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Urbanisme et santé


par ERIC Omar MOUSTAQIL
Institut d'urbanisme de Lyon - Master 2 Urbanisme et aménagement 2020
  

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Comment l'urbanisme peut-il s'inscrire dans une démarche préventionnelle pour limiter le tout-médical ? 1 8 | 1 4 8

III- Ville pathogène54: Émergence de nouvelles épidémies

(maladies chroniques)

Nous traitons dans cette partie de différentes problématiques de santé conséquentes à l'organisation urbaine moderne. Dans cette partie, en accord avec la constitution de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS)55, nous définissons donc la santé comme un état de complet bien-être mental, physique et social, et non comme une absence de maladie ou d'infirmité. Nous développerons cet aspect dans une partie suivante, et nous concentrons sur les problématiques en respect avec la définition de l'OMS.

La ville est une espèce d'écosystème en perpétuel développement56. En 2050, 68 % de la population mondiale habitera en milieu urbain. Aujourd'hui on en recense 55%., soit deux individus sur trois qui habiteront probablement en ville, selon de nouvelles données des Nations Unies. Ce qui indique que près de 2,5 milliards d'individus pourraient éventuellement s'être additionnés aux milieux urbains d'ici quelques décennies, du fait des évolutions et de la croissance démographiques d'ordre général, a précisé le Département des affaires économiques et sociales de l'ONU (DESA).57

Ces prévisions de l'Organisation des Nations Unies (ONU) montrent à quel point les villes sont sources d'attrait. La vie urbaine apporte de nombreux bienfaits à l'homme : les services sanitaires, éducatifs, sociaux et financiers sont plus faciles d'accès qu'à la campagne. La vie communautaire peut être épanouissante et enrichissante socio-économiquement. L'environnement urbain est varié, stimulant et favorable aux nouvelles opportunités.

54 Cette partie est tirée des travaux de : P. Boino (IUL), OMS, Anthony J. McMichael, etc.

55 OMS, « La Constitution a été adoptée par la Conférence internationale de la Santé, tenue à New York du 19 juin au 22 juillet 1946, signée par les représentants de 61 Etats le 22 juillet 1946 (Actes off. Org. mond. Santé, 2, 100) et est entrée en vigueur le 7 avril 1948. Les amendements adoptés par la Vingt-Sixième, la Vingt-Neu_vième, la Trente-Neuvième et la Cinquante et Unième Assemblée mondiale de la Santé (résolutions WHA26.37, WHA29.38, WHA39.6 et WHA51.23) sont entrés en vigueur le 3 février 1977, le 20 janvier 1984, le 11 juillet 1994 et le 15 septembre 2005 respectivement; ils sont incorporés au présent texte ».

56 BOINO, Ville et santé: Portée et limites d'une construction objectivée des problèmes publics-M1 Urbanisme et aménagement -Dynamiques urbaines- 2020- Institut d'Urbanisme de Lyon (IUL) Université Lyon 2- 75 pages.

57 OMS, « 2,5 milliards de personnes de plus habiteront dans les villes d'ici 2050 ». art. déjà cité

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En revanche, les villes sont souvent dépersonnalisées, asservissantes, voire inquiétantes.58 L'environnement urbain moderne combine industrialisation, surpeuplement, production de déchets et densité des systèmes de transport. Ces facteurs sont aggravés par la pauvreté périurbaine et la pauvreté des quartiers déshérités, la sédentarité et une temporalité désavantageuse. La conception et l'organisation du milieu urbain ont toujours été pensées à travers une vision pragmatique axée sur le tout économique : transport rapide pour acheminer la marchandise et la force du travail dans une temporalité optimale, déforestation, urbanisation incontrôlée, industrialisation des centres-villes, et construction de l'outil de production à côté de l'habitat, etc. Cette vision capitaliste de concevoir la ville a en effet créé, d'une manière cyclique, certains dysfonctionnements, notamment en matière de santé. En tant qu'écosystème, l'environnement urbain provoque des pathologies appelées écopathies59 liées au regroupement de populations.

Selon l'OMS, ces pathologies ou maladies chroniques, aussi appelées maladies non transmissibles (MNT), émanent généralement de nos comportements, de nos modes de vie et de l'environnement notamment dans les milieux urbains. D'après l'article « Maladies non-transmissibles » de l'OMS, chaque année :

· « 41 millions de personnes en meurent, soit 71% des décès dans le monde.

· 15 millions de personnes, âgées entre 30 à 69 ans, en décèdent ; plus de 85% de ces décès « prématurés » surviennent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.

· Parmi les MNT, les maladies cardio-vasculaires causent le plus de décès : 17,9 millions, suivies des cancers (9 millions), des maladies respiratoires (3,9 millions) et du diabète (1,6 million), ces 4 types de pathologies représentant plus de 80% des décès prématurés. »60

Elles peuvent être évitées en agissant sur leurs facteurs de risques : le tabagisme, la sédentarité, la pollution, la mauvaise nutrition, le stress, etc. Ces derniers dépendent directement du mode de vie dans un milieu urbain, de la densité des transports et du bâti,

58 Anthony J. McMichael, « La Santé En Milieu Urbain : Conséquences de La Mondialisation Pour Les Pays En Développement », Bulletin de l' Organisation Mondiale de La Santé: La Revue Internationale de Santé Publique : Recueil d' Articles 2001 ; 4 : 53-61, 2001, https://apps.who.int/iris/handle/10665/74839.

59 BOINO, Ville et santé: Portée et limites d'une construction objectivée des problèmes publics-M1 Urbanisme et aménagement -Dynamiques urbaines- 2020- Institut d'Urbanisme de Lyon (IUL) Université Lyon 2- 75 pages.

60 OMS, « Maladies non transmissibles ».

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d'une urbanisation incontrôlée, de la pollution, des inégalités sociales de santé61 en ville ainsi que de la conception et de l'organisation temporelle de celle-ci.

En effet, l'étalement urbain et la périurbanisation que les territoires ont subi, ne va pas sans impact sur l'environnement. Ils conditionnent l'usage d'un véhicule individuel motorisé, aujourd'hui incriminé de générer une pollution atmosphérique et sonore, la sédentarité des individus et, de ce fait, d'accroître le risque d'obésité. Nous considérons que l'urbanisation sous le prisme économique et par conséquent la mobilité qui résulte du temps que tout individu consacre pour satisfaire ses besoins en se déplaçant. Ainsi la morphologie urbaine dans sa conception tend à répondre à la maximisation de l'interaction entre l'appareil productif et sa main d'oeuvre. Cette tendance a pris de l'ampleur depuis les années 1970 avec la double motorisation rendue abordable au plus grand nombre. Aujourd'hui, on compte même, en moyenne, une triple motorisation. La forme urbaine de la mobilité généralisée facilite également l'expansion de ce phénomène.

III.1- La sédentarité62 dans un milieu urbain : un phénomène

épidémiologique

La sédentarité fait partie des quatre principales causes des maladies chroniques63. Elle est classée responsable d'environ de 3,2 à 5 millions de décès par an à l'échelle mondiale et de près d'un million de décès en Europe.64 En plus d'être associée fortement à l'obésité, la sédentarité est un facteur de risque considérable pour le niveau de la prévalence de nombreuses pathologies chroniques : 27 % des cas de diabète, de 30 % des cas de cardiopathie ischémique et 21 % à 25 % des cas de cancer du sein et du côlon, le diabète, l'ostéoporose, les maladies coronariennes65, etc.

61 Didier Fassin, « Un aveuglement face aux inégalités sociales de santé », entretien avec Didier Fassin, directeur d'études à l'EHESS", OBSERVATOIRE DES INEGALITES, 8 février 2008, https://www.inegalites.fr/Un-aveuglement-face-aux-inegalites-sociales-de-sante-entretien-avec-Didier.

62 Cette partie est tirée des travaux de : P. Boino (cours IUL), J. Bazex et al, L. D. Frank et al, OMS etc.

63 OMS, « Maladies non transmissibles ». art. déjà cité.

64 Idem

65 BOINO, Ville et santé: Portée et limites d'une construction objectivée des problèmes publics-M1 Urbanisme et aménagement -Dynamiques urbaines- 2020- Institut d'Urbanisme de Lyon (IUL) Université Lyon 2- 75 pages.

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De plus, selon des enquêtes, il a été observé, depuis quelques décennies, que l'activité physique a beaucoup baissé chez toutes les catégories d'âge. En effet, nous évoluons dans un monde où l'utilisation journalière de l'énergie du corps humain a beaucoup baissé. Selon certaines études, beaucoup d'individus ne prennent pas conscience de l'impact de l'inactivité physique. Cet état de sédentarité grandissant s'explique par plusieurs facteurs.

L'organisation et la conception urbaine, selon les principes fonctionnalistes, favorisent l'utilisation de l'automobile. En effet, l'étalement urbain et la périurbanisation amènent certains services à être à une distance nécessitant l'utilisation de la voiture. Par exemple, nous utilisons nos voitures pour aller aux centres commerciaux en périphérie. Nous précisons qu'il s'agit d'un choix politique de mettre en avant l'usage de l'automobile par rapport à l'utilisation des transports en commun ou d'autres moyens de transport alternatifs. Par ailleurs, l'environnement obésogène constitue généralement la conséquence de certaines formes physico-spatiales typiques de l'urbanisme moderne : faible densité d'occupation du sol, localisation des activités professionnelles dans des zones à l'écart des centres urbains, espaces verts et de loisirs actifs peu nombreux et peu accessibles, des logements en périphérie, notamment les grands ensembles etc. En effet, la conception de la ville avec les principes fonctionnalistes, rend difficiles voire impossibles, selon les lieux, les modes de vie physiquement actifs, en particulier dans un contexte socio-économique d'accélération du temps et de la conciliation travail /famille (école)/amis/loisirs. Ce qui rend l'usage du véhicule individuel plus commode.

De plus, les différentes enquêtes en France révèlent un désintéressement pour les activités physiques et sportives et les multiples mesures et politiques actuellement envisagées ne modifient pas le comportement des individus : il s'agit souvent de mesures ponctuelles, négligeant le sport pour la santé, promouvant trop souvent le sport spectacle, ne facilitant pas la pratique sportive pour tous, n'encourageant pas les éventuels pratiquants avec des installations adaptées, et par des politiques visant à minimiser les innombrables difficultés y compris financières66 , les pouvoirs publics, le corps médical, la société se trouvent devant un enjeu majeur de santé.

66 Jacques Bazex, Pierre Pène, et Daniel Rivière, « Les activités physiques et sportives -- la santé -- la société », Bulletin de l'Académie Nationale de Médecine 196, no 7 (octobre 2012): 1429-42, https://doi.org/10.1016/S0001-4079(19)31722-4.

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D'ailleurs, une heure de voiture quotidienne fait augmenter de 6 % le risque de développer de l'obésité67. Les résidents des banlieues sont, par exemple, plus à risque de surpoids en raison de l'usage généralisé de l'automobile. Les habitants des grands ensembles, de par la typomorphologie de leurs quartiers, n'échappent pas à l'éloignement des centralités et la complexité des déplacements et par conséquent la sédentarité devient une norme socioculturelle. Une étude menée à Lausanne en Suisse, démontre la problématique de la sédentarité dans les quartiers défavorisés (Cf. figure n°3).

Figure n° 3: Cartographie de la répartition spatiale de l'obésité à Lausanne

Source : https://www.letemps.ch/sciences/lausanne-obesite-une-question-quartier

Cette étude montre que ce phénomène est relatif aux questions d'urbanisme et à l'influence des systèmes sociaux et culturels du quartier.68

67 Lawrence D. Frank, Martin A. Andresen, et Thomas L. Schmid, « Obesity Relationships with Community Design, Physical Activity, and Time Spent in Cars », American Journal of Preventive Medicine 27, no 2 (août 2004): 87-96, https://doi.org/10.1016/j.amepre.2004.04.011.

68 « A Lausanne, l'obésité est une question de quartier », Le Temps, 5 janvier 2016, https://www.letemps.ch/sciences/lausanne-lobesite-une-question-quartier.

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Les quartiers concernés se situent à l'Ouest de Lausanne (en rouge sur la carte), ce sont des quartiers populaires constitués de grands ensembles, tandis que les quartiers à l'Est de la ville échappent bel est bien à ce phénomène en concentrant une population dont l'indice de masse corporel (IMC) est plus bas que la moyenne. Évidemment, quand les gens rentrent chez eux (4eme ou 5eme étage), ils n'ont plus envie de ressortir. La hauteur des bâtiments rend donc difficile la mobilité active des habitants.

Concernant le reste de la ville l'étude n'a pas observé de lien entre l'habitat et l'IMC. Selon le Docteur Idris Guessoous, membre de l'équipe de recherche, les gens qui vivent dans un territoire marqué par des coupures urbaines, notamment par des axes routiers et ferroviaires, sont généralement exposés au phénomène de la sédentarité et donc de surpoids.69

Cependant, en France, nous pouvons généralement observer ce phénomène sur des populations excentrées et loin de tout équipement et service public. Elles se trouvent souvent dans l'obligation de faire un usage trop excessif de l'automobile et moins de mobilité active et d'activité physique. De plus, nous observons l'impact du progrès technique qui a favorisé non seulement l'avènement des transports motorisés, mais également la domotique ou encore le développement des télécommunications. Cela a engendré une réduction de l'activité physique puisque les besoins peuvent être accomplis immédiatement sans bouger ou en prenant la voiture.

En parallèle, la tertiarisation de l'économie a amené une augmentation du nombre d'employés de bureau, c'est-à-dire des métiers assis une grande partie de la journée. Cela conduit également à un manque d'activité physique. En moyenne, les Européens sont assis 7h26 par jour et pour ceux qui travaillent en bureau cette moyenne est beaucoup plus élevée70. Par ailleurs, quelle que soit l'activité, l'organisation urbaine amène à une gestion particulière des temps sociaux conduisant à la sédentarité. Selon une expression populaire, il s'agit du « métro, boulot, dodo ».

Nous rappelons que la sédentarité dont les causes sont traitées ci-dessus, est un facteur des maladies cardio-vasculaires, d'accidents vasculaires cérébraux (AVC), de ruptures d'anévrisme, de problèmes de pancréas, de vaisseaux, et d'obésité, de cancers, de diabète type 2, etc. En

69 Idem, art. déjà cité

70 BOINO, Ville et santé: Portée et limites d'une construction objectivée des problèmes publics-M1 Urbanisme et aménagement -Dynamiques urbaines- 2020- Institut d'Urbanisme de Lyon (IUL) Université Lyon 2- 75 pages.

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France, en 20 ans le pourcentage d'obésité a doublé (de 6 % en 1989 à 12 % en 2011), cependant, sur la même période le pourcentage des individus en surpoids est passé de 30 % à 38 %71.

Selon l'OMS, la prééminence de l'obésité a pris une dimension « épidémique » à l'échelle mondiale depuis ces dernières décennies en doublant dans moins de 30 ans72. En effet, ce phénomène préoccupant est observé à l'échelle internationale notamment dans les pays développés (Cf. figue n°4). Ainsi en 2016, plus de 1,9 milliards d'adultes soit 40% de la population adulte mondiale étaient en embonpoint, sur ce total plus de 650 millions étaient obèses soit 13% de la population adulte mondiale.73

Selon L'OMS, cette épidémie peut s'expliquer par de multiples causes, elle n'est pas seulement le fait des choix individuels. Cependant, le développement d'un environnement « obésogène » émane principalement de l'évolution de la consommation excessive de nourriture trop riche en calories (acides gras saturés, sel et sucre) et trop faible en nutriments essentiels au bon fonctionnement du corps humain associée à une carence en activité physique74. À cela nous rajoutons que l'organisation de la ville et notamment la mobilité en son sein peut être obésogène, si elle n'incite pas les gens à l'usage de la force physique (la marche et le vélo). Ainsi les villes se trouvent face un enjeu important liant la pratique de l'activité physique à la mobilité active pour orienter leur politique d'urbanisme vers une démarche préventionnelle pour la santé.

71 Direction des Sports - Bureau de l'économie du sport, « Activité physique et sportive, santé et qualité des finances publiques », Note d'analyse (Ministère des Sports, 31 janvier 2018).

72 « Obésité et surpoids », consulté le 8 octobre 2021, https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/obesity-and-overweight.

73 « Obésité et surpoids », https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/obesity-and-overweight.

74 Direction des Sports - Bureau de l'économie du sport, « Activité physique et sportive, santé et qualité des finances publiques ».

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Figure n°4 : Évolution et projection de l'obésité dans les pays de l'OCDE

Source : Direction des Sports - Bureau de l'économie du sport, « Activité physique et sportive, santé et qualité des finances publiques », Note d'analyse (Ministère des Sports, 31 janvier 2018).

Aujourd'hui, 28% des gens seulement connaissent les dangers de l'excès de sédentarité. Elle est responsable de 4% des décès prématurés par an : c'est 433 000 décès dans le monde et 21 000 décès en France75. Cela dépasse les décès des accidents de la route. Les risques varient en fonction du temps d'inactivité : 4h d'inactivité par jour fait augmenter le risque de 2%, 8h d'inactivité par jour de +8% et 10h d'inactivité par jour : +34% de risques.76

À travers cet éclairage, nous observons donc que l'inactivité physique serait la cause principale directe de ces décès prématurés. En effet, il est prouvé scientifiquement que la relation entre l'activité physique et l'état de santé est incontestable (conSSENSUS) et ce depuis l'antiquité. Selon les résultats de l'étude de l'Eurobaromètre, réalisée en 2014 dans les 28 pays membres de l'Union Européenne, 59 % des citoyens de l'UE signalent ne pas pratiquer régulièrement une activité physique et sportive, voire « jamais » pour 42 % d'entre eux 77(Cf. figure n° 5). Cette étude érige un bilan assez alarmiste des habitudes des citoyens européens en termes d'activité physique.

75 BOINO, Ville et santé: Portée et limites d'une construction objectivée des problèmes publics-M1 Urbanisme et aménagement -Dynamiques urbaines- 2020- Institut d'Urbanisme de Lyon (IUL) Université Lyon 2- 75 pages.

76 BOINO. Doc. déjà cité

77 « Special Eurobarometer 412: Sport and physical activity - Data Europa EU », consulté le 23 octobre 2021, https://data.europa.eu/data/datasets/s1116_80_2_412?locale=en.

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Figure n°5 : La pratique de l'activité physique au sein de l'union européenne

Source : Direction des Sports - Bureau de l'économie du sport, « Activité physique et sportive, santé et qualité des finances publiques », Note d'analyse (Ministère des Sports, 31 janvier 2018).

La même étude révèle qu'en 2009 la pratique du sport d'une manière régulière avait même reculé dans l'ensemble (Cf. figure n°6) : la part des personnes déclarant pratiquer une activité physique régulière perd 5 points (13 % en 2009 contre 8 % en 2013) tandis que celle des personnes affirmant ne jamais pratiquer une activité sportive prend 8 points (34 % contre 42 %)78.

Figure n°6 : Évolution de la pratique de l'activité physique en France

Source : Direction des Sports - Bureau de l'économie du sport, « Activité physique et sportive, santé et qualité des finances publiques », Note d'analyse (Ministère des Sports, 31 janvier 2018).

78 Idem, art. déjà cité

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En sus de son influence sur la santé, la sédentarité impacte également l'économie de la santé79 puisque les coûts sont passés à 67,5 Mds à l'échelle mondiale, soit plus que le produit intérieur brut (PIB) d'un pays comme le Costa Rica, d'après une étude publiée par la revue médicale britannique « The Lancet »80. En France les coûts sont estimés à plus de 17 Mds € en 2013 : dont 13,4 Mds € en coûts directs (dépenses en santé) estimés sur la base de 25% du taux de pratique d'activité physique (Cf. figure n°7).81 Dans une publication du ministère des Sports, pour étudier les dépenses relatives à la sédentarité, on se base sur trois types de coûts 82 :

· « Les coûts directs constituent l'ensemble des prestations de services de santé. Ils sont relatifs aux hospitalisations, aux consultations médicales (généralistes, spécialistes), à la consommation de médicaments, aux dépenses d'imagerie, de biologie, de transport médical ou encore de soins infirmiers ;

· Les coûts indirects sont relatifs au recul de la productivité, lorsque les employés doivent s'absenter pour des raisons de santé, de façon temporaire (absentéisme) ou permanente (invalidité ou mortalité prématurée). Ces coûts sont calculés sur la base de la contribution que ces individus auraient pu faire à l'économie. Parmi les coûts indirects, certaines conséquences économiques ne sont en revanche que très rarement comptabilisées (travail non salarié) ;

· Les coûts « intangibles » correspondent à la souffrance physique (douleur) ou morale (peine) des individus concernés et de leurs proches. Par définition très difficiles à exprimer en termes monétaires, ils sont généralement exclus des analyses »83

79 Direction des Sports - Bureau de l'économie du sport, « Activité physique et sportive, santé et qualité des finances publiques ».

80 « L'inactivité physique coûte au monde 67,5 milliards de dollars par an », Le Monde.fr, 28 juillet 2016, https://www.lemonde.fr/planete/article/2016/07/28/l-inactivite-physique-coute-au-monde-67-5-milliards-de-dollars-par-an_4975571_3244.html.

81 Direction des Sports - Bureau de l'économie du sport, « Activité physique et sportive, santé et qualité des finances publiques ».

82 Idem, art. déjà cité

83 Idem, art déjà cité

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Figure n°7 : Estimation du coût de la sédentarité en France par type de coût et par pathologie

Source : Direction des Sports - Bureau de l'économie du sport, « Activité physique et sportive, santé et qualité des finances publiques », Note d'analyse (Ministère des Sports, 31 janvier 2018).

III.2- La densité

Les villes denses sont développées depuis longtemps pour leurs avantages. Elles sont construites selon des modèles d'urbanisation compacts qui visent à une meilleure accessibilité des services et emplois locaux, à la réduction des distances intra-urbaines et à la promotion des systèmes de transports publics. Ces aspects contribuent positivement à l'efficacité et à l'efficience des investissements en infrastructures de base, à la maîtrise de la consommation d'énergie et à la résilience face au changement climatique en réduisant les émissions de gaz à effet de serre (GES), ainsi qu'à l'accès à la connaissance et à la croissance socio-économique. En effet, la densité peut présenter des effets positifs pour l'environnement et la santé si elle est accompagnée par une mixité de fonction, ainsi qu'une organisation des déplacements actifs et en transport en commun au détriment du véhicule individuel motorisé84. En effet, la densité si elle n'est pas organisée et réfléchie peut conduire aux désastres urbains et à l'apparition et à la propagation des maladies.

De plus, le mode de vie urbain se fonde sur un système complexe : la population et les commensaux, c'est-à-dire les animaux qui vivent avec nous (puces, tiques, rats, souris etc.).

84 Aurélien BOUTAUD, Santé & environnement Décryptage - Tendances - interviews - initiatives Métropole de Lyon-Albert Lévy, Architecte urbaniste, chercheur associé LAVUE UMR/CNRS 7218, membre du Réseau Environnement Santé (interview du 15/07/2017, 2017.

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Ces derniers provoquent des maladies dites vectorielles. En effet, le fait que l'on fasse cohabiter beaucoup d'habitants et d'animaux engendre des problèmes de zoonoses (maladies transmises par les animaux). Nous avons 65 maladies en commun avec les chiens, 26 maladies avec les poules etc. La concentration liée à la densité fait donc exploser les risques d'épidémies et de pandémies (virales ou bactériennes)85.

Récemment, nous avons constaté la propagation rapide de la Covid-19 dans les grandes villes, ce qui a rouvert le débat sur la densité et les questions relatives à la santé publique. En plus de la propagation facilitée, la concentration demande une offre de soins importante. Par exemple, malgré une offre d'hôpitaux très importante dans les grandes villes comme Lyon, la ville a peiné à faciliter l'accès aux soins à un grand nombre de malades (surcharge des urgences, manque de moyens, rupture de certains produits sanitaires etc.). En effet, la densité est développée pour corriger certains dysfonctionnements relatifs à la circulation et aux flux, à la sédentarité et ses pathologies, à la pollution atmosphérique et sonore etc. Mais elle est questionnée encore une fois aujourd'hui par rapport à sa contribution dans la propagation de la pandémie Covid-19.

La période récente de pandémie a également révélé un autre phénomène, celui de l'exode urbain. Les citadins ont cherché à retourner à la campagne pour être en contact avec la nature, profiter d'espaces moins denses afin d'éviter les contaminations.

Historiquement, les villes ont connu, en accusant la densité, des problèmes similaires notamment avec le choléra qui a fait un million de morts en Russie et la peste noire qui a décimé 30% à 50% de la population mondiale86. La Covid-19 a provoqué à ce jour plus de 4,7 millions de décès à l'échelle mondiale87.

Outre les pandémies, au regard de sa morphologie dense, la ville est source d'ilots de chaleur. En effet, en premier lieu, la densité des bâtiments retient la chaleur de la journée. De plus, la densité urbaine implique une végétalisation très faible ainsi qu'une imperméabilisation des sols empêchant l'infiltration des eaux, une utilisation de matériaux à faible albédo, créant également ces ilots de chaleur. Enfin, l'utilisation de la voiture dans un milieu dense crée une

85 BOINO, Ville et santé: Portée et limites d'une construction objectivée des problèmes publics-M1 Urbanisme et aménagement -Dynamiques urbaines- 2020- Institut d'Urbanisme de Lyon (IUL) Université Lyon 2- 75 pages.

86 BOINO. Art. déjà cité

87 « Coronavirus : chiffres clés et évolution de la COVID-19 en France et dans le Monde », consulté le 6 octobre 2021, https://www.santepubliquefrance.fr/dossiers/coronavirus-covid-19/coronavirus-chiffres-cles-et-evolution-de-la-covid-19-en-france-et-dans-le-monde.

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congestion de la circulation régulière, amenant de nouveau à une production de chaleur mais également à une émission de gaz à effet de serre et une mauvaise dispersion des polluants atmosphériques liée à la morphologie dense des bâtiments et des trames viaires (rues, boulevard, chemin etc.) provoquant des maladies chroniques (respiratoires, cancers etc.). La concentration dans les zones urbaines amène souvent à une surpopulation dans ces milieux. Celle-ci génère des nuisances sonores, des comportements anxieux, des relations conflictuelles entre citadins, ainsi qu'une inadaptation potentielle des services (gestion des déchets, hôpitaux etc.) face au surnombre. La densité et l'organisation économique autour de la ville augmentent d'autres risques, entre autres, les risques industriels. Par exemple, il existe les zones SEVESO qui préviennent ce genre de risques. Historiquement, nous comptons plusieurs accidents qui ont décimé des villes et des populations : Toulouse avec l'explosion d'AZF, Tchernobyl, et récemment la double explosion du port de Beyrouth. Enfin, la concentration et la densité créent un marché immobilier très tendu apportant des inégalités d'accès au logement et aux services.

III.3- La pollution88

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard