2.2.3.- Migration
Les mouvements de population en Haïti ont
été très importants ces dernières années,
sous l'effet de facteurs d'ordre structurel que conjoncturel. Durant les
périodes de crises politiques, ils se sont montrés encore plus
intenses. Par exemple, durant la période allant de
26 IHSI, RGPH-2003
27 IHSI, ECVH-2001
28 IHSI, RGPH-2003
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1991 à 1994, beaucoup d'individus ont laissé le
pays pour se mettre à l'abri des turbulences politiques ou pour
échapper aux effets de l'embargo économique imposé
à Haïti. Au cours de cette même période
également, un nombre considérable de gens ont laissé la
capitale en direction des provinces pour s'éloigner des tensions
prévalant à Port-au-Prince. Le rétablissement de l'ordre
constitutionnel en 1995 n'a pas été suffisant pour freiner la
vague de la migration en direction de l'extérieur. En
général, quand le climat politique connaît une certaine
accalmie, les facteurs structurels reviennent au premier plan et contribuent
à maintenir le flux d'Haïtiens qui cherchent à
s'établir à l'étranger.
Avant la période 1991-1994, et après, le pays a
été marqué dans l'ensemble, par deux types de migration :
une migration interne et une migration externe.
2.2.3.1.- Migration interne
Les causes de la migration interne dans l'économie
haïtienne sont diverses. La première cause que nous pouvons
considérer est logiquement les crises politiques, comme
évoquée plus haut.
Si par moments, la migration de la ville vers la campagne
s'avère effectivement importante, le mouvement inverse est, par contre,
beaucoup plus constant. Le phénomène de la migration interne en
Haïti prend surtout la forme d'exode rural.
On peut identifier une migration interne due à
l'activité dans le secteur agricole. L'agriculture étant
l'activité économique qui mobilise la proportion la plus
importante de la population active, les cultivateurs partent souvent en
quête d'opportunités dans des territoires jugés plus
appropriés. De cette façon, des nouveaux liens
sont tissés entre les cultivateurs et la terre d'accueil, qui
aboutissent parfois au déplacement de toute une famille.
Sur un autre plan, la migration peut être
interprétée à l'aide d'une succession d'étapes :
d'abord, de la campagne vers les villes, et ensuite, des villes vers la
capitale. Cette succession se fait par exemple pour avoir accès à
certains services. La grille d'équipements urbains dans les petites
villes et les villes moyennes est souvent limitée. En particulier, il y
a certains besoins qui ne peuvent être satisfaits qu'à
Port-au-Prince. Souvent la migration vers les petites villes ou les villes
moyennes constituent une étape pour arriver à Port-au-Prince, la
destination finale, si l'on s'en tient seulement à la migration interne.
Cependant, parfois les petites villes et les villes moyennes ne servent
même pas de transit. Le mouvement se fait directement de la campagne vers
la capitale.
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Bien que les études consacrées à l'exode
rural soient peu nombreuses en Haïti, les rares informations disponibles
confirment l'ampleur dramatique de ce phénomène. Certes,
l'arrivée massive de migrants met une main-d'oeuvre abondante à
la disposition de certains secteurs de l'économie comme l'industrie de
la sous-traitance, mais elle se fait à un rythme tellement intense que
la capacité d'accueil des principales villes du pays se trouve
débordée. La plupart des nouveaux venus ne font que grossir le
nombre de pauvres en milieu urbain, avec tout ce que cela implique au niveau de
l'organisation de l'espace urbain (urbanisation accélérée,
pauvreté urbaine, pression sur les services sociaux, accroissement du
chômage urbain...). Alors que dans le même temps, le nombre de bras
au service de l'agriculture se trouve en nette diminution.
Au moment de la réalisation de la dernière
Enquête sur les Conditions de Vie en Haïti (2001), 12,1 % de la
population haïtienne ne résidaient pas dans leur département
d'origine, c'est-à-dire le département de naissance de l'individu
ou de résidence de la mère au moment de la naissance de
l'individu. La proportion de migrants est plus importante chez les femmes :
13,4 % des femmes ont migré de leur département d'origine au
département de résidence au moment de l'enquête, contre
10,7 % des hommes. On constate également une migration plus forte chez
les ménages les plus riches. 24,6 % des ménages les plus riches
ont quitté leur département d'origine contre 5,3 % de ceux issus
des ménages les plus pauvres.
La migration interne revêt des dimensions multiples.
Elle ne dépend pas spécifiquement des conditions de vie ou du
sexe du migrant.
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