4.4 Prendre en compte l'adaptation en sélection
Quelle que soit l'adaptation recherchée,
spécifique ou générale, le sélectionneur peut
être amené à optimiser le dispositif expérimental
surtout pour les expérimentations en conditions non
contrôlées. D'une part, cette optimisation devra considérer
des aspects liés au milieu. Le sélectionneur peut en effet devoir
choisir un nombre de milieux représentatifs d'une région, d'un
pays, etc. Pour établir ce choix, il faut tenir compte de la
répétitivité des mesures de l'adaptation, de l'importance
des effets dus à l'année et des effets dus aux lieux et de la
possibilité de réduire le nombre de répétitions.
D'autre part, l'optimisation devra tenir compte des aspects liés
à l'hérédité du caractère lui-même
(héritabilité). Par exemple, il est nécessaire parfois
d'augmenter le pouvoir discriminant des milieux lorsque
l'héritabilité des paramètres est faible [97].
Il est couramment établi que l'interaction
génotype x année x lieu est plus importante que l'interaction
génotype x année, elle-même plus importante que
l'interaction génotype x lieu [105]. La présence de l'interaction
génotype x année peut être à l'origine du manque de
répétitivité des paramètres mesurant la
stabilité constatée pour bien des espèces [106]. À
volume expérimental constant, une variation du nombre d'années a
plus d'influence sur la précision des performances d'un génotype
entre milieux qu'un changement du nombre de lieux [105]. Par exemple, trois
années d'expérimentation dans trois lieux donnent une meilleure
précision qu'une seule année dans neuf lieux. Un équilibre
est donc nécessaire entre le nombre d'années et le nombre de
lieux. Toutefois, pour raccourcir la durée du processus de
sélection, le sélectionneur préfère augmenter de
façon importante le nombre de milieux pour compenser l'effet
année.
En présence d'interaction génotype x milieu, il
est économiquement plus intéressant de réduire les essais
à une seule répétition, ce qui permet d'augmenter le
nombre de milieux [107]. Ceci rejoint la constatation que la
37
réponse à la sélection n'est pas trop
affectée lorsque le nombre de répétitions n'est pas
optimal [108].
Lorsque le sélectionneur cherche à
réduire le nombre de milieux, la question de la
représentativité devient primordiale. Une stratégie
consiste à échantillonner les milieux de façon à
représenter un maximum de diversité pour les interactions
observées sur le caractère considéré. Le principe
consiste donc à choisir des lieux qui se ressemblent le moins possible
du point de vue de l'interaction [97].
Un milieu peut être dit favorable s'il apporte à
la plante tout ce dont elle a besoin pour avoir la production maximum. Un
milieu favorable doit donc tendre à supprimer les interactions. Par
contre un milieu pauvre avec des facteurs limitants, doit permettre
l'extériorisation d'interaction, les différents génotypes
n'ayant pas les mêmes exigences [67].
Pour un caractère comme le rendement d'une production,
les variances génétiques et environnementales sont en
général plus fortes en conditions favorables. En conditions
défavorables, la sélection portera plus sur « l'adaptation
» et en conditions favorables, elle portera sur le potentiel. Les deux
aspects doivent être considérés par le sélectionneur
[67].
La comparaison des performances génotypiques dans des
environnements favorables et non favorables à l'expression de haut
rendement en grains est souvent utilisée pour identifier les
génotypes tolérants et productifs. Cette approche vise à
minimiser les besoins de rendement en grains dans les environnements non
favorables relativement aux rendements obtenus en milieux favorables [100].
En outre, La variation des performances d'un cultivar
donné en fonction de la variabilité des milieux est la
résultante des variations cumulées par les composantes du
rendement et les caractères morphologiques de la plante, qui influent
directement ou indirectement sur l'élaboration du rendement. Dans les
régions méditerranéennes, les variations morphologiques
dues à l'interaction de
Selon le concept statistique et biologique, un génotype
stable est celui qui présente une faible variance due aux milieux :
stabilité de type I [115]. Le concept
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l'environnement mettent le sélectionneur dans une
situation complexe pour choisir et retenir à partir des composantes du
rendement [109].
En effet, L'amélioration de la tolérance aux
stress reste un objectif de sélection prioritaire dans les zones
soumises à une forte variabilité climatique [110]; [74]. FISHER
(1985) [111], mentionne que la tolérance aux stress doit être
quantifiée sur la base du niveau de productivité obtenue sous
contrainte.
De même, l'évaluation peut être
alternée entre les deux types de milieux, favorables et
défavorables dans les premières générations de
sélection et suivie d'une évaluation multilocale la plus large
possible dans les générations suivantes
[112].
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