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La prolifération des organisations d'intégration régionale en Afrique. Complémentarité ou concurrence?


par Marie-Bénédicte GABA
Université d'Abomey-Calavi - Licence d'administration générale 2010
  

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B- Chevauchement d'objectifs et parallélisme des domaines d'intervention

La multiplicité des organisations engendre de nombreux problèmes. L'un des premiers grands reproches faits à ces organisations est la similitude de leurs objectifs qui entraine de fait la similarité de leurs projets intégrateurs. Selon un rapport de la commission économique des Nations Unies pour l'Afrique, la mise en oeuvre de programmes similaires dans différentes communautés économiques régionales constitue une des grandes contraintes qui pèse sur les actions d'intégration dans le continent. Sur les 12 principaux programmes mis en oeuvre par les communautés économiques régionales en Afrique de l'Ouest par exemple, au moins 9 se retrouvent ailleurs. Les programmes d'intégration dans les domaines du commerce, des marchés, de l'agriculture et de la sécurité alimentaire sont menés par trois des quatre communautés économiques régionales. Malgré les différentes actions menées dans les domaines du commerce et des marchés, les échanges au sein des communautés économiques régionales de l'Afrique de l'Ouest sont très limités. Les neuf programmes d'intégration en Afrique de l'Ouest auraient probablement pu être envisagés de façon harmonisée avec une

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seule communauté économique régionale s'occupant d'une question donnée, tout en couvrant l'ensemble de la région16.

Aussi la majorité des communautés économiques régionales du continent reconnaissent-elles que le double emploi pose problème, notamment pour les programmes destinés à faciliter les échanges et les programmes d'intégration du commerce et des marchés.

1- Des objectifs similaires

De l'organisation continentale aux regroupements sous-régionaux, l'intégration prônée par les Etats poursuit globalement des objectifs identiques. Ces objectifs se fondent sur les différentes étapes du processus d'intégration. Ainsi, les organisations visent une intégration économique totale par la création d'une zone de libre échange ; d'une union douanière ; d'un marché commun ; et enfin d'une union économique. Ces différentes étapes appellent une coopération dans tous les domaines de la vie socio-économique des Etats.

Ces objectifs peuvent se résumer en les points suivants :

· la promotion de la coopération et l'intégration dans la perspective de la mise en oeuvre d'une union économique globale en vue d'améliorer le niveau de vie des populations ;

· l'accélération de la croissance économique ;

· la contribution au progrès et au développement du continent africain.

Plus spécifiquement, il s'agit de :

· l'harmonisation et la coordination des politiques nationales et la promotion de projets notamment dans tous les domaines (agriculture, énergie, commerce, finance, santé ...) en vue de la création d'une union économique ;

· la création d'un marché commun à travers la libéralisation des échanges (par l'élimination entre les Etats, des droits de douane à

16 Commission des Nations Unies pour l'Afrique, Etat de l'intégration régionale en Afrique II : rationalisation des CER ,Addis-Abeba, Ethiopie, 2006; page XVIII

 
 
 
 

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l'importation et à l'exportation des marchandises et la suppression des barrières non tarifaires en vue de la création d'une zone de libre échange) ;

· l'établissement d'un Tarif Extérieur Commun et d'une politique commerciale commune à l'égard des Etats tiers ; la suppression des obstacles à la libre circulation des personnes, des biens et capitaux, aux services, au droit de résidence et d'établissement.

· la création d'une union monétaire ;

· la promotion d'entreprises communes par les organisations du secteur privé.

Ces objectifs sont globalement ceux des organisations d'intégration notamment celles dont le Bénin est membre, et se retrouvent dans les actes et traités constitutifs desdites organisations.

Ainsi, l'article 3 de l'Acte constitutif de l'UA définit les objectifs de celle-ci. Il s'agit entre autres de la promotion du développement durable aux plans économique, social et culturel, ainsi que de l'intégration des économies africaines.

Ces objectifs sont repris dans plusieurs traités des organisations mais avec des dimensions sous-régionales. A titre illustratif, nous retiendrons les traités de la CEDEAO, de l'UEMOA et de la CEN-SAD.

En effet, aux termes de l'article 3(paragraphe 1) du traité révisé de la CEDEAO « La communauté vise à promouvoir la coopération et l'intégration dans la perspective d'une Union économique de l'Afrique de l'Ouest en vue d'élever le niveau de vie de ses peuples, de maintenir et d'accroître la stabilité économique, de renforcer les relations entre les Etats membres et de contribuer au progrès et au développement du continent africain ». Le paragraphe 2 de l'article décline cet objectif général en objectifs spécifiques qui englobent la coopération dans tous les domaines économique, social et culturel.

Ces mêmes objectifs sont réaffirmés dans le traité modifié de l'UEMOA, à la seule différence qu'ici l'on ne vise pas l'union monétaire qui est déjà réalisée de

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fait : « a) renforcer la compétitivité des activités économiques et financières des Etats membres dans la cadre d'un marché ouvert et concurrentiel et d'un environnement juridique et rationalisé. b) assurer la convergence des performances et des politiques économiques des Etats membres par l'institution d'une procédure de surveillance multilatérale. c) créer entre les Etats membres une marché commun basé sur la libre circulation des personnes, des biens, des services, des capitaux et le droit d'établissement des personnes exerçant une activité indépendante ou salariée, ainsi que sur un tarif extérieur commun et une politique commerciale commune .d) instituer une coordination des politiques sectorielles nationales, par la mise en oeuvre d'actions communes et éventuellement de politiques communes notamment dans les domaines suivants : ressources humaines, aménagement du territoire, transports et télécommunications, environnement, agriculture, énergie, industrie et mines. e) harmoniser, dans la mesure nécessaire au bon fonctionnement du marché commun, les législations des Etats membres et particulièrement le régime de la fiscalité ».

La CEN-SAD reprend également ces objectifs à son profit en affirmant en son article 1er : « l'établissement d' une union économique globale basée sur une stratégie à travers un plan de développement complémentaire avec les plans nationaux de développement englobant l'investissement dans les domaines agricole, industriel, énergétique, social et culturel... »

Plusieurs autres organisations reprennent ces objectifs mais beaucoup plus partiellement. C'est le cas du Conseil de l'Entente qui à travers son Fonds de Garantie des emprunts s'intéresse beaucoup plus aux questions financières ; ou encore l'Autorité du Bassin du Niger(ABN) qui investit certes dans l'économie mais beaucoup plus spécifiquement dans le domaine de l'agriculture et du développement rural.

2- Du parallélisme des sentiers intégrateurs

Ces objectifs communs sont à la base du développement d'activités parallèles.

Ainsi par exemple, dans le domaine agricole, aujourd'hui différents projets sont élaborés aussi bien dans le cadre de la CEDEAO, de l'UEMOA que de la

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CEN-SAD. Il s'agit notamment de la Politique Agricole Commune de le CEDEAO (PAC) ; de la Politique Agricole de l'UEMOA(PAU) et de la politique régionale de la CEN-SAD en matière d'agriculture, à travers le Programme Grande Muraille Verte de la CEN-SAD. Ces programmes élaborés et mis en oeuvre dans le domaine de l'agriculture et de la sécurité alimentaire n'ont pas permis au continent de développer une politique d'auto-suffisance alimentaire et surtout de faire face la crise alimentaire qu'il connaît depuis quelques temps. Il y a manifestement une dispersion inutile d'efforts qui ralentit l'intégration.

Plusieurs autres programmes sont développés de manière simultanée par ces organisations dans tous les secteurs de la vie socio-économique à savoir le commerce, le transport, les télécommunications, l'énergie, les mines, la santé, l'éducation, la culture, et pourtant leurs effets ne se ressentent particulièrement pas dans l'évolution du processus d'intégration économique du continent.

Dans un tableau réalisé à partir des traités, acte et mémorandum de création des organisations mais aussi d'ouvrages spécialisés, nous récapitulons les grandes lignes du phénomène sus-décrit. (Voir annexe n°1).

Le chevauchement et la duplication des projets observés trouvent leur fondement dans l'insuffisance voire l'absence de coordination entre les organisations. Mais comment expliquer ce défaut de coordination ? Et comment est-ce-que les Etats en général et le Bénin en particulier gèrent-ils leurs multiples appartenances eu égard à tous les problèmes soulevés par cette multiplicité d'organisations ?

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