3.3.2 Identifier les interruptions de tâche
3.3.2.1 Les sources et les motifs des IT
Avec la multiplication des études sur l'interruption de
tâche, beaucoup ont pu être réunies sous forme de
catégories pour identifier les principales sources d'IT82.
Nous pouvons donc les classer de la manière suivante :
§ Les interruptions dites physiques et
verbales : Intervenant externe, professionnel de santé
ou patient lui-même.
§ Les interruptions dites internes
(psychologiques) : L'interrompu est son propre interrupteur.
§ Les interruptions dites environnementales
et/ou technologiques : Le bruit ambiant, la musique,
le téléphone qui sonne ou qui vibre, les alarmes des dispositifs
de surveillance.
En ce qui concerne les motifs, ils varient aussi selon leurs
degrés d'importances. Ils sont souvent liés à un apport
d'information supplémentaire (organisationnel) pour l'opérateur
et l'informer d'un évènement le concernant. Ces supports
informatifs se présentent sous forme de questionnement la plupart du
temps, entre deux soignants de même statut plus
généralement83. Cela peut aussi se présenter
sous forme d'aide de la part d'un professionnel ou provenant lui-même de
la personne qui est en train d'effectuer une tâche (ex: recherche
d'information). Cela débouche régulièrement sur
81 Huet E, Leroux T, Bussières JF.
Perspectives sur l'attention, les interruptions et le bruit en pratique
pharmaceutique. JCPH - Vol 64, N°4 - juillet 2011
82 Monteiro C, Ferreira Machado Avelar A, Pedreira
M-L-G., Interruptions of nurses'activities and patient safety: an integrative
literature review. REV.Latino-Am. Enfermagem, 2015 Jan-Feb.;23(1):169-79
83 Sorensen EE, Brahe L., Interruptions in clinical
nursing practice. John Wiley & Sons Ltd. Journal of Clinical Nursing, 23,
1274-1282, 2013.
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une conversation. Pour traiter de l'aspect technique, les
motifs peuvent être liés à une alarme de machine (scope,
perfusion, respirateur, etc.), une sonnette de patient dans le service (ex :
service de médecine), un téléphone ou tout autres bruits
itinérants au lieu où se déclare
l'interruption84.
Pour autant toutes les interruptions de tâche ne sont
pas nocives. Farzan SASANGOHAR & al le décrit lui-même :
« Malgré cette connotation négative, les
interruptions dans les soins en santé sont parfois des sources
d'informations importantes à prendre en compte, et une part
non-négligeable dans la prise de décision pour l'interrupteur et
la personne interrompue. Selon McGillis Hall & al.
(2008)85, 11% des interruptions survenues
en unité pédiatrique d'un hôpital d'enseignement, avaient
des effets positifs tels que l'aide à une infirmière, contribuant
à améliorer la sécurité et le confort du patient.
De manière collaborative, la communication participe
intégralement au travail des professionnels et sommes toutes elles
peuvent contenir des éléments critiques qui permettent d'assurer
la sécurité des patients86 ».
Au bloc opératoire, les informations qui circulent sont
indispensables à la bonne prise en charge des patients
opérés. Avec le fait qu'aucune salle ne peut fonctionner sans la
participation de tous les acteurs du bloc, il est difficile de ne pas «
vivre et travailler » avec les interruptions de tâche que
génère ce flux constant d'échanges interprofessionnels.
« Les interruptions de tâche lors de l'administration
des médicaments sont des situations banalisées qui souvent font
partie du quotidien et auxquelles les professionnels se sont
habitués87 ».
Dans un domaine comme l'anesthésie ou une part
importante des choix stratégiques dépendent aussi
d'éléments que nous apprenons parfois le jour de l'intervention,
il est impératif de se prémunir des « mauvaises »
interruptions au moment où la concentration de l'IADE doit être
préservée. C'est à partir de ces sources d'IT que peuvent
découler, malheureusement, certains évènements
indésirables.
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