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La prolifération des organisations d'intégration régionale en Afrique. Complémentarité ou concurrence?


par Marie-Bénédicte GABA
Université d'Abomey-Calavi - Licence d'administration générale 2010
  

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Paragraphe 2 : Les objectifs de la coordination

L'option de régulation qui découle du traité d'Abuja, est celle de « l'intégration économique par étapes » ou plus précisément du « fédéralisme par

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agrégation »43 qui entraîne en théorie selon Georges Scelle, plus que la subordination des communautés régionales, la spécialisation et à terme le compartimentage de leurs actions. C'est ce que nous proposons de manière plus explicite dans les lignes à suivre.

A. La redéfinition des missions des organisations

Pour des besoins de rationalisation des ressources limitées des Etats africains, et pour justifier leur finalité, les organisations africaines gagneraient à être authentiques dans leurs ambitions et originales dans la définition de leurs priorités. Ce qui revient à admettre qu'elles ne puissent pas piloter des projets identiques ou similaires, comme c'est actuellement le cas.

La redéfinition des missions que nous proposons permettra de résoudre les problèmes de duplication des programmes. Même si nous ne pouvons proposer la disparition de certaines organisations au profit d'autres, cette redéfinition ne permettra peut-être pas de réduire automatiquement le nombre d'organisations, mais de voir beaucoup plus clair dans le rôle de chaque acteur ; la multiplicité étant particulièrement difficile à gérer du fait du flou entretenu dans la définition d'objectifs précis.

B. La spécialisation des organisations

Cette spécialisation, que nous préconisons, découle naturellement de la redéfinition qu'auraient opérée les organisations.

Dans cette nouvelle conception du cahier de charge des organisations, la CEN-SAD pourrait laisser aux bons soins des communautés économiques régionales qui s'attèlent déjà dans les cinq grandes sous-régions, les objectifs purement économiques, monétaires et commerciaux, comme par exemple la création d'une zone de libre échange. En revanche, lui échoueront désormais des buts spécifiques et pertinents comme la lutte contre la sécheresse et les effets de la désertification, la sécurité alimentaire, ou encore la construction dans l'espace

43 Scelle (G.) , Manuel de droit international public, Paris, Domat-Monchrestien, 1948, pp.32-33.

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sahélo-saharien d'infrastructures routières. Mais l'efficacité qui impose cette délimitation des compétences de la CEN-SAD, ne va pas sans une redéfinition de la cartographie de son espace communautaire.

Par ailleurs, en se fondant sur le critère géographique déterminé par le traité d'Abuja et dans l'esprit de la communauté d'ancrage, on pourrait définir par sous-région un chef de file des intégrations sous-régionales. Par exemple, en Afrique de l'Ouest, l'intégration ouest-africaine serait menée par la CEDEAO44. En plus d'elle, et toujours dans l'esprit du schéma d'ancrage, on définira deux autres grands sous-ensembles ; ce qui permettra une répartition des activités pour une meilleure efficacité et une accélération du processus au niveau sous-régional.

Ainsi, la CEDEAO tout en coordonnant les activités des deux autres regroupements, s'occupera principalement des questions politiques telles gouvernance, démocratie, maintien de paix, sécurité. Une des deux autres organisations pourrait être l'UEMOA puisque étant suffisamment active et s'intéresserait aux questions purement économiques et monétaires compte tenu de ses remarquables progrès dans ce domaine. Elle se chargera donc de la mise en place du marché commun à travers les questions relatives au commerce, transport, énergie, télécommunications, et de la monnaie commune de la région.

La seconde s'occupera de la gestion des questions à caractère social telle la santé, l'éducation, la promotion du genre.

Ces trois grands regroupements se chargeront de l'absorption des petits sous-ensembles régionaux s'occupant généralement de la coopération dans des domaines spécifiques et qui contribuent fortement à entretenir le flou sur le processus d'intégration en Afrique.

44 Puisqu'elle l'organisation qui a vocation à terme d'être l'unique dans la sous-région ; elle-même le stipule clairement dans l'article 2 de son traité révisé : « par le présent traité, les Hautes Parties Contractantes... et décident qu'elle sera à terme la seule Communauté Economique de la Région aux fin de l'intégration économique et de la réalisation des objectifs de la Communauté Economique Africaine. »

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus