Section II : Les enjeux pour le Bénin
Il s'agira dans cette section, tout en présentant les
nombreux avantages dont bénéficie le Bénin dans le
processus d'intégration, d'analyser la complémentarité
fort encourageante de certaines de ces organisations. Cette
complémentarité permettra aujourd'hui à notre pays de
tirer plus de profit de la coopération sous-régionale (paragraphe
1).
Il sera également aborder l'impact de la
présence du Bénin dans certaines organisations dont les
politiques plutôt concurrentielles, pourrait contrarier son appartenance
à d'autres organisations (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Une complémentarité
bénéfique pour le Bénin
En dehors des petits sous-ensembles régionaux
spécialisés, le Bénin est aujourd'hui membre de trois
grandes organisations intergouvernementales dont deux(2) des huit
communautés officiellement reconnues et une communauté
économique sous-régionale (CESR). Ces différentes
organisations opèrent dans une perspective de
complémentarité de l'UA au plan sous-régional.
En effet, le rapprochement des Etats relève
globalement, du point de vue continental ou régional, de l'Union
Africaine, alors que par sous-région, l'intégration est du
ressort des communautés économiques régionales.
Nos différents entretiens avec les cadres de la DIR
nous ont permis de constater qu'une certaine synergie s'installe plus
précisément entre la CEDEAO et l'UEMOA pour réduire les
risques de normes contradictoires et de duplication inutile de programmes. Ces
efforts tendent à harmoniser ainsi les projets intégrateurs de
ces organisations. L'UEMOA compte 8 pays. Mais, ils sont également tous
membres de la CEDEAO. Cela paraît très avantageux pour ces huit
pays de construire une telle harmonisation qui permettra à l'avenir
d'éviter
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Réalisé et soutenu par
MarieBénédicte GABA
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique: complémentarité ou concurrence?
les risques de conflits de lois et de juridictions, la
gestion d'une multitude de règles, de décisions et même de
réunions.
Cette complémentarité se traduit dans les faits
par l'harmonisation de leurs programmes et projets intégrateurs.
L'exemple le plus significatif est celui de mise en place du Tarif
Extérieur Commun par ces 2 institutions.
Après avoir exposé les intérêts
qui pourraient découler de la mise en place d'une politique
complémentaire entre les organisations (A), nous nous appesantirons sur
l'exemple de la CEDEAO et de l'UEMOA dans une telle dynamique (B).
A- Les intérêts de la mise en place de
politiques complémentaires
La complémentarité entre les organisations
suppose une coordination entre elles, mais surtout une harmonisation des
règles. Il est incontestable de reconnaître que les deux outils
d'intégration que sont la CEDEAO et l'UEMOA poursuivent globalement les
mêmes objectifs. Il est loisible de constater également que leurs
différents projets s'inscrivent dans des sens identiques. Certes
l'espace géographique d'application n'est pas le même, mais la
CEDEAO englobe l'UEMOA. C'est donc à juste titre que, face à
cette situation, Wilfried Kakpo parle, de l'importance de la question de
l'opportunité d'un tel modèle d'intégration. Une
observation attentive des réalisations de ces institutions montre que le
dédoublement des programmes est d'une réalité
incontestable et dans ce cadre, le processus d'harmonisation des règles
communautaires en Afrique de l'Ouest détient toute son
originalité, poursuit-il21.
Ainsi, l'harmonisation permettra aux Etats de résoudre
plusieurs problèmes liés à leurs adhésions
multiples aux organisations tels les conflits de lois et de juridictions et la
gestion des multiples réunions. En effet, la tenue dans une même
période de séminaires ou conférences pourrait laisser
transparaître un
21 Cf. Kakpo Wilfried,
Contribution à l'étude de la complémentarité
entre la CEDEAO et l'UEMOA, Mémoire de fin de cycle I, Diplomatie
et Relations Internationales, Enam-Bénin, Cotonou, Février 2009.
P. 3233
57
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en Afrique:
complémentarité ou concurrence?
manque de synergie et une absence de stratégie de la part
des institutions. Nous pouvons prendre ici un exemple sur la CEDEAO et
l'UEMOA.
En effet, s'est tenue à Cotonou dans une même
période et sur des sujets identiques deux séminaires. Il s'agit
du séminaire sur « la libre circulation des personnes et des biens
dans l'espace UEMOA » qui a eu lieu à Cotonou les 04 et 05 novembre
2008 et de la conférence sur « la libre circulation des personnes
et des biens dans l'espace CEDEAO» tenue toujours à Cotonou du 18
au 20 novembre 2008.
De même, les Cours de ces deux institutions peuvent
être en conflit face au règlement des litiges puisqu'étant
compétentes dans des domaines similaires22.
A cela s'ajoutent les risques de conflit de normes eu
égard à la panoplie de textes mis en place par ces
institutions.
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