B- Les modalités de la coordination
Aujourd'hui le système de rationalisation se base sur
l'étude de différents scénarii qui permettra d'aboutir au
choix d'un modèle de rationalisation et donc de coordination et
d'harmonisation des CER.
La lenteur du processus d'intégration actuel ainsi que
les problèmes auxquels sont confrontés les CER exigent que leur
fonctionnement soit rationalisé. La rationalisation doit être
comprise comme étant la recherche d'une solution effective et durable
à la prolifération des CER, à la duplication de leurs
projets et programmes, au déficit en ressources humaines et
financières et à l'augmentation du cumul des
arriérés de contribution.
Si l'unanimité semble être faite sur la
nécessité de la rationalisation, le choix de l'approche s'affirme
être déterminant pour une relance effective de
l'intégration. Après avoir présenté les
différentes approches de rationalisation, nous tenterons une analyse
pour dégager celle qui nous paraît la plus appropriée.
42 La 1ère conférence(CAME1) tenue
les 30 et 31 mars 2006 à Ouagadougou, au Burkina Faso a établi,
à travers une Déclaration, une liste de huit Communautés
Economiques Régionales (CER) en Afrique, au lieu de sept CER
initialement reconnues. La 2ème Conférence des
Ministres Africains de l'Intégration (COMAI II) qui a eu lieu les 26 et
27 juillet 2007, à Kigali, au Rwanda, a recommandé de transmettre
l'étude sur la rationalisation des CER et le questionnaire y relatif aux
Etats membres, à charge pour ceux-ci de demander au secteur
privé, à la société civile et aux autres parties
prenantes, d'envoyer leurs commentaires à la Commission de l'Union
Africaine. Le point des observations et recommandations reçues a
été présenté par la Commission au cours de la
3ème Conférence des Ministres Africains de
l'Intégration, tenue les 22 et 23 mai 2008, à Abidjan, en
Côte d'Ivoire.
69
Réalisé et soutenu par
MarieBénédicte GABA
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
1- Les scénarii du maintien du statu quo et
du traité d'Abuja :
· Maintien du statu quo
Selon cette approche, la situation reste inchangée et
toutes les communautés économiques régionales et les
agences intergouvernementales continuent d'exister sous leur forme actuelle,
certaines d'entre elles couvrant plus de deux régions comme c'est le cas
de la CEN-SAD et du COMESA. Ce chevauchement éliminerait les
frontières régionales et pourrait être
considéré comme un facteur favorable à
l'intégration et par effet de polarité pourrait conduire à
l'intégration continentale. Cette approche aura pour conséquence
la dislocation des marchés régionaux et également
d'empêcher la réalisation des synergies attendues du processus
d'intégration. Elle n'apporte donc véritablement pas de solutions
aux problèmes et aux effets négatifs de la multiplicité
des groupes régionaux, de la dispersion et de l'effritement des
ressources et de l'absence de convergence. Cette situation est celle qui est
observée depuis l'avènement de l'UA et dont les limites ont
été démontrées.
Elle ne permet pas non plus de lutter contre la fragmentation
des espaces régionaux, affaiblissant le pouvoir de négociation
des pays africains incapables de se constituer en un bloc régional
solide.
· Maintien des principes du Traité d'Abuja,
mais avec un calendrier abrégé
Ce scénario permettrait de mener le processus de
rationalisation conformément à la Résolution CM/464 de la
vingt-sixième session des Ministres de l'OUA divisant l'Afrique en cinq
communautés régionales, Afrique du nord, Afrique de l'Ouest,
Afrique Centrale, Afrique de l'Est et Afrique Australe, et de suivre les
étapes définies dans le Traité d'Abuja
Les avantages de ce scénario sont qu'aucune institution
ne devra être dissoute et que la réalisation de l'étape de
l'union douanière dans les régions résoudrait
automatiquement le problème de l'appartenance à deux
groupements
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Réalisé et soutenu par
MarieBénédicte GABA
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
et celui du chevauchement. Ce scénario
accélérerait également le processus d'intégration
consacré dans la Déclaration de Syrte.
2- Le scénario de la rationalisation par la
communauté d'ancrage
Ce scénario appelle l'harmonisation dans chaque
sous-région, conformément au traité d'Abuja d'une
entité commune, qui sera la communauté. Tous les Etats membres
d'une sous-région donnée prépareront et mettront en oeuvre
leurs politiques dans les domaines du transport, de la communication, de
l'industrie, de l'agriculture, de l'énergie, de l'éducation, de
la science et technologie, du commerce, de la monnaie et des finances ainsi que
les domaines du maintien de la paix, de la sécurité et de la
défense en une grande entité qui servira d'interface. Les autres
entités sous-régionales serviront alors d'institutions techniques
ou spécialisées. En d'autres termes, les pays devront incorporer
toutes leurs activités d'intégration dans une communauté
unique. Cela s'applique aux activités liées à la mise en
place d'une zone commerciale unique ; d'une union douanière, d'un
marché commun, d'unions monétaires et d'une union
économique et monétaire.
Les avantages de ce scénario sont qu'il favorise la
visibilité de la communauté, l'utilisation efficace des
ressources humaines et financières, l'augmentation de la taille du
marché, pour ne mentionner que ceux-là. La réussite de ce
scénario dépend d'une décision politique concernant le
choix de la communauté d'ancrage.
A l'analyse des différents schémas, celui qui
nous paraît le plus évocateur est celui de la communauté
d'ancrage qui est une solution alternative entre les deux premiers
schémas. C'est dans cette optique que nous proposons les solutions
développées dans les prochaines lignes.
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