4.7.- Les pressions sur les services
Comme mentionné antérieurement, la croissance de
la population a créé une pression énorme sur les services
de base quelque soit la nature de cette dernière. Dans le secteur de la
santé, les infrastructures sanitaires n'augmentent pas pour s'adapter
à l'augmentation de la demande pour ce type de services. Cela met
à rude épreuve la capacité des centres de santé,
dispensaires et hôpitaux. En outre, le niveau de l'offre est insuffisant
en termes de disponibilité de techniciens et professionnels des sciences
de la santé. De 1980 à 2003, il y eu certes des
améliorations en terme de degré d'accès au services de
santé, mais cette amélioration est loin d'être suffisante
comparé aux taux de croissance de la population pour la même
période.
En ce qui a trait à l'éducation en Haïti,
la situation est analogue. Les pressions sur l'offre en éducation
résultant de l'accroissement de la population sont énormes. Le
niveau de l'offre de en Education a certes augmenté à travers le
temps. Cependant, elle reste tout de même insuffisante face une
population sans cesse croissante. Les pressions sur les services
d'éducation affectent négativement la qualité de
l'éducation en créant des conditions propices à la
prolifération d'un ensemble d'écoles sans structure. Car,
très souvent, pour essayer de répondre à la demande sans
cesse croissante en éducation, c'est le secteur privé qui doit
souvent suppléer à l'État. Ce problème affecte le
système éducatif à tous les niveaux et tend notamment
à se propager au niveau de l'enseignement supérieur.
Le niveau de la population et son accroissement à
travers le temps exerce également une très forte pression
l'habitat en Haïti et sur l'offre en eau potable. D'un coté, cette
pression affecte non seulement la quantité disponible d'eau mais
également sa qualité. En effet, l'accroissement
accéléré de la population a une répercussion
directe sur le niveau élevé d'urbanisation. Les ménages
affluent sur des terrains à risques et non propice à la
construction pour ériger un endroit où s'abriter. Cela donne
souvent lieu à la création de bidonvilles. La
quasi-totalité de ces bidonvilles n'ont pas accès à l'eau
potable et le peu de conduits qui les alimentent sont souvent cassés en
route, d'où diminution de débit et pollution de cette eau.
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4.8.- Mobilité sociale dans la société
haïtienne
La mobilité sociale est un concept défini par
Pitirim Sorokin115 comme étant le phénomène du
déplacement d'individus dans l'espace social. Il correspond au fait de
changer de classe sociale. Les principaux types de mobilité sociale que
l'on peut chercher à mesurer sont : la mobilité
intragénérationnelle (aussi appelée mobilité
professionnelle), qui est le changement de position sociale au cours de la vie
active de l'individu et la mobilité intergénérationnelle,
par laquelle on met en rapport la position occupée par un individu et
celle de sa famille d'origine. On parle alors de mobilité ascendante
quand une progression dans l'espace social est assurée pour la
génération suivante (par exemple, un fils d'ouvrier devient
cadre). En revanche, on parle de mobilité descendante quand une
régression dans la hiérarchie sociale s'effectue d'une
génération à la suivante (par exemple, un fils de cadre
devient employé).
Il y a aussi la mobilité horizontale. Elle correspond
au fait de pouvoir changer de secteur professionnel sans changer de place dans
la hiérarchie sociale. L'expression « ascenseur social »
désigne couramment la mobilité sociale ascendante, en particulier
la mobilité intergénérationnelle ascendante.
L'éducation est l'élément fondamental qui
pourrait faciliter une mobilité ascendante dans la société
haïtienne. Les familles y parviennent parfois en consacrant leurs maigres
ressources à l'éducation de leurs enfants. Cependant, du fait du
manque d'engament de l'État dans l'éducation, les enfants issus
de milieux défavorisés doivent affronter des défis
énormes pour transformer leurs conditions sociales et celles de leur
famille.
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