3.4.1.- Les différents types d'habitats en
Haïti
Dans le cadre de ce travail, nous considérons deux
types d'habitats : l'habitat rural et l'habitat urbain. Nous allons les voir
chacun, de manière séparée, pour mieux déterminer
leurs caractéristiques.
3.4.1.1.- L'habitat rural
L'habitat rural peut être soit regroupé, soit
isolé. Dans le premier cas, ce sont des petits villages,
communément appelés bourgs. Dans ces petites
agglomérations, les ressources financières des habitants sont
souvent très faibles et découlent principalement
68 Université Quisqueya, Centre d'habitats salubres de la
République d'Haïti, Analyse de la situation de l'habitat en
Haïti, page 10
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d'activités rudimentaires dont l'agriculture et
l'élevage, pratiquées au gré des caprices de la nature.
Dans le deuxième cas, il s'agit d'unités isolées
d'habitations éparpillées dans la campagne
3.4.1.2.- L'habitat urbain
L'habitat urbain, pour sa part, comprend trois
catégories qui sont :
- Logement familial isolé situé au centre-ville
ou en banlieue ;
- Logements regroupés en appartement, de plus en plus
répandus dans les centres-villes ;
- Taudis des bidonvilles.
L'une des formes d'expression de la crise du logement en
milieu urbain est le phénomène de la bidonvilisation. Celle-ci
est une réponse spontanée des couches les plus
défavorisées à la demande insatisfaite de logement due
à la pression démographique. Selon Rousseau (1998), la lutte
contre la bidonvilisation de Port-au-Prince a été initiée
par le gouvernement de Sténio Vincent à la Saline et poursuivie
par Elie Lescot. Cette lutte a abouti à la disparition de tout un
quartier dénommé Nan-Pisquettes69. Cependant, aucune
politique de construction de nouvelles unités d'habitation, pour reloger
les populations déplacées, ne fut mise en oeuvre. Aussi, les
personnes concernées occupèrent les premiers espaces libres
qu'elles trouvèrent à leur portée, créant ainsi de
nouveaux quartiers précaires.
L'occupation anarchique des espaces libres à
l'intérieur des villes ou en périphérie ou en marge de
quartiers résidentiels a pris des proportions
accélérées depuis 1986. À Port-au-Prince, des
constructions marginales sont érigées sur le littoral, les
exutoires de ravin, terrains interstitiels des zones industrielles, partie
centrale des îlots du centre ville, proximité des marchés
publics. Ces développements atteignent une densité moyenne de 800
à 1799 personnes à l'hectare70. En 1997, ces
développements spontanés représentent déjà
22,15 % de la surface urbanisée de Port-au-Prince.
Dans les bidonvilles, les conditions socio-économiques
des résidents, leur mode de vie et le type d'aménagement de
l'espace occupé occasionnent des impacts négatifs sur
l'environnement. Les services municipaux ne sont pas disponibles, souvent par
difficulté d'accès aux aires de résidence. Les besoins
physiologiques se font dans les latrines ou encore
69 Idem, p. 16
70 Idem, p. 20
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en plein air dans les espaces non affectés, sur les
berges et lits des ravines (Lhérisson, 1999). L'évacuation des
eaux usées ne se fait pas systématiquement vers les
égouts. Le système de drainage est très limité et
est souvent remplacé dans les nouveaux lotissements par les fosses
septiques et fosses à fond perdu. Ceci, à la longue, pollue les
nappes d'eau souterraines au détriment de la santé de la
population en général. Dans les bidonvilles, l'insalubrité
est plus apparente que dans n'importe quel autre milieu résidentiel.
À partir des informations recueillies à l'EPPLS, nous pouvons
affirmer que les éléments suivants caractérisent l'habitat
en milieu urbain:
· mauvais état des logements résultant
d'un manque d'entretien, de l'utilisation de matériaux de fortune ou de
l'exiguïté des espaces et de leur distribution ;
· l'utilisation excessive des terrains et la diminution
de l'espace vital par une densité élevée ;
· l'insuffisance ou l'absence d'infrastructures et de
services de base ;
· Le taux élevé du chômage chez les
occupants ;
· La prolifération du commerce informel;
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