Pour des raisons stratégiques et politiques, de
nombreux pays africains sont membres de plus d'une communauté
économique régionale. Si leurs structures sont
différentes, toutes les communautés économiques
régionales visent, en réalité, un même objectif,
à savoir la création d'un vaste espace économique
commun.
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MarieBénédicte GABA
La prolifération des organisations
d'intégration régionale en
Afrique:
complémentarité ou concurrence?
Malheureusement, la toile inextricable résultant de la
coexistence de plusieurs organisations soulève d'une part des
problèmes considérables de coordination et d'harmonisation de
leurs politiques et programmes (A) et d'autre part des problèmes quant
aux multiples appartenances des Etats à ces organisations (B).
En l'absence de coordination, il est peu probable que les
communautés économiques régionales puissent faire avancer
l'intégration continentale.
Ce manque de coordination est imputable aussi bien à
l'organisation continentale qu'aux organisations sous-régionales.
Au niveau de l'UA, l'on constate une défaillance dans
son rôle de suivi et de régulation à l'égard des
organisations régionales d'intégration. Cette défaillance
se justifie principalement par une absence de communication entre ces
dernières et l'organisation continentale. En principe, depuis le
traité d'Abuja de 1991 c'est à l'UA que revenait principalement
la mission de coordination des organisations africaines. Cela est d'autant plus
vrai qu'elle-même le stipule expressément dans son Acte
Constitutif qui dispose en son article3§l que les objectifs de l'Union
sont entre autres, de « coordonner et harmoniser les politiques entre les
communautés économiques régionales existantes et futures
en vue de la réalisation graduelle des objectifs de l'Union ».
Des mécanismes existent, mais ne sont malheureusement
pas efficaces. En effet, consciente des difficultés nées de
l'appartenance des Etats à différentes communautés et du
chevauchement des programmes de ces communautés, l'Union africaine a
adopté avec les principales communautés économiques
régionales un protocole sur leurs relations ayant pour objectif la
rationalisation de l'intégration régionale à
l'échelle continentale. Ce protocole vise plus précisément
le renforcement de la coopération entre les communautés
économiques régionales, notamment à travers la
coordination et l'harmonisation de leurs politiques, mesures, programmes et
activités. Ce protocole a créé deux
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La prolifération des organisations
d'intégration régionale en Afrique:
complémentarité ou concurrence?
organes de coordination à savoir le Comité des
responsables de secrétariats et le Comité de coordination.
Mais, malgré l'existence de ces comités, le
constat reste le même. Les efforts déployés par ces organes
restent sans succès. Cela par la faute même des
communautés. En effet, la participation aux réunions des deux
organes de coordination est souvent faible17 et laisse ainsi peu de
place au débat sur les progrès accomplis dans la coordination ou
l'harmonisation des politiques et programmes. Par ailleurs l'absence de
structures de coordination officielles entre l'Union africaine et chaque
communauté économique régionale, limite davantage les
échanges d'informations et rend les deux organismes inefficaces.
Aussi, dans le but de renforcer l'efficacité de la
coordination sur le plan continental, les relations entre les
communautés économiques régionales et les principaux
comités doivent faire l'objet d'un examen rigoureux.
Au niveau des communautés, ce manque de coordination
se traduit par l'absence d'un véritable cadre de concertation entre
elles. Cela s'explique entre autres par un déficit du réseau de
communication entre elles.
Les communautés économiques régionales
ont fait des efforts pour mettre en place des mécanismes pour coordonner
leurs activités. Il s'agit notamment des mémorandums d'entente,
des réunions de coordination périodiques, des échanges
d'information réguliers, une programmation commune, des examens de
programmes et des comités de mise en oeuvre communs. L'utilisation de
tous ces mécanismes est néanmoins limitée. Selon un
rapport de la Commission des Nations Unies pour l'Afrique, environ 40% des
communautés économiques d'une même région utilisent
des mémorandums d'entente, moins de 20% examinent leurs programmes en
commun et moins de 30% ont une programmation commune et mènent des
activités conjointement. Les mécanismes de coordination qui
existent n'ont pas de base réglementaire et n'ont pas force
exécutoire. En conséquence, la moitié seulement des
17 Le Comité des
responsables de secrétariats s'est réuni cinq fois en cinq ans,
mais toutes les communautés n'y ont pas participé.
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Afrique:
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programmes et des activités d'une région
donnée sont coordonnés et, même dans ce cas, les
résultats escomptés n'ont pas été obtenus.
Aujourd'hui, se basant sur les organisations dont le
Bénin est membre, seules la CEDEAO et l'UEMOA s'activent effectivement
dans la mise en place d'un véritable cadre de concertation pour la
coordination et l'harmonisation de leurs politiques et programmes. Ce qui
permettra à leurs membres d'éviter la dispersion inutile de leurs
efforts collectifs.