C. Les nouveaux modèles de croissance
Les nouveaux modèles de croissance ont
été élaborés pour faire évoluer la
théorie de croissance exogène défendue par les
néoclassiques à une autre dite de croissance endogène. Ces
modèles se fondent sur l'hypothèse selon laquelle la croissance
économique est auto-entretenue sous l'effet de l'accumulation de capital
c'est-à-dire elle est endogène.
Dans ces conditions, la croissance économique est le
fruit de l'accumulation de différentes formes de capitaux (technologie,
expérience et savoir-faire, éducation et formation
professionnelle, infrastructures publiques...) émanant de la
rationalité du comportement des agents économiques. De ce fait,
le comportement rationnel des agents économiques produit des «
externalités positives ». Il résulte dès lors que la
croissance a un caractère auto entretenu et n'est plus soumise à
la loi des rendements décroissants du fait de la présence
d'externalité positive et de rendement d'échelle croissant (ex. :
découvertes scientifiques médicales vont améliorer
l'état de santé d'une population, cette amélioration va
permettre une augmentation de l'efficacité des travailleurs favorisant
la croissance économique).
La figure 1.1 ci-dessous illustre mieux la conception
endogène de la croissance présentée par tous les
théoriciens de cette thèse :
34 A. FORTIN, « Investissements directs
étrangers, effets de débordements et croissance économique
dans les pays en voie de développement », Mémoire de
maîtrise présenté à l'Université de
Montréal, Montréal, 2005, p. 41, [En ligne], URL :
http://biblos.hec.ca/biblio/memoires/m2005no3.pdf
(Consulté le 05 mars 2020).
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Croissance
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Augmentation des
|
|
Augmentation de
|
|
Augmentation de
|
économique
|
|
revenus
|
|
l'épargne
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|
l'investissement
|
|
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Augmentation de la productivité globale
des facteurs
|
|
Externalités positive sur l'ensemble des agents
économiques
|
|
Recherche, santé et éducation
|
Capital humain
|
Accumulation
du capital au sens large
|
Connaissance, brevet
|
Capital
Technologique
|
|
Capital public
|
|
Capital technique
|
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Figure 1-1 : Les modèles de croissance
endogène
Source : S. Phocas (s.d.), « Quelles sont
les sources de la croissance économique? » - Sources de
la croissance, chapitre 1, p. 14.
En s'inspirant du modèle de Römer (1986), Lucas
(1988) propose un modèle fermé de croissance de type
Cobb-Douglass (en omettant l'indice temporel) où il identifie à
côté du facteur travail, N, et du capital physique, K, un
troisième facteur de production : le capital humain,
qui impacte non seulement la productivité, mais aussi la croissance. En
combinant ces trois facteurs, il obtient une fonction de production qui se
définit comme suit35 :
35 T. MAZAMBA, « Le modèle de Lucas
(1988) » [En ligne], URL :
http://mazambatedie.free.fr/spip.php?page=imprimir_articulo&id_article=14
(Consulté le 11 juillet 2020).
19
Y = ??????(??????)??-??????? ? (1.9)
où uhN est le travail efficient ;
u est le temps de travail.
Outre l'accumulation du capital humain, il distingue un
quatrième facteur, « le savoir », qui est également
à l'origine de la productivité et de la croissance. Dans ce cas,
Lucas conçoit le savoir comme un bien rival et à
exclusivité d'usage36. A contrario, Römer (1990)
considère le savoir comme un bien non rival c'est-à-dire un bien
(connaissance) qui peut être utilisé simultanément par
plusieurs agents économiques.
Selon le modèle de Lucas, la croissance de long terme
est un arbitrage réalisé par les agents économiques entre
sacrifier leur utilité présente, tout en sachant que plus ils se
consacrent à la formation, plus leurs productivités et revenus
seront accrus.
Au regard de ce qui précède, il résulte
que les théoriciens de croissance endogène tentent d'expliquer la
croissance économique de façon plus efficace que ceux de
croissance exogène grâce à la connaissance, au capital et
à l'innovation. Les modèles développés dans ces
théories distinguent différents facteurs de production de la
croissance interne (capital humain, capital physique...) et externe (niveau des
infrastructures publiques...) qui peuvent faire apparaitre des
externalités positives, lesquelles vont profiter à l'ensemble des
agents économiques.
La nouvelle optique ainsi adoptée de la croissance
économique s'approche de la croissance inclusive.
36 M. MONTEILS, « Le savoir moteur de la
croissance économique: Tests empiriques des principaux modèles de
la croissance endogène », Forum de la régulation,
Paris, 2001, p. 2.
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