3.3.3.- Qualité de l'eau et qualité du
service
À l'échelle nationale, il n'existe pas de normes
et de standards pour la qualité de l'eau fournie, ce qui conduit souvent
à adopter celles de l'OMS. Parmi les trois organismes (CAMEP, SNEP et
POCHEP) distribuant de l'eau pour la consommation humaine, seule la CAMEP
dispose d'un laboratoire de contrôle de la qualité de l'eau
potable (Lilian Saade, 2005). Ce laboratoire est équipé pour
faire des analyses bactériologiques et physico-chimiques de l'eau
potable et il effectue en moyenne 22 analyses par jour. Le seul traitement en
vigueur est la désinfection, à l'aide de l'hypochlorite de
calcium, qui a l'inconvénient d'aggraver l'alcalinité
déjà excessive de l'eau des sources captées du bassin
versant du Morne de l'Hôpital (Saade, citant OPS/OMS,
2001a).
Quant à la qualité de l'eau urbaine,
d'après les études de l'OMS/OPS, on peut constater que pour les
réseaux de source, des paramètres tels que les bactéries
totales et les coliformes totaux sont apparus comme inacceptables et pour
d'autres paramètres il n'y a même pas d'informations. Par contre,
il est considéré que la qualité de l'eau en zone rurale au
niveau des sources est acceptable, en tenant compte des coliformes totaux, mais
qu'elle ne l'est pas dans le cas des fontaines (Texeira cité par Saade,
2005).
3.3.4.- Considérations générales sur
le secteur de l'eau
Le secteur de l'eau en Haïti est confronté
à des écueils importants en milieu rural et urbain. Il y a des
problèmes liés à la quantité et à la
qualité de ce service. En milieu urbain, encore 1,5 millions d'habitants
n'ont pas d'accès aux services d'approvisionnement en eau, et en milieu
rural, ce chiffre est de près de 2,3 millions.
La croissance démographique et l'exode rural ont eu un
impact important sur l'accès à l'eau en milieu urbain, en
entraînant une bidonvilisation galopante. Pour favoriser une bonne
gestion de l'eau dans les quartiers précaires de Port-au-Prince, on y
installe parfois des
71
comités d'eau. Mais seuls 48 d'entre eux sur environ
200 avaient en 2005 des comités d'eau (Saade, 2005).
Dans l'ensemble, le manque de coordination des
différents intervenants dans le secteur de l'eau potable et le manque de
données à jour sur le secteur ne facilitent pas des solutions aux
problèmes de ce secteur. Malgré les efforts
réalisés et les améliorations observées de 1980
à 2003, il reste encore beaucoup à faire dans ce domaine.
Tableau #... : Proportion de logements ayant
accès à un fournisseur d'eau courante ar milieu de
résidence en 2001
Accès à un fournisseur d'eau courante
|
Milieu de résidence
|
Ensemble
|
Aire
métropolitaine
|
Autre urbain
|
Rural
|
Proportion de logements
|
33,4
|
24,7
|
16
|
21,5
|
Source : IHSI/Enquête sur les conditions de vie en
Haïti (ECVH) - 2001
3.4.- Accès aux logements
L'accès au logement est fondamental pour assurer le
bien-être d'un individu. Il fait partie d'un ensemble de besoins de base
dont le niveau de satisfaction permet de mieux appréhender le
phénomène de la pauvreté.
Un peu partout à travers Haïti, l'accès aux
logements se révèle très difficile. En dehors de plans
d'urbanisme et de programmes de logements sociaux, une situation d'anarchie
prend corps dans le domaine de la construction. En raison du manque de revenus,
les habitats précaires pullulent dans les bidonvilles. Dans les mornes
entourant la capitale, les maisons remplacent les arbres sans aucun
contrôle des autorités publiques. Donc, principalement à
Port-au-Prince, la question du logement est un épineux
problème.
La crise économique sévissant dans le pays,
depuis près de deux décennies, a un impact considérable
sur le rythme d'urbanisation et sur le mode d'occupation de l'espace dans les
grands centres urbains. Elle a facilité l'émergence de nombreux
quartiers précaires et une augmentation de la population sous l'effet de
l'exode rural vers la capitale et les autres centres urbains. Cette
urbanisation sauvage engendre une forte pression sur les faibles
72
infrastructures collectives d'assainissement,
d'approvisionnement en eau potable et de logement de la région
métropolitaine de Port-au-Prince et des villes secondaires (Emmanuel,
1997; et OPS/OMS, 1998).
Selon l'OPS/OMS, citée dans « Analyse de la
Situation de l'habitat en Haïti, 1998 », la forte migration
observée des zones rurales vers les villes, au cours de cette
dernière décennie, a eu des conséquences néfastes
sur l'accès au logement. En particulier, dans la zone
métropolitaine, l'explosion démographique dans un espace
limité a entraîné une dégradation importante des
conditions de logement. La densité d'occupation des logements a
sensiblement augmenté. S'il est généralement admis une
moyenne de cinq personnes par ménage68, ce chiffre est
nettement dépassé dans la zone métropolitaine de
Port-au-Prince où l'exiguïté du logement,
particulièrement, dans les bidonvilles, est notoire.
L'anarchie dans la construction des maisons, en rapport avec
l'explosion démographique, explique que bon nombre d'habitations sont
érigées sur des bassins versants, dans le lit des rivières
ou dans des zones protégées des sources. Les résidents
sont exposés à de graves dangers en cas de pluies ou
d'inondations. Le non-respect des normes de construction fait que bien souvent
ces maisons constituent de véritables dangers (risque de glissement de
terrain et d'écroulement des maisons) pour leurs occupants, non
seulement à cause de leur localisation (à proximité des
routes, dans les ravines ...), mais aussi à cause du type de
matériaux utilisés (OPS/OMS, 1998).
|