2.1.2.5 Les facteurs socioéconomiques
D'un côté malgré la gratuité de
l'école primaire ces dernières années, certaines
dépenses scolaires incombent encore aux familles. Les frais de
transport, l'achat des fournitures scolaires (tenues, cahiers, stylos, etc...)
sont bien des dépenses courantes que doivent assurer les parents
d'élèves. De l'autre côté, en s'appuyant sur
l'analyse économique de l'abandon scolaire selon Becker, où
l'éducation est considérée comme investissement, il est
claire que cela demande des dépenses financières. D'après
une étude menée par KHALID GUEDDARI (2015) en milieu rural du
Maroc, les participants dénoncent trois types de soutien familial
(notamment financier, intellectuel et affectif) qui conduiraient les enfants
à abandonner l'école. Les variables souvent utilisées dans
les analyses pour capter la position socioéconomique des ménages
sont le niveau de vie du ménage, le statut professionnel du chef de
ménage et bien d'autres (notamment le statut d'occupation, le type
d'emplois, le revenu du ménage, etc...).
LAMAH François Xavier Master Professionnel en
Démographie Page 49
? Le niveau de vie du ménage
La considération de l'enfant comme source de production
est souvent une conséquence de la pauvreté des ménages
(BONNET, 1993 ; Myers, 1992). Ce sont les ménages les plus pauvres qui
tenteront donc à soutenir moins l'éducation de leurs enfants. En
recherchant les facteurs explicatifs de l'abandon précoce de
l'école au Sud-Kivu en RDC, MURHI MIHIGO et BUCEKUDERHWA BASHIGE (2017)
ont montré qu'en majorité (58 %) des gens ont arrêté
les études pour cause des difficultés financières des
parents. Ce résultat confirme le lien étroit entre la
pauvreté des ménages et le décrochage scolaire dont
prône Bouchard en 2001. De même, l'étude de GUEDDARI (2015)
réalisée au Maroc montre que la pauvreté dans le milieu
rural au Maroc conduit les enfants à l'abandon scolaire
précoce.
AKOUÉ (2007) dans sa thèse « le
redoublement des filles dans les classes de 3e des écoles
secondaires de Libreville au Gabon » constate que le statut
socioéconomique des parents et leur niveau d'instruction sont favorables
à la réussite scolaire des leurs filles. De même, dans une
étude enquête réalisée par Fleuret et al. (1992) en
Ouganda sur 237 cas d'abandon scolaire, la raison fondamentale de la non
scolarisation des filles reste le manque de moyens financiers.
Nous avons souvent constaté dans nos
sociétés une distinction entre les pauvres et les riches. Et
cette classification a souvent servi de facteur de différenciation en
matière d'éducation. Nous pouvons à titre d'exemples citer
les oeuvres de Raymond Boudon (1973) « l'inégalité des
chances », de Pierre Bourdieu et Person (1964) « les
héritiers » et « la reproduction sociale »
de Bourdieu (1970). Ces travaux ont pris naissance de l'observation faite entre
les fils des cadres et les fils des domestiques en matière de
réussite scolaire.
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