Tableau 16 : Nombre et part des
interruptions de tâche en termes de durée.
Analyse : La plupart des IT
observées pendant la période de l'accueil du patient au bloc
opératoire a une durée moyenne inférieure à 1
minute.
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Interprétations
générales :
L'accueil des patients au bloc opératoire est une
période sensible ou l'IADE est concentré et
réactif aux différentes données relevées sur la
feuille d'anesthésie.
En effet, cette phase de conditionnement d'information est
primordiale pour la tenue de l'intervention et indispensable
pour réfléchir sur la stratégie anesthésique. C'est
le point de départ de toute expertise, du degré des risques
(liés au terrain notamment) qui peuvent intervenir en pré, per et
post-opératoire.
Se déroulant en plusieurs
étapes, l'IADE accompagné du MAR et très souvent
de l'IBODE, doit vérifier, sous forme de questions posées
à la personne opérée, si les paramètres
relevés au moment de la consultation pré-anesthésique
(réalisée 48h avant) correspondent avec l'identité sociale
et médicale du patient (antécédents médicaux et/ou
chirurgicaux, traitements en cours, allergies, etc...).
C'est aussi une période où les IBODEs se
préoccupent, dans leur domaine de spécification, de
vérifier la préparation cutanée et de clarifier une
multitude de données qui serviront à identifier certains risques
ou contre-indications, très utile à l'élaboration
des impératifs anesthésiques. D'où notre
étroite collaboration et l'importance des IT dans nos deux
professions.
Un total de 12 interruptions de tâche
a été observé lors de cette période. Elles ont
été retrouvées plus particulièrement dans les items
correspondant à la « recherche et l'analyse du terrain
patient » (41,67%) ainsi que la «
vérification de l'identité » (25%)
et la « recherche de critères d'estomac plein
» (25%).
La salle d'opération reste malgré tout l'espace
où l'on retrouve le plus d'IT (41,67%). Cependant, si
l'on regroupe l'espace dédié au couloir (33,33%)
et à la salle d'accueil (25%), nous remarquons
que ces zones extérieures sont également
sensibles aux interruptions. En effet, elles cumulent à
eux deux, 7 IT (soit un peu plus de 58%), ce
qui est supérieur au BO.
Ce constat m'amène à me poser la question
suivante : L'environnement en dehors de la salle d'opération serait-il
plus propice aux interruptions de tâche ? A travers cette observation et
ces résultats, j'ai pu faire le lien entre le fait qu'il y avait aussi
un nombre important de passage (non quantifié à
ce moment précis), des professionnels en transit dans les couloirs,
d'autres équipes qui amenaient le patient de la salle d'accueil vers
leurs BO respectifs et qui pouvaient constituer une source
supplémentaire d'interruption non envisagée au
début de mon enquête.
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Être exposé à un environnement ouvert avec
beaucoup de passages d'intervenants extérieurs semblerait
préjudiciable. En effet, lorsque nous observons plus
loin les résultats, nous pouvons constater que les IT d'ordre physique
(58,33%) et sonore (33,33%)
prédominent dans le classement des types d'interruptions. Les
professionnels de santé sont à nouveau à l'origine de ces
IT (75%).
Les IDE de salle (faisant fonction d'IBODE pour la plupart
durant mon enquête) enregistrent le plus grand nombre d'interruption
parmi les professionnels de santé en termes d'origine des IT
(44,44%). Suivent les IBODEs (33,34%) et les AS
(22,22%). Puisque l'accueil se fait en simultané, il
est fort possible que cela soit causé de façon collaborative,
sauf qu'au travers des motifs identifiés, une part importante des IT ont
été réalisées en dehors de raison professionnelle.
En effet, 66,67% des IT sont attribuées à des
discussions pour lesquels l'IADE ne se laisse finalement pas interrompre
(66,67%). Ces interruptions n'excèdent pas 1 minute de
conversation en générale (83,33%). Concernant
l'implication des AS dans cette observation, les IT sont à prendre en
compte avec la nécessité d'effectuer le décontaminage des
surfaces pendant que l'IADE s'entretenait avec le patient dans le couloir
à proximité de la salle d'intervention.