Les principaux modèles fondamentaux de la croissance
économique ont vu le jour vers la première moitié du
vingtième siècle. Ils établissent des cadres
cohérents d'analyse qui permettent de saisir le processus de croissance
économique à long terme.
En effet, les modèles de croissance théoriques
constituent un vaste champ de recherche dont nous ne saurions avoir la
prétention d'aborder en totalité au cours de cette étude.
In fine, d'après l'étude présentée par
Balasubramanyam, Salisu et Sapsford (1996), la vaste littérature sur les
modèles de croissance peut être scindée en 3 groupes
distincts, à savoir les modèles postkeynésiens, les
modèles néo-classiques et les nouveaux modèles de
croissance.
Les modèles de croissance postkeynésiens sont
des modèles qui mettent l'emphase sur l'épargne et
l'investissement. Les premiers modèles de croissance keynésiens
ont été construits autour de l'hypothèse selon laquelle
l'accroissement quantitatif de la production est fonction de l'augmentation de
la quantité de capital et de travail disponible.
Roy Harrod (1939) et Evsey Domar (1946) sont les pionniers
qui ont formalisé cette approche dans la littérature sur les
modèles de croissance. En l'occurrence, le modèle
Harrod-Domar30, mis au point au départ de façon
autonome dans les années 1940, est l'un des premiers modèles
formalisé de la croissance. Selon ce modèle, la fonction de
production est exclusivement linéaire et dépend uniquement du
capital et de la main-d'oeuvre disponible (tiré de Ray, 1998):
Y= min (BK, áL) (1.5)
où Y est le taux de croissance ;
K est le capital disponible ;
L est la main-d'oeuvre disponible ;
B est la productivité du capital ;
á est la productivité de la
main-d'oeuvre.
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En effet, la formalisation d'Harrod-Domar se fixe pour
objectif de déterminer le taux de croissance nécessaire au
maintien du plein-emploi. Ainsi, le taux de croissance du capital investi, ?K,
se détermine par le taux d'épargne ainsi que par la
productivité marginale de ce capital :
?K= sè - ??é??
(1.6)
où s est le taux d'épargne ;
dép est le taux de
dépréciation du capital.
En tenant compte de l'hypothèse énoncée
ci-dessus, trois cas de figures peuvent se présenter au sein d'une
économie fermée, à un seul secteur, dépourvu d'Etat
:
? Si n = s/v : on a une croissance équilibrée de
plein emploi ;
? Si n > s/v : la production augmente à un rythme
inférieur à celui de la population active ?
croissance+chômage ;
? Si n < s/v : la production ne pourra être
atteinte, car les investissements ne peuvent être réalisés
(crise et déséquilibres permanents).
En somme, la pertinence de la réflexion
présentée par Harrod-Domar a été cependant
très critiquée par les néoclassiques. Pour ces derniers,
« le modèle tient ses limitations essentielles aux
hypothèses rigides et restrictives qu'il adopte sur les ratios fixes
capital/travail, capital/production et travail/production impliquant une
souplesse extrêmement réduite sur la durée
»31. Dans ce modèle, la croissance économique se
révèle être un processus fondamentalement instable («
sur le fil du rasoir »), qui ne peut être maintenu qu'à
l'aide de l'intervention de l'Etat. Toutes ces limites vont être
endiguées par les néo-classiques.
31 D. H. PERKINS, et al., «
Économie du développement », Bruxelles, De Boeck,
2008, p. 167.
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