatre pays et ne se dissocie pas de la
réalité africaine sus-évoquée (fig.17). Il ressort
clairement qu'avant 1963, peut-être parce que les données
relatives à la dernière résidence n'étaient pas
collectées -sauf en Afrique du Sud-, la logique de la migration
était directe. Après 1963, le nombre des migrations directes et
indirectes dans ces quatre pays n'a fait qu'augmenter des suites de
l'augmentation de la mobilité en générale. Les proportions
des migrations secondaires par nationalité au Canada ont atteint de pic
d'intensité différente, à des périodes
différentes (1969-70 pour les sud-africains, 1976 pour les
ghanéens, 1967-68 pour les Egyptiens et Marocains) même si la
tendance à la fin de l'année 1979 était soit stationnaire
soit à la baisse.
Figure 18. Evolution des migrations secondaires de quatre flux
par nationalité au Canada
![](Partir-ou-rester--Intention-dmigration-secondaire-des-migrants-africains-vivant-en-Belg20.png)
44
Legende
COB: Country of Birth (Pays de naissance) COC: Country of
Citizenship (Pays de citoyenneté) COR: Country of Residence (Pays de
residence) Migrations secondaires (différence entre COB et COR)
Pour ce qui est de la citoyenneté, il se dégage
qu'avec le temps, les immigrants originaires de ces quatre pays sont de moins
en moins nombreux à garder leur nationalité à la
naissance/citoyenneté. Il me paraît intéressant de dire :
Ils sont nombreux ceux qui sont nés dans ces pays-là
(COB) mais moins sont encore citoyens de ces pays-là (COC).
Ces écarts peuvent s'expliquer par la naturalisation de
ces migrants au Canada - pour les migrants directs- ou ailleurs avant
d'atterrir au Canada - pour les migrants secondaires-.
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