INTRODUCTION GENERALE
L'éducation par la scolarisation est l'une des pierres
angulaires pour le développement de toute population. Son importance
dans tout processus de développement n'est plus à
démontrer. Cependant, elle a suscité de nombreuses
difficultés qui ont souvent été l'objet de plusieurs
conférences internationales ainsi que des études
particulières. Depuis la déclaration de l'Education Pour Tous
(EPT) en 1990 à Jomtien (Thaïlande), renouvelée en 2000
à Dakar (Sénégal) puis à New York en 2015, tous les
pays en développement cherchent à tout prix à scolariser
et maintenir à l'école leur population en âge scolaire.
Par ailleurs, malgré des efforts consentis dans la
scolarisation des enfants en Afrique subsaharienne au cours de ces
dernières années, on observe à côté de cette
forte scolarisation, un nombre élevé d'élèves qui
n'achèvent même pas le cycle primaire. En Afrique subsaharienne,
le problème d'abandon scolaire reste encore un défi à
relever de nos jours. K. Franck (Afrique Renouveau, ODD, 2015) précise
qu'après les 15 ans d'adoption des OMD : « presque tous les
enfants d'âge scolaire des pays d'Afrique subsaharienne sont certes
scolarisés, mais la cible n'a pas été atteinte. La
région est parvenue à maintenir un plus grand nombre d'enfants
à l'école ; pour autant un enfant sur trois décrochera
probablement ».
Pour ce qui est de la Guinée, des efforts remarquables
ont été également consentis ces dernières
décennies pour améliorer son système éducatif. De
nombreux programmes d'éducation ont été notamment mis en
oeuvre dans ce cadre et sont en cours d'alimentation. On a par exemple, le
programme EPT (Education Pour Tous) qui découle de l'Objectif
n°2 des Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD2), et de l'Objectif n°4 du
Développement Durable (ODD4), lequel vise à assurer
l'accès de tous à une éducation de qualité, sur un
même pied d'égalité, et promouvoir les possibilités
d'apprentissage tout au long de la vie. Ces derniers ont contribué
à l'élaboration et la planification des politiques
éducatives nationales qui à leurs tours, ont abouti au
relèvement des taux de scolarisation à tous les niveaux
d'enseignement, plus particulièrement celui du primaire. Au primaire, le
TBS qui était d'environ 30% en 1990, est passé à 70,3% en
2002 puis à 82,9% en 2014 (UNESCO, 2015).
Si de nos jours le système éducatif
guinéen est à la hauteur d'assurer une scolarisation effective
des enfants jusqu'à plus de 83% au niveau primaire, d'énormes
efforts restent
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 2
encore à mener pour assurer sa qualité : les
coefficients d'efficacité interne1 sont faibles à tous
niveaux : primaire (0,68) et secondaire premier cycle (0,53). Les taux
d'abandons et de redoublements scolaires y restent relativement à des
niveaux élevés. D'après le RGPH-3 de 2014, le taux
d'abandon scolaire des enfants de 6 à 14 ans est de 11,4% au niveau
national. Pour tous les cycles, les abandons sont plus récurrents au
niveau des classes d'examens (MEPUA, 2012/2013). Il ressort dans le rapport
synthétique de la Guinée sur l'EPT à l'horizon 2015 que
l'atteinte des objectifs de l'EPT en Guinée a été
compromise en partie par le taux élevé d'abandon scolaire surtout
celui des filles (MEPUA, 2015). Cela a suscité une relance d'un
programme d'après 2015 allant jusqu'à 2017 pour réaliser
la troisième phase du Programme EPT afin d'atteindre les objectifs
assignés à ce programme.
Cependant, la plupart des études sur l'abandon scolaire
montrent que ce phénomène dépend de deux principaux
groupes de facteurs : d'un côté ceux de l'offre scolaire et de
l'autre ceux de la demande scolaire. L'offre scolaire comprend non seulement
les infrastructures scolaires, mais aussi le personnel enseignant, le
matériel didactique, le contenu de l'enseignement, etc. La demande
scolaire quant à elle, se ramène aux décisions que
prennent les parents d'envoyer leurs enfants à l'école et de les
encadrer jusqu'au terme de leurs études. A titre d'illustration, KOBIANE
(2001) affirme que l'abandon scolaire dépend (et peut-être
même davantage) des facteurs individuels, familiaux et contextuels.
Les intérêts de cette étude se situent
principalement à deux niveaux : Premièrement, l'étude
contribue de manière détaillée et approfondie aux
connaissances sur l'abandon scolaire des enfants en Guinée et de ce
fait, elle permet de mettre à la disposition des décideurs
politiques, des informations fiables en vue de l'atteinte de l'ODD 4.
Deuxièmement, elle est intéressante dans la mesure où,
à notre connaissance, peu sont des études qui se sont
intéressées à ce phénomène dans le contexte
guinéen.
Le phénomène d'abandon scolaire des enfants, des
enfants très jeunes, âgées de 6 à 14 ans, continue
encore d'être répandu en Guinée. C'est face à cette
situation et dans le souci de contribuer aux connaissances des facteurs qui
expliquent cette persistance, que cette étude s'interroge à la
question de savoir : Quels sont les facteurs familiaux qui expliquent
l'abandon scolaire des enfants de 6 à 14 ans en Guinée ainsi que
leurs mécanismes d'action ? Pour répondre à cette
question, l'objectif de cette étude est de contribuer à une
amélioration des connaissances des facteurs explicatifs de l'abandon
scolaire en Guinée, et
1C'est le rapport entre le nombre d'années-
élèves théoriquement utiles pour former un nombre
donné de sortants et le nombre d'années- élèves
effectivement consommées (MEPUA, 2016).
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 3
par conséquent, identifier les facteurs clefs sur
lesquels des futures interventions pourront s'appuyer afin d'améliorer
la qualité du système éducatif guinéen. Plus
spécifiquement, il est question de :
? Décrire les variations de la proportion d'abandon
scolaire des enfants âgés de 6 à 14 ans selon les
caractéristiques des enfants et des chefs de ménages, les
caractéristiques économiques du ménage, et le contexte
socioculturel et économique ;
? Dresser le profil des enfants âgés de 6
à 14 ans vulnérables à l'abandon scolaire en Guinée
et ;
? Déterminer et hiérarchiser les facteurs
explicatifs de l'abandon scolaire des enfants âgés de 6 à
14 ans puis mettre en évidence les mécanismes d'action des
facteurs familiaux.
Ce travail est structuré en cinq chapitres. Le premier
consiste à présenter le contexte de l'étude dans sa
généralité en lien avec l'éducation scolaire. Le
deuxième a pour objectif de passer en revue des théories et
études antérieures portant sur l'abandon scolaire des
élèves ainsi que la présentation du cadre conceptuel et du
cadre d'analyse. Le troisième décrit les sources de
données, évalue leurs qualités et présente enfin
les méthodes d'analyse. Le quatrième porte sur les analyses
descriptives et le dernier, sur l'analyse explicative multivariée. On
retrouve à la fin du cinquième chapitre une conclusion
générale qui synthétise les principaux résultats,
suivie de quelques recommandations.
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 4
|