6. Un parcours santé dans le Nord-Ouest
lausannois 6.1 Bouger au quotidien
Si les conseils favorables à la santé
sont bien connus (cinq fruits et légumes quotidiens, bouger plus, etc.)
leur application journalière n'est pas toujours aisée. Ainsi,
pour la majorité des personnes, l'exercice le plus simple à
accomplir est la marche à pied. La campagne « Lacets
» de la Ville de Lausanne a rappelé que « Marcher
c'est se dépenser ... sans dépenser », mais aussi que
dès une demi-heure de pratique quotidienne, la capacité
respiratoire est augmentée et l'entretien des muscles et des
articulations est assuré (voir annexe). L'activité physique est
un facteur essentiel pour agir non seulement sur la santé en
général mais également pour prévenir ou
atténuer certaines maladies liées au mode de vie et à la
sédentarité, comme les maladies cardiaques, l'hypertension
artérielle, le diabète, le cancer du sein et les problèmes
psychiques3.
Une étude se basant sur les données
collectées en Suisse a estimé que le manque d'activité
physique avait été potentiellement responsable de plus de 1'100
décès et de plus de 300'000 cas de maladies en 2011. Cette
étude estime par ailleurs que les coûts directs liés au
manque d'activité physique se sont montés à 1.2 milliards
de francs durant cette même année4. Ce constat fait de
la promotion de l'activité physique un objectif prioritaire de
santé publique.
Les recommandations médicales en matière
d'activité physique pour les adultes préconisent d'effectuer 150
minutes d'activités physique d'intensité modérée
par semaine ou 75 minutes d'activité physique d'intensité
élevée par semaine5. Selon l'enquête suisse sur
la santé conduite en 2012, 44% des répondant-e-s déclarent
effectuer au moins 150 minutes d'activité physique d'intensité
modérée par semaine et 28% d'autres répondant-e-s
déclarent effectuer une activité physique entraînant la
transpiration au moins trois fois par semaine6. Si l'on
considère que ces deux catégories pratiquent un volume suffisant
d'activité pour la santé, il reste 28% des répondant-e-s
qui seraient insuffisamment actifs. Les femmes, les personnes
âgées et les migrant-e-s sont en moyenne davantage
concerné-e-s par le manque d'activité physique que le reste de la
population.
3 Bize R. (2012), Promotion de l'activité
physique au cabinet médical : manuel de référence à
l'intention des médecins, Lausanne - Policlinique.
4 Mattli R., Hess S., Maurer M., Eichler K., Pletscher
M. et Wieser S. (2014). Les coûts sociaux de l'inactivité physique
engendrés en Suisse. Bulletin de l'Office fédéral de la
santé publique, 36/14, pages 587-590.
5 Réseau suisse santé et activités
physique (
HEPA.ch).
6 Office fédéral de la statistique (OFS)
(2012). Enquête suisse sur la santé 2012 : Vue d'ensemble
publication ID : 5353.
Rapport-préavis No 2017/43 du 7
septembre 2017 7
6.2 Sports et mouvements faciles
d'accès
Les offres traditionnelles de sport et de mouvement
sont nombreuses à Lausanne, qui compte plus de 40'000 membres de clubs
sportifs, dont plus de 20'000 licenciés pratiquant plus d'une
septantaine de sports différents dans plusieurs centaines de clubs et
associations.
Sans être membre d'un club sportif, les
conditions générales de vie à Lausanne sont propices
à la détente en plein air et à la pratique d'une grande
diversité d'activités physiques (lacs, grandes forêts,
parcs publics, quais, places de jeux, skate parcs, zones sportives, terrains
multisports, fitness urbain, pistes finlandaises, etc.). Une carte recensant
ces équipements a été publiée par la Direction de
l'enfance, jeunesse, et quartiers.
Une attention particulière est portée
aux seniors et aux personnes à mobilité réduite avec
l'aménagement de cheminements sécurisés et l'installation
de bancs conçus pour répondre à leurs besoins
spécifiques en termes d'hauteur d'assise, d'inclinaison du dossier et de
présence d'accoudoirs.
En dehors de l'offre à disposition dans
l'espace public et hors du cadre des clubs de sport, il existe plusieurs
possibilités pour les enfants et les jeunes de pratiquer une
activité sportive. « Sports passion » propose aux enfants,
dès l'âge de 9 ans, de s'initier gratuitement à plus de
quarante sports différents le mercredi après-midi. Pour les
jeunes de 13 à 25 ans, il existe également des
opportunités informelles de pratiquer divers sports sans faire partie
d'un club. La Direction de l'enfance, de la jeunesse et des quartiers met
plusieurs salles de sport à disposition des jeunes sportives et
sportifs, d'octobre à mai, sous l'égide du médiateur
sportif de la Ville, afin de pratiquer notamment le basket et le football. En
plus de ces offres concrètes, le médiateur sportif de la Ville
soutient et encourage les pratiques sportives émergentes et
spontanées ou non reconnues officiellement telles que le roller, le
skateboard, la slackline, le parkour, le roller Derby ou encore le vélo
de descente. Il accompagne des groupes de jeunes ou nouvelles associations pour
leur permettre de trouver des lieux de pratique et d'organiser leur
activité, afin que ces pratiques soient reconnues comme une
activité de loisir sportif à part entière, et de
manière générale de répondre aux besoins des
pratiquantes et pratiquants de sports non
fédérés.
Accessible à tous, ou presque, la marche
à pied est l'activité physique la plus facile d'accès.
Selon les résultats du micro-recensement mobilité et transports
de 2015, il ressort qu'en moyenne les habitants7 de
l'agglomération lausannoise marchent trente minutes par jour et
parcourent un peu plus de deux kilomètres. C'est dans les villes que les
habitants marchent le plus (33 minutes dans les villes-centres
d'agglomération et villes isolées, 28 minutes dans les autres
communes d'agglomération et 27 dans les communes rurales). La marche a
une place importante par rapport au nombre d'étape. Une étape est
définie comme une partie d'un déplacement qui est parcourue avec
le même moyen de transport, par exemple se rendre de son domicile
à la garderie à pied, puis de cette dernière à son
lieu de travail en bus représente deux étapes d'un
déplacement. Dans l'agglomération lausannoise, 2.75 étapes
sont effectuées à pied sur la moyenne des 5.5 étapes
quotidiennes par personne.
En ce qui concerne le vélo, bien que les
chiffres tirés du micro-recensement mobilité et transports soient
très faibles (en moyenne, 800 mètres et 4 minutes par jour et par
personne sont parcourus en vélo par jour en Suisse), le recours au
vélo est de plus en plus courant en Ville8. Une augmentation
du nombre de cyclistes est également observée à
Lausanne9. Le vélo est un mode de transport économe en
énergie et en espace, rapide, efficace et bon pour la santé.
La
7 Echantillon de 2'553 personnes (population
résidante permanente de 6 ans et plus) dont le domicile se trouve dans
l'agglomération lausannoise
8 Le nombre de vélos dans notre pays est
estimé à 4,2 millions dont près de 3 millions seraient
effectivement en mouvement selon l'office suisse de conseil pour deux-roues
(OSCD).
9 Service des routes et de la mobilité,
Observatoire de la mobilité, édition 2013.
8 Rapport-préavis N° 2017/43 du 7 septembre
2017
Ville soutient activement l'usage du vélo
(aménagements de pistes cyclables, subvention à l'acquisition de
vélos électriques, mise à disposition de places de
stationnement, installation de places de stationnement
sécurisées, PubliBike, formation des écoliers, projet
pilote de déploiement d'un système de localisation des
vélos volés, etc.).
6.3 Un projet concret
Le Nord-Ouest lausannois comporte de nombreux
quartiers d'habitation et le nombre d'habitants et d'emplois va encore
croître fortement ces prochaines années, avec le
développement de l'écoquartier des Plaines-du-Loup notamment.
Densifier la ville permet d'augmenter le nombre d'habitants tout en y
développant la qualité de vie, notamment en termes de
mobilité, d'espaces publics et d'espaces de sport et de détente.
Les deux forêts urbaines du Bois-Mermet et du Désert sont des
espaces de ressourcement qui se trouvent de part et d'autre du futur
écoquartier des Plaines-du- Loup. Il conviendra alors de trouver un
équilibre entre un usage récréatif et la sauvegarde de la
faune et de la flore, à l'exemple de ce qui a été fait
autour du parc de Sauvabelin.
Afin que chacun trouve sa place, il sera
nécessaire lors de la planification et la réalisation des projets
de définir clairement la localisation et l'ampleur des passages de
mobilité douce et de mutualiser l'emplacement des équipements
sportifs en certains lieux pour ne pas pénaliser les espaces naturels et
préserver des zones de tranquillité pour la nature. Ainsi,
certaines zones de forêts conserveront leur caractère naturel. En
cas de création de nouveaux itinéraires de mobilité douce,
la Direction générale de l'environnement (DGE-VD) pourra exiger
la destruction d'autres cheminements et de certaines
infrastructures.
Parallèlement, pour éviter
l'étalement urbain et optimiser l'usage du sol en centre urbain, il
faudra savoir mutualiser les différents usages et opter pour une
multifonctionnalité des lieux de vie : travailler, se
récréer et habiter au même endroit fait désormais
partie des objectifs urbanistiques de la ville. Ainsi, il sera possible, par
exemple, d'éviter de recourir à la voiture pour aller faire du
sport en plein air tel la course à pied.
Par conséquent, dans le cadre des
aménagements futurs de l'écoquartier des Plaines-du-Loup, il est
tout à fait pertinent de penser relier les deux grands
éléments paysagers de ce secteur. Ces aménagements
permettront non seulement aux riverains de se les approprier mais
également à la faune et la flore de bénéficier de
liaisons biologiques valorisées. Ils seront le support pour la
mobilité douce et pour le développement d'un parcours attrayant
à travers le quartier. Le Bois-Mermet possède déjà
une piste finlandaise et pourrait aisément comporter plusieurs postes de
parcours santé. Le Bois du Désert serait à aménager
vraisemblablement de manière plus modeste, de nombreux cheminements
propices y existant déjà.
A ce stade du projet, il n'est pas encore possible de
présenter des plans de réalisation précis. Cependant, un
groupe de travail est actuellement en train de réfléchir à
la meilleure manière de réaliser ces parcours, pour en faire des
itinéraires proches des habitants et agréables à parcourir
selon les envies et capacités de chacun et chacune. Les premiers travaux
ont permis de définir des principes sur lesquels la réalisation
pourra s'appuyer. Notamment, les parcours utiliseront des sentiers existants
dans les espaces forestiers, il ne s'agit pas d'y créer de nouveaux
cheminements. Des boucles seront identifiées par exemple dans la
forêt du Désert, aux Plaines-du-Loup, au Bois Mermet et à
Sauvabelin, ces boucles seront reliées entre elles par des cheminements
de transition, afin de permettre des parcours courts, longs, voire très
longs selon les envies et capacités des utilisateurs. Aucun
équipement lourd ne doit être installé dans les zones
naturelles. Les parcours seront identifiés par une signalétique
commune, à deux échelles, (par boucle et pour le parcours
complet). Cette signalétique sera discrète par exemple par des
marquages au sol. Ces principes pourraient être repris pour la
création et le marquage éventuels d'autres parcours en ville (par
exemple, le jalonnage permanent du parcours des « 20 km de Lausanne
»).
Rapport-préavis No 2017/43 du 7
septembre 2017 9
En conclusion, il est tout à fait souhaitable
d'offrir des zones de mouvement, de délassement et de pratique du sport
de proximité dans l'ensemble de la ville, comme il en existe
déjà grâce aux parcs publics, aux pistes finlandaises et
aux fitness urbains. Le Nord-Ouest lausannois recèle plusieurs lieux de
délassement à valoriser en faveur de la population tout
préservant certaines zones de la pression humaine. Des
aménagements en des lieux regroupés (bancs et matériels
simples) invitant au mouvement seront prévus en priorité dans le
cadre du travail urbanistique des Plaines-du-Loup.
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