3.2.3.4.- Alphabétisation
L'analphabétisme est considéré comme un
fléau à l'échelle mondiale. En Haïti, en particulier,
il est un vrai problème de société. Tout au long de la
décennie 1990-2000, le taux d'analphabétisme tournait autour de
44 % en Haïti61. Restant encore assez élevé, ce
taux tend toutefois à diminuer annuellement. Par ailleurs, il importe de
signaler que cette diminution concerne davantage les hommes que les femmes et
que le taux d'analphabétisme est beaucoup plus important en milieu rural
(48 %) qu'en milieu urbain (24 %).
En ce qui a trait au sexe, les hommes sont beaucoup plus
touchés que les femmes par l'analphabétisme. Au cours de
l'année 2000, 46,09 % des hommes âgés de 15 ans et plus
étaient recensés analphabètes, tandis que 40,37 % de
femmes, de la même tranche d'age, étaient touchés par
l'analphabétisme (EBCM, 2000).
Selon les donnés fournies par l'IHSI (voir tableau
suivant), la société haïtienne a été
marquée par une modification de la structure de la population
touchée par l'analphabétisme, selon le sexe. Alors qu'en 1982, on
comptait plus de femmes analphabètes dans le pays (64,43 %) que d'hommes
(61,68 %), il y a eu un renversement de tendance au fil des années. En
1995, 45,64 % d'hommes étaient considérés comme
analphabètes dans le pays, alors que le pourcentage de femmes a
été de 37,86 %.
Tableau #... : Taux
d'Alphabétisme en % (15 ans et plus) Selon le
sexe
Année
|
total
|
Masculin
|
Féminin
|
1970
|
78
|
74
|
82
|
1982
|
63
|
61.68
|
64.43
|
1992
|
45
|
51
|
39
|
60 Idem, p 24
61 MENJS, Le Développement de l'Education, Rapport
National d'Haïti, p. 25
1995
41.95
45.64
37.86
62
Source : IHSI, Bulletin de statistiques sociales
Au niveau de l'Alphabétisation, on peut constater
plusieurs intervenants dans ce domaine en particulier l'Etat, les ONG (Mission
alpha, World Vision etc) et les organismes associatifs. Cependant, l'absence de
données statistiques ne permet pas de mesurer l'envergure de leur
intervention. Toutefois, selon le Ministère de l'Education National,
près de 100 000 personnes62, à majorité
féminine, sont touchées par des programmes d'éducation
élaborés par la Secrétairerie d'État a
l'Alphabétisation à travers les 9743 centres
d'alphabétisation de base disséminés dans les 9
départements géographiques du pays.
3.2.4.- Le système éducatif haïtien
et ses problèmes
L'analyse de l'évolution de l'accès à
l'enseignement primaire, secondaire et supérieur donne une idée
de l'ampleur des problèmes auxquels est confronté le
système éducatif haïtien. À défaut de pouvoir
les énumérer de façon exhaustive, on peut mentionner,
entre autres : l'insuffisance de l'offre par rapport à la demande, la
dégradation de la qualité de la formation, le poids plus
important du secteur privé que du secteur public dans le système,
la centralisation de l'enseignement supérieur ect.
La disparité entre l'enseignement en milieu urbain et
l'enseignement en milieu rural est très forte. En effet, le milieu
rural, avec 70 % de la population en 1986, ne comptait que 46 % des
élèves du primaire, 41 % des instructeurs, et 44 % des
élèves dans le public, 39 % des instruments (Banque mondiale,
1987 : citée dans Fred Doura, Dépendance, crise et
développement, Tome 1 : p 182). Du total des dépenses publiques
réalisées par le gouvernement pour l'éducation, seulement
20 % étaient destinées aux zones rurales en 1996/97. Les
coûts directs annuels par étudiant, en milieu rural, en 1993 ont
représenté 68 gourdes (5 dollars) contre 256 gourdes (16 dollars)
en milieu urbain.
Les services de l'enseignement secondaire sont surtout
groupés dans les villes dont 65 % se trouvent dans la capitale et sont
contrôlés par le secteur privé. De 1987/88 à
1999/2000, plus de 89 % des écoles appartenaient au secteur
privé. 76 % des élèves du primaire et 82% des
élèves du secondaire étaient inscrits dans des
écoles privées (FMI, 2001 cité par Fred Doura,
Dépendance, crise et développement, Tome 1, p 182). Selon
Doura,
62 Ministère de l'éducation Nationale, de la
Jeunesse et des Sports, Le Développement de l'Education, Rapport
National d'Haïti, Août 2004, 41 pages.
63
c'est la proportion d'élèves inscrits dans les
écoles privées la plus élevée au niveau mondial. Le
nombre total moyens des écoles primaires était de 5435 pour les
années 1988 à 1992, dont 82% sont des écoles
privées ; de même de 1987/88 à 1994/95, le nombre total
moyen des écoles secondaires est de 609, dont 61 (10%) sont des
écoles publiques et 548, soit 90 % étaient des écoles
privées (PNEF 2004 ; 114 & BM, 1997 : 26). En outre, 80 % de toutes
les écoles primaires et secondaires sont soit gérées par
des ONG, dont des organisations confessionnelles, soit par des institutions
privées en quête de profit (BM, 1998).
La prolifération d'écoles privées n'est
pas le résultat délibéré d'une politique de
privatisation des écoles mais indique fondamentalement une
incapacité de l'État haïtien à penser et à
mettre en place des politiques d'éducation qui seraient au service de
toute la population. Ces écoles ne répondent
généralement à aucune norme pédagogique : 85 % de
ces écoles fonctionnent dans des locaux inadéquats et plus de 75
% sont dépourvues de toilette, d'eau courante, de cours de
récréation et de bibliothèque.
En somme, de 1980 à 2003, des efforts ont
été réalisés dans le domaine de l'éducation.
Cependant, ces efforts restent très en deçà de la
réponse nécessaire aux besoins. Les avancées
constatées sur le plan quantitatif ont amené avec elles des
faiblesses d'ordre qualitatif. En effet, la qualité de l'enseignement a
baissé, tant dans le secteur public que dans le secteur privé. Et
l'école privée, en Haïti, devient une source assurée
de revenus. On observe une prolifération des « écoles
borlettes », ou directeurs et professeurs incompétents n'exigent
rien d'autre des élèves que le paiement régulier des
mensualités. Selon une évaluation du Ministère de
l'Education Nationale, seulement 2/3 des besoins en éducation
fondamentale pour les enfants d'age scolaire sont satisfaits63. Le
déficit serait aggravé par un fort taux d'abandon tout au cours
des différents cycles et seulement 16 % des jeunes parviennent au niveau
secondaire64. Par ailleurs, le manque de ressources et
l'incapacité des structures de l'État à encadrer le
mouvement d'expansion du système éducatif ont
entraîné des contrecoups négatifs sur la qualité des
services offerts.
Le système éducatif, tel qu'il a
fonctionné ces vingt dernières années, n'a pas
donné lieu à l'accumulation du capital humain nécessaire
pour réduire le niveau de pauvreté en Haïti.
63 Secrétairerie d'Etat à la Population, politiques
Nationales de population, juillet 2000, 50 pages.
64 Idem, p. 8
64
3.3.- Accès à l'eau courante
Avec l'augmentation continue de la pression
démographique à Port-au-Prince et dans les autres zones urbaines
du pays, l'accès à l'eau courante devient de plus en plus
problématique. Sous l'effet de la dégradation de l'environnement,
nos sources sont constamment exposées à une diminution de
débit, alors que les besoins à satisfaire s'accroissent.
Contrairement à d'autres pays, Haïti n'a pas
recours au recyclage de l'eau comme méthode pour satisfaire la demande.
En fait, il faut admettre aussi que ce procédé requiert un niveau
de technologie dont Haïti ne dispose pas et nécessite
également des investissements appropriés. Le choix d'Haïti a
évidemment ses avantages et ses inconvénients. Mais il faut aller
plus loin pour mieux comprendre ce choix.
L'accès à l'eau courante est l'un des
indicateurs utilisés pour mesurer la pauvreté, à
coté de l'accès à l'éducation, à la
santé, à l'assainissement... suivant la méthode des
besoins insatisfaits. La version 2004 de la carte de pauvreté
d'Haïti, qui traite la pauvreté suivant cette approche, fait
état de la faible disponibilité en eau potable du pays, mais
également de la déficience des politiques visant à
l'amélioration de la salubrité de l'eau. En effet, ce document
fait remarquer qu'Haïti dispose d'une grande potentialité en
matière de ressources en eau avec « une quantité importante
de rivières, sources, étangs et lagons. » Cependant, il
n'existe que 88 services de distribution d'eau potable à travers tout le
territoire.
D'après la version 2004 de la carte de la
pauvreté, les eaux de surface totalisent environ 9,5 milliards de
m3. Les ressources en eaux souterraines du pays sont encore plus
importantes : elles sont estimées à 56 milliards de
m3. Les nappes souterraines continues localisées dans les
plaines littorales et alluviales représentent 47 milliards de
m3, tandis que les aquifères discontinus situés en
montagne sont de 8 milliards de m3. Toutefois, moins de 10 % du
potentiel hydrique est réellement exploité, d'après les
rédacteurs de la carte de pauvreté.
En raison des problèmes environnementaux, seulement 10
% des 40 milliards de m3 d'eau que reçoit le territoire national chaque
année, s'infiltrent dans le sol. Le reste s'évapore ou se perd
dans la mer.
65
D'une façon générale, la population
haïtienne bénéficie d'une dotation faible, en terme
d'accès à l'eau courante. Seulement 26 communes du pays ont une
accessibilité plus ou moins satisfaisante en eau
courante65.
3.3.1.- Disparités
régionales
Dans l'ensemble, les disparités régionales en
termes d'accès à l'eau courante sont très significatives.
Trois départements géographiques sont dans une situation critique
en terme d'accès à l'eau courante : l'Artibonite, le Centre et la
Grand Anse. La totalité des communes de ces départements sont
classés dans le groupe de communes ayant les plus fortes
déficiences (extrêmement faible, très faible et faible) (
Référence).
En effet, sur ses 12 communes, le Centre enregistre 3 communes
dans la catégorie faible, 6 dans le quintile très faible et 3
dans le quintile extrêmement faible. De son coté, la Grand Anse a
recensé 8 communes dans le quintile extrêmement faible, 6 dans la
catégorie très faible et 4 dans la classe faible. Le
département de l'Artibonite, pour sa part, dispose de 6 communes sur 15
dans le quintile extrêmement faible. Les 9 autres sont dans la
catégorie faible.
Après ce premier groupe, viennent les
départements du Sud'Est, du Nord et du Nord'Ouest. Ces
départements, selon la Carte de la pauvreté, ont une situation
moins précaire.
Les départements du Sud, de l'Ouest et du Nord'Est sont
les mieux classés en ce qui concerne l'accès à l'eau
courante.
Le département du Sud dispose de 5 communes sur 18 dans
le quintile très faible, 3 dans le quintile moyennement faible et les 10
dernières dans la classe moins faible. Le département de l'Ouest
ne dispose pas de communes en situation de forte carence. Seulement 2 communes
y sont dans le quintile très faible et une dans le quintile faible. Le
Nord'Est dispose, pour sa part, de 2 communes sur 13 dans la classe
extrêmement faible. Les 11 autres communes, soit environ 85 %, se situent
dans le quintile modérément faible.
Au niveau de l'aire métropolitaine de Port-au-Prince,
seulement 33,4 % de la population, ont accès à un fournisseur
d'eau courante, selon l'IHSI. Le reste des habitants de la capitale
s'approvisionne en eau à partir d'autres moyens : camions-citernes,
marchands ambulants, réservoirs publics ect. En milieu rural et dans les
autres zones urbaines, la
65 MPCE, Carte de la pauvreté, Version 2004, quelle page
?
66
situation n'est pas plus réjouissante, selon les
données fournies par l'IHSI. L'Institut révèle que
seulement 16 % de la population rurale ont accès à un fournisseur
d'eau courante, contre 24,7 % pour les autres zones urbaines. Pour l'ensemble
du pays, le niveau d'accès est de 21,5 %.
3.3.2.- Accès à l'eau potable
L'accès à l'eau potable est défini par
l'OPS/OMS comme étant de 25 litres par jour par personne d'eau de bonne
qualité et par une distance de la source à la maison
inférieure à 60 mètres pour un chemin ascendant ou 100
mètres pour un chemin horizontal.
Il est difficile d'accéder à des informations
fiables sur le secteur d'eau potable en Haïti. La plupart du temps, les
informations existantes ne sont pas à jour. La CAMEP, principale
institution au niveau des services de distribution d'eau potable, est
sérieusement affectée par ce problème de manque de
données. Pour cela, nous avons dû nous référer aux
données publiées par l'OPS/OMS qui les a collectées
auprès de tout un ensemble d'institutions, ONG ou organismes oeuvrant
dans le secteur dont : FAES, CAMEP, SNEP, POCHEP, SMCRS, MTPTC, ASSODLO, GITH
(Groupe Technologie intermédiaire d'Haïti), CARE, PEJEFE (Programme
d'encadrement des jeunes femmes et des enfants), PCH (Productive
Coopérative Haïti), FEDERATION LUTHERIENNE MONDIALE, CRS, HELVETAS,
PAROLE ET ACTION, ACTION CONTRE LA FAIM, SOE, CLEAN WATER FOR HAITI, HAS, CECI
(Centre canadien d'études et de coopération internationale). De
plus, nous nous sommes référés aux informations fournies
par l'IHSI ainsi que le RNPD sur le secteur.
Concernant le mode d'approvisionnement en eau de boisson des
ménages haïtiens, seulement 10 % des ménages de l'Aire
Métropolitaine achète de l'eau traitée. Le mode
d'approvisionnement d'une bonne partie du reste se fait comme suit :
rivière et source (36,9 %), achat par boquite (19,5 %), robinet (15,6
%), fontaine publique (12 %). L'achat de seaux d'eau est
particulièrement courant dans l'Aire Métropolitaine de
Port-au-Prince où 60 % de la population l'utilise comme mode
d'approvisionnement.66. Les données sur l'accès
à l'eau traitée correspondent à l'an 2001. En effet,
durant les années qui ont suivi, il y a eu une
66 IHSI, Enquête sur les Conditions de Vie en Haïti
-ECVH, 2001
67
augmentation importante des points de vente d'eau
traitée au détail et de l'offre de bouteilles de 5 gallons dans
beaucoup d'endroits.
D'après Lilian Saade (2005), Haïti est le pays
avec le taux de couverture en eau potable le plus faible de la région
d'Amérique Latine et les Caraïbes (avec 52%). En d'autres termes,
plus de 4 millions d'Haïtiens n'ont pas d'accès aux services
d'eau.
Les besoins en eau potable en milieu urbain
s'élèvent à 261 700 m3/jour, alors que seulement 145 700
m3/jour sont distribués à partir de 47 sources et 48 forages. Le
déficit est de 115 100 m3/jour en milieu urbain67.
Tableau # ... Volume d'eau potable fourni aux populations
urbaines en 2003
Villes
|
Situation en 2003
|
|
Population (Millions d'habitants)
|
Besoins (m3/j)
|
Infrastructures
|
Volume distribué
|
Déficit
|
Sources
|
Forages
|
Nombre
|
Débit (m3/j)
|
Nombre
|
Débit (m3/j)
|
(m3/j)
|
(m3/j)
|
Aire
métropolitaine
|
1249,9
|
124,9
|
17
|
84,5
|
35
|
53,77
|
96,8
|
28,1
|
Villes
secondaires
|
1955,2
|
136,8
|
30
|
23,4
|
13
|
25,46
|
48,9
|
87
|
Total
|
3204,1
|
261,7
|
47
|
107,9
|
48
|
79,23
|
145,7
|
115,1
|
Source : OPS/OMS
Évolution de la couverture des besoins
(1993-2003), (Graphique à insérer)
La Figure ... montre l'évolution du taux de couverture des
besoins en eau potable en milieu urbain de 1993 à 2003.
67 Lilian Saade, Agir ensemble pour une gestion plus efficace des
services de l'eau potable et l'assainissement en Haïti, CEPALC, Septembre
2005, Mexique, p.
68
La figure... montre l'évolution du taux de couverture
des besoins en eau potable en milieu rural. (p. 8)
Tableau #... : Synthèse de la
couverture des besoins au 31 décembre 2003
Sous- Secteurs
|
Taux de couverture en %
|
|
Zone
Métropolitaine
|
Villes Secondaires
|
Milieu urbain
|
Milieu rural
|
Tout le pays
|
Alimentation en eau potable
|
58,3
|
50,1
|
53,3
|
51,6
|
52,3
|
Source : OPS/OMS
Évolution de la Couverture en eau potable de 1980
à 2003 (Graphique à insérer)
L'analyse de la couverture en eau potable en Haïti, de
1980 à 2003, révèle une amélioration globale de la
couverture pour le pays qui est passé de moins de 20 % en 1980 à
52,3 % en 2003. Cette amélioration au niveau global est due d'abord
à l'amélioration enregistrée dans le milieu rural
où le taux de couverture est passé de moins de 10 % en 1980
à 51,6 % en 2003. Au niveau des villes secondaires, il n'y a pas eu de
grand changement, le niveau de couverture ayant passé de 48 % environ
à 50,1 %. Dans la zone métropolitaine, le taux de couverture est
passé d'environ 48 % en 1980 à 58,3 % en 2003.
Il convient de noter que ces chiffres renvoient à
l'accès aux services: ils ne reflètent pas nécessairement
la qualité et la fiabilité de ces derniers, deux facteurs
essentiels en matière de santé publique.
En effet, le diagnostic de la situation, en terme
d'accès à l'eau courante en Haïti, démontre qu'il n'y
a pas de pénurie d'eau douce dans le pays, mais plutôt une
répartition inégale et une mauvaise gestion de ces ressources.
D'après les projections du PNUD (Lilian Saade, 2005), si les tendances
observées ces dernières années se poursuivent, il sera
probable pour Haïti «toutes choses égales par ailleurs »
d'atteindre l'objectif de réduire de moitié le pourcentage de
personnes n'ayant pas accès à l'eau potable en 2015.
Néanmoins, même si les projets envisagés se
réalisent, environ un tiers de la population serait encore privé
de ce service en 2015. Ce qui montre l'ampleur des besoins à
satisfaire.
69
En résumé, un logement sur cinq a accès
à un fournisseur d'eau courante, mais il y a des différenciations
importantes selon le milieu de résidence, le type de logement et le
niveau de revenu. Un tiers des logements de la zone métropolitaine de
Port-au-Prince a accès à un fournisseur d'eau courante
(IHSI/Enquête sur les Conditions de Vie en Haïti -ECVH, 2001).
Seulement 2 % de la population dispose de robinet dans le
logement, ce qui est exceptionnellement faible par rapport à d'autres
pays de la région (Lilian Saade, 2005). Une pratique très commune
en Haïti est la revente de l'eau dans le voisinage. Il s'agit de
ménages qui, disposant d'un raccordement à un réseau
quelconque de distribution d'eau ou d'approvisionnement auprès de
camions-citernes, revendent une partie de l'eau reçue aux voisins,
à l'aide de tuyaux. Cette revente de voisinage compte pour environ 10 %
de la dépense en eau des ménages de l'Aire Métropolitaine
(IHSI, 2001).
En Haïti, il y a encore des endroits où les gens
ne consomment même pas les 20 litres que l'OMS considère comme
minimum. D'autre part, dans plusieurs cas encore, les individus sont
obligés de se déplacer sur de longues distances pour obtenir de
l'eau.
Malgré un certain effort pour donner accès
à une plus grande partie de la population à des services de
distribution, en raison de la croissance démographique, le nombre total
d'habitants non desservis n'améliore pas beaucoup.
Les ménages non desservis par les réseaux
doivent recourir à des moyens parallèles pour obtenir ces
services qui, bien des fois, n'assurent pas un degré suffisant
d'hygiène. En ce qui concerne l'approvisionnement en eau, plusieurs
possibilités se présentent: prélèvements directs
dans les eaux de surface, approvisionnement auprès de vendeurs (souvent
dans le voisinage), eau mise en bouteille et raccordements illégaux. En
effet, un phénomène qui s'est produit dans les dernières
années est la multiplication de compagnies qui produisent de l'eau en
bouteille. Certaines maisons possèdent un château d'eau, en
particulier à Port-au-Prince. Ces réservoirs sont en
général d'une capacité assez limitée. Souvent, les
ménages concernés doivent aussi faire appel aux vendeurs d'eau
pour satisfaire leurs besoins. Certains ménages des zones
résidentielles de Port-au-Prince (une minorité)
récupèrent aussi de l'eau de pluie.
La plus grande partie de la population en zone
métropolitaine reçoit de l'eau d'une manière discontinue.
Dans certaines zones, les habitants reçoivent de l'eau quotidiennement,
mais dans la plupart des cas ils en reçoivent seulement deux fois par
semaine et pendant quelques heures par jour. Selon Lilian Saade (2005), le
manque de service est attribué
70
principalement: 1) aux pertes physiques (estimées
à 60 %) associées à l'âge du système de
distribution et au piquage d'eau, 2) aux interruptions de l'énergie,
surtout dans le cas des puits et des pompes et 3) la pollution des sources
d'eau (Saade, citant la US Army Corps of Engineers, 1999). En plus des lacunes
de la desserte, le système est confronté à d'autres
déficiences, souvent dues au manque d'entretien des infrastructures.
Ainsi, la dégradation des réseaux provoque des pertes physiques
importantes.
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