CHAPITRE 1
LE BLE DUR COMME CEREALE MONDIALE ET CEREALE EN
ALGERIE
1.1 Introduction
Le blé dur (Triticum durum Desf.) occupe,
mondialement, la cinquième place après le blé tendre
(Triticum aestivum.L), le riz (Oryza sativa.L), le maïs
(Zea naydis.L) et l'Orge (Hortodeum vulgare.L) avec une
production de 35.7 millions de tonnes pour la campagne (2006-2007) [17].
Il a été domestiqué au Proche Orient
à partir d'une graminée sauvage (Triticum turgidum ssp.
Dicoccoïdes) qui a ensuite, progressivement, évolué
vers Triticum Turgidum ssp. Dicoccum puis vers Triticum durum
(blé dur cultivé). Les premières cultures apparaissent au
VIII millénaire avant J-C en Mésopotamie et dans les
vallées du tigre et de l'Euphrate (aujourd'hui l'Irak) dans la
région du croissant fertile [18].
1.2 Le blé dur : situation mondiale en chiffre
Sur la scène mondiale, la superficie moyenne
consacrée annuellement à la culture du blé dur,
s'étend sur environ 18 millions d'hectares, avec une production annuelle
moyenne approximative de 30 millions de tonnes [19].
L'union européenne est dans le monde, la
1ère région productrice de blé dur. La
production est concentrée en Italie, l'Espagne, la France et en
Grèce. La production de blé dur en 2007 a été
estimée à 8,3 millions de tonnes quant aux superficies, elles
étaient estimées à 3 millions d'hectares [17]. Cependant,
par rapport à la moyenne des 5 dernières années, celles-ci
ont diminué de 18,9%. Cette baisse est due à une nette diminution
des superficies Italienne et Espagnole au cours de cette période
[17].
15
Le Canada est le second producteur mondial de blé dur
en 2007 avec 1,95 millions d'hectares (Mha) consacré aux producteurs
canadiens de l'Ouest, soit 27% de plus qu'en 2006. Les rendements en 2007
étant estimés par statistique Canada à 1,87 t/ha [20].
La Turquie classée en troisième position
après l'Union Européenne (UE) et le Canada, a produit en moyenne
3.1 millions de tonnes (Mt) au cours des cinq dernières années
[17].
La production céréalière de l'Afrique du
Nord dépend largement des pluies hivernales, qui sont souvent
imprévisibles, par conséquent, la production de blé dur a
été des plus variables au cours de la dernière
décennie. Celle-ci a oscillé, entre 5,6 Mt, en 1996-1997 et 1,7
Mt, en 2000-2001. La production en 2006-2007 atteint 5,5 Mt [21].
Concernant l'Algérie, certaines superficies en
système intensif et soutenues dans le cadre du PNDA (Plan National de
Développement Agricole) dépassent souvent les 20 quintaux, alors
que dans d'autres qui se trouve dans la même zone ou dans des zones non
répertoriées comme zones céréalières, la
production est moins importante.
Pour le blé dur, la production nationale est
passée de 12.389.000 quintaux en 2001 à 15.521.000 quintaux en
2006, soit un accroissement de niveau de productivité de 45.38%. Comme
nous pouvons le voir sur la figure (1.1). Les rendements moyens
enregistrés, au cours de la période 2000-2006, ont connu une
progression dans le temps, passant de 11.14 q/ha en 2000-2001 à 15.2
q/ha en 2005-2006 (DSASI, 2007) [22].
16
16
14
12
10
8
6
4
2
0
Années
Rendement (q/ha)
2000-2001 2001-2002 2002-2003 2003-2004 2004-2005 2005-2006
Rendement (q/ha)
Figure 1.1 : Rendement de blé dur en Algérie (2001-
2006) [22] 1.3 Historique de recherches sur les blés en
Algérie
Au temps de l'occupation romaine, l'Afrique du Nord
fournissait à la capitale de l'empire une certaine quantité de
grains, représentant les impôts en nature versés par les
particuliers, ou les redevances des sociétés foncières, a
tel point que l'expression de « Grenier de Rome » s'est
imposée pour désigner l'Afrique du Nord [23].
Avec l'arrivée des arabes et plus
particulièrement pendant les règnes des dynasties
algériennes des Beni Ziri, des Beni Hammad et Beni Ziyane, un certain
élan fut donnée à l'agriculture en général.
Après l'effondrement du royaume Zianide , sous l'administration turque,
la culture du blé devient tellement importante que le gouvernement
algérien a entretenu des relations commerciales fructueuses avec les
différentes républiques italiennes et françaises. En
effet, à cette époque le blé Algérien sauva le
peuple français de la famine pendant les années terribles du
blocus, que fit subit l'Angleterre à la France, durant la guerre
Napoléon [24].
Jusqu'à 1830, l'Algérie n'avait pas
importé de blé pour sa subsistance. DUCELLIER, 1930 [25] a
décrit l'ensemble des espèces de blés cultivées en
Algérie, pour le blé dur barbu, vingt neuf variétés
ou populations ont été
17
mentionnées. Plus de 30 années après les
travaux de Ducellier, les mêmes variétés cultivées
de blé dur ont été mentionnées [23].
Il apparaît que les ressources génétiques
des blés étaient fortement diversifiées non seulement
à travers le nombre de variétés ou population
cultivées mais aussi et surtout à travers la très grande
diversité génétique au niveau de chaque population. Ces
populations de terroirs souvent très bien adaptées aux conditions
du milieu permettaient certainement de répondre aux
préoccupations et aux besoins locaux. Les pressions de sélections
appliquées localement à ce matériel ont permis de
maintenir un certain progrès génétique régulier
mais assez lent [26].
L'introduction de variétés
étrangères de blé dur et des autres céréales
en général, n'a été entreprise qu'au cours de la
campagne 1969-1970 par l'INRAA au niveau de CNRA (Centre National de Recherches
Agronomiques) d'El-Harrach et dans les stations régionales (Sidi
Bel-Abbès, El khroub, Sétif et Guelma) [27].
Au cours de cette période l'amélioration
génétique était à ses débuts et se confinait
dans la sélection massale ou dans le développement de cultivars
issus de croisements à l'intérieur de ces populations dont
l'objectif était l'obtention des plantes mieux adaptées aux
différentes conditions de culture [27]. La collaboration du CIMMYT
(centre international pour l'amélioration du blé et du maïs)
a été total et a rendu possible l'atteinte de nos objectifs.
Au courant des années 1980 l'ICARDA (centre
international pour la recherche agronomique en zones sèches) a
participé au développement de la recherche des grandes cultures
avec l'ITGC [27].
En 1995, l'ITGC a dressé un catalogue des principales
variétés de céréales (blés, orge, avoine,
triticale) cultivées en Algérie. Il est important de mentionner
que plusieurs variétés introduites et sélectionnées
localement ont été développées et parfois les noms
ont été algérianisés [26].
18
Pour le blé dur, 12 variétés sont
actuellement en productions, dont 5 dites améliorées, ont
été introduites depuis 1980. Sur l'ensemble de ce matériel
végétal en production, les variétés Hoggar (Vitron)
et Waha sont les plus demandées sur le marché. En effet, 65 % de
la superficie semencière totale était occupée que par les
deux variétés [28].
Depuis 2004, de nouvelles variétés performantes
ont été homologuées et introduites dans le programme de
multiplication de semences, il s'agit des variétés Cirta,
Gta/Dur... et Boussellem. En 2006, 3 autres variétés ont
été homologuées (ciccio, cannizio et colosseo) [28].
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