2.2.- La situation démographique
Durant ces vingt dernières années, la population
haïtienne a connu un accroissement considérable. Selon les
projections démographiques calculées par l'IHSI conjointement
avec le Centre Latino-américain de Démographie (CELADE), à
partir du recensement de 1982, la population d'Haïti serait de l'ordre de
7 200 000 habitants en 1995 et atteindrait le seuil de 8 000 000 en l'an 2000.
Le taux de croissance démographique prévu était de 2 %
l'an. Les résultats définitifs du Recensement
Général de la Population et de l'Habitat, réalisé
en 2003, ont non seulement confirmé ces prévisions mais aussi
montré une évolution plus rapide de la population. Selon ces
résultats, la population totale d'Haïti est estimée à
8 373 750 habitants au 12 janvier 2003. Alors qu'en 1980, Haïti comptait
moins de 5 053 792 habitants. Au cours de la période 1980-2003, la
population haïtienne a été donc marquée par une
certaine accélération en termes de croissance, ayant
progressé suivant un rythme annuel de 2,5 % l'an.
2.2.1.- Structure de la population
La structure démographique par âge montre une
population jeune en Haïti. Les résultas définitifs du IVe
RGPH révèlent que plus de la moitié de la population
haïtienne a moins de 20 ans. Les moins de 15 ans représentent 40 %
de la population totale (dont 15 % de moins de 5 ans).
Par ailleurs, les actifs entre 15 et 64 ans révolus
représentent plus de la moitié de la population, soit 56 %.
De ce pourcentage, on compte 25 % de femmes en âge de
procréer (15 à 49 ans). Ce qui fait dire que les personnes
à charge représentent 44 % de la population.
32
La structure de la population suivant le sexe indique une
sous-représentativité des hommes par rapport aux femmes dans la
population haïtienne. Les femmes représentent en effet 51,8 %
d'âmes dans le pays, contre 48,2 % d'hommes.
GRAPHIQUE #...
Pyramide des âges de la population totale du pays
en 2003
Source : RGPH-2003
2.2.2.-Urbanisation
Le rythme d'urbanisation a connu une certaine
accélération au niveau de tous les départements
géographiques du pays durant la deuxième moitié du
vingtième siècle. Cette tendance a demeuré jusqu'au
début des années 2000.
L'Institut Haïtien de Statistique et d'Informatique fait
état d'un pourcentage de 40,8 % d'habitants vivant en milieu urbain en
2003, contre 24,5 % en 1982, date du précédent
33
recensement26. Ce rythme d'urbanisation est
favorisé par l'arrivée de nombreux migrants du monde rural dans
les villes, en quête de mieux-être. Une masse de gens partis
à la recherche de meilleures conditions de vie et de travail se
déverse dans les villes. Une extension de la superficie habitée,
accompagnée d'une prolifération des bidonvilles est
observée dans les grandes villes du pays (particulièrement
à Port-au-Prince, Cap-Haïtien, Gonaïves, St-Marc, Cayes). Des
quartiers suburbains comme ceux de Cité-Soleil à Port-au-Prince,
de la Fossette au Cap-Haïtien et de Raboteau aux Gonaïves sont
peuplés en grande partie de nouveaux venus, provenant du monde rural et
qui sont entassés dans des logements exigus et insalubres,
dépourvus le plus souvent des services les plus
élémentaires. La ville de Port-au-Prince,
particulièrement, connaît une extension anarchique, sans aucun
plan d'urbanisme. Dans beaucoup d'endroits, les maisons remplacent les
plantations ou les arbres, comme c'est le cas dans la plaine du Cul-de-Sac et
au morne l'Hôpital. Avec ces transformations non planifiées, la
ville de Port-au-Prince est davantage exposée aux catastrophes
naturelles.
En effet, près du quart de la population de l'Aire
métropolitaine de Port-au-Prince, soit 24,7 %, est constitué de
migrants27. De 1982 à 2003, la population urbaine totale du
pays a crû suivant un rythme de 4,7 % l'an, alors que le taux de
croissance a été de 3,5 % de 1971 à 198228.
Il convient toutefois de souligner que le critère de
définition de la zone urbaine n'a pas été le même en
1982 qu'en 2003. Au recensement de 1982, le critère de définition
de la zone urbaine était surtout administratif. Était
considérée comme urbaine, la population qui résidait dans
les chefs-lieux de communes et dans les quartiers, tels que définis par
la loi. En 2003, la définition adoptée a été plus
large. L'espace urbain inclut non seulement le chef-lieu de commune, tel que
considéré physiquement, mais aussi le prolongement du chef-lieu
en milieu rural.
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