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Accord cadre d'Addis-Abeba : analyse de l'incidence sur la RDC six ans après.


par Modeste Keta Ibutshi
Université Nationale Pédagogique - Licence en relations internationales  2018
  

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2. LaSécurité régionale etinternationale

La sécurité internationale peut mieux s'expliquer par les différentes théories qui la composent.Les théories de sécurité internationales procèdent ainsi des politiques susceptibles d'annihiler les causes d'insécurité ou de la guerre. Ces causes d'insécurité sont constituées par des menaces à la sécurité de l'Etat. Celles-ci peuvent être36(*):

a. Nature diplomatiquesoit l'hostilité(H) qui résulte de la contradiction d'intérêt ;

b. Nature militaire, soit la force (F) par détention des moyens de guerre (armements) ;

c. Nature conjoncturelle, soit l'occasion (O) de mettre en oeuvre sa force. Cette conjoncture favorable se déduit du rapport de forces.

Ce faisant, la sécurité s'obtient par la combinaison de l'hostilité (H), avec la force (F) et avec l'occasion (O) : H x F x O. Cette combinaison donne lieu à trois stratégies majeures de sécurité, notamment : la stratégie de sécurité par accommodement, la stratégie de sécurité par le désarmement et la stratégie de sécurité par la dissuasion nucléaire.

La sécurité dans chaque stratégie s'obtient par une action contre l'un des éléments constitutifs de la combinaison. En d'autres termes, puisque la combinaison HXFXO donne lieu à une politique de puissance, la politique de sécurité se construit par la suppression d'un des éléments de l'équation. Concrètement, la stratégie de sécurité par accommodement annule (supprime) l'élément (hostilité) ;

Tandis que la stratégie de sécurité par le désarmement annule l'élément (force), et la stratégie de sécurité par la dissuasion nucléaire, annule l'élément (occasion)37(*).

L'élément commun à toutes ces stratégies reste le principe de la dissuasion. Celui-ci consiste à rendre rationnel l'emploi de la force. C'est à ce titre, du reste, que la dissuasion nucléaire est aujourd'hui la stratégie la plus en vue parce qu'elle vise seulement à empêcher qu'il soit fait usage d'une capacité de violence dont l'existence même n'est pas mise en cause. IL s'en suit un équilibre des forces humoristiquement appelé « équilibre de la terreur » et celui-ci en rendant irrationnel l'emploi de la force au regard du rapport coût-efficacité, stabilise les Relation Internationales.

De ces trois stratégies de sécurité, deux sont maximales : la stratégie par accommodement et la stratégie par désarmement. La stratégie par accommodement privilégie la négociation. Ici, c'est la décision conjointe qui est l'outil de la sécurité. Le désarmement aussi ne peut être qu'un résultat de la négociation. IL faut dire que ces deux stratégies de sécurité sont marginales et rares. Car, vouloir dissocier la poudre de l'étincelle, soit dissocier l'hostilité de la force peut sembler n'être qu'une vue de l'esprit. Mais en tant qu'aspiration, ces stratégies maximales auraient un avantage diplomatique.

Il reste donc une stratégie minimale de sécurité essentielle de la réclamation de sécurité réaliste. De composantes essentiellement militaires, la politique minimale de sécurité vise à neutraliser la force de l'adversaire en lui privant de l'occasion de mettre en oeuvre sa force. La sécurité dans ce cas résulte à la fois du caractère rationnel de l'adversaire et du rapport des forces, parce que, c'est ce rapport de force qui crée la dissuasion.

Les stratégies de sécurité des Etats oscillent ainsi entre la dissuasion (fréquente mais non optimale) et l'accommodement (optimal mais rare). Ceci veut dire que si les Etats ne voient pas la possibilité de changer l'intention d'un agresseur potentiel et n'ont pas l'intention de capituler devant cette agression, ils sont réduits à chercher de prévenir celle-ci. Ce qui signifie s'engager dans une politique connue sous le nom de dissuasion.

La sécurité par la dissuasion est celle qui prend son parti de la conjoncture opérée entre l'hostilité et la force. En effet, placé devant un fait accompli, l'adversaire n'a plus qu'à jouer sa sécurité sur O en ôtant l'occasion à l'ennemi de recourir rationnellement à ses forces : S=038(*).

La dissuasion nucléaire a pour fonction d'effrayer l'adversaire et de le faire hésiter ou douter de son propre calcul en confirmant de mettre en exécution l'intention de combattre. Les intentions de combattre ne changent pas, ni les moyens de passer à l'action encore moins le conflit sous-jacent entre les adversaires. En agissant de la sorte, la préoccupation des Etats dans leurs politiques étrangère ou dans leurs stratégies de paix est de consolider et de stabiliser la paix. La consolidation de la paix requiert de l'accommodement au sens le plus large du terme ; la préservation de la paix quant à elle, s'obtient par la dissuasion.

Les fondements psychologiques et matériels de la sécurité par dissuasion, sont donc, respectivement, la rationalité de l'adversaire et l'existence d'un rapport de force propre à dissuader.

Le paragraphe suivant fera l'objet des théories de la sécurité par la défense et la sécurité collective.

Contrairement à la relation de puissance, relation de guerre, la relation de sécurité est une relation de puissance négative. Car, alors que la politique de puissance s'entretient par l'hypothèse toujours permanente de la guerre par laquelle s'obtient la paix, la politique de sécurité, elle, s'efforce de rendre la guerre improbable. C'est la politique de l'ordre international qui poursuit des objectifs du milieu plutôt que ceux égoïstes de conquête ou d'expansion.

I.2.2.3 LES THEORIES DE LA SECURITE

IL existe plusieurs théories de la sécurité internationale, mais dans le cadre de notre étude, nous avons opté pour ces deux théories.

a. La sécurité par la défense

La notion complexe d'équilibre de forces implique le concept élémentaire de force nationale. Tandis que la violence est une épreuve de force (mise en oeuvre des moyens de contrainte), les moyens en eux-mêmes sont les divers éléments d'une force nationale. La sécurité par la défense consiste à doter une nation d'une posture d'invulnérabilité. Elle concerne essentiellement la protection par la force nationale. Les éléments matériels de la force nationale sont39(*) :

? La position stratégique ;

? Les ressources nationales ;

? Le potentiel militaire ;

? La qualité de la diplomatie ;

? La qualité du gouvernement ;

? Le moral de la population.

D'où la formule FP= (MC+E+M) x (D+V). Cette équation se lit ainsi : la force perçue à la somme des facteurs matériels que sont la masse critique (Territoire, population) additionnée des facteurs économiques (E) et de la puissance militaire (M) ; et à la somme des facteurs immatériels que sont la diplomatie cohérente (D) et la volonté de mettre en oeuvre (V), ces deux sommes étant en relation sous mode du produit. La notion du produit vise à souligner la dépendance des facteurs intangibles : une diplomatie de valeur nulle aurait pour effet d'annuler la totalité, c'est-à-dire la force nationale elle-même, en des valeurs positives attribuées aux éléments matériels.

b. La sécurité collective

La notion de sécurité collective, indépendamment de toutes les controverses que peut susciter son organisation concrète, est fort simple : il s'agit d'opposer à tout agresseur ou à tout auteur de rupture de la paix, quel qu'il soit, une réaction collective, une force plus puissante que la sienne, née de la solidarité du reste de la communauté internationale. Si donc dans le cas d'une alliance particulière, l'union fait la force semble mettre en bref, l'esprit de la sécurité collective, aucun Etat membre n'est cependant à priori exclu de cette union, autrement dit, la coalition ne se fait pas ici contre un Etat donné, aucun adversaire n'est désigné d'avance soit directement par sa participation à une action ennemie40(*).

Tout système de sécurité doit prévoir les moyens adéquats pour arriver à la suppression des causes d'insécurité (Cause de guerre, cas de guerre, menace de guerre, etc.) et à la garantie collective contre la guerre. C'est donc l'engagement pris par la collectivité des Etats de se liguer contre un quelconque Etat agresseur, en même temps que les actes accomplis pour remplir cette obligation, si besoin est, c'est l'existence d'une garantie internationale, celle-ci intervenant en cas d'agression comme moyen répressif, mais joue également comme moyen préventif, car son existence est cette certitude de punition pour l'agresseur éventuel. Pour ces deux raisons, elle est créatrice de sécurité41(*).

La sécurité collective renferme deux idées essentielles : d'abord que l'usage de la guerre, le recours à la force dans les rapports internationaux, est déclaré comme hors la loi ou connaît tout au moins des fortes limitations, ensuite que tout Etat qui violerait cette interdiction se verrait opposer la riposte du reste de la Communauté Internationale organisée pour le contraindre à la bonne conduite.

La sécurité collective conserve le système des Etats indépendants et se maintient dans le cadre de la sécurité par dissuasion (HXFXO) où la force est tenue en respect par la force elle-même. La séparation d'avec la doctrine concurrente de l'équilibre de force ne s'oppose pas à ce niveau-là ; elle intervient au plan type de rapport des forces mis en place afin de dissuader.

La sécurité collective fonde la paix internationale sur une structure de déséquilibre des forces qui favorise tout agresseur potentiel quel qu'il soit.

La problématique spécifique de la sécurité collective, c'est pour asseoir la paix sur la sécurité maximale (Que confère la supériorité des forces) et en étendre le bénéfice (Comme dans l'équilibre des forces) à tous les Etats ; c'est-à-dire, additionner l'efficacité de la dissuasion par la supériorité des forces. Elle est la seule structure de sécurité par dissuasion qui, par la supériorité écrasante des forces due à la mobilisation de la collectivité internationale tout entière, confère une sécurité maximale à tous les Etats42(*).

IL est revident que la sécurité, qu'elle soit nationale ou régionale, est un phénomène global. Elle implique la mobilisation des forces productives (Capacité de progrès et de survie), des forces culturelles (Capacité de cohésion), des forces militaires (Capacité d'action), en vue de réaliser des projets vitaux d'intérêt commun à une ou à plusieurs nations, tant dans leurs relations internes (Soutien politique) que dans celles avec l'extérieur (soutien diplomatique)43(*).

* 36BARREA, J.,Les Théories des Relations Internationales, éd. la Neuve, Louvain, 1997, p.102.

* 37BIYOYA, M., La Théorie des Relations Internationales ; Science politique de l'international,éd. IPRIS,Kinshasa, 2007, p.132

* 38BIYOYA, M., Op.cit., p.133.

* 39BARREA, J., Op.cit., p.137.

* 40MAMPUYA, K. T., Désuétude du système de sécurité collective, éd. PUZ, Kinshasa, 1986, p.6.

* 41MAMPUYA, K.T., Op.cit., p.7.

* 42BARREA, J., Op.cit., p. 192

* 43TSHIYEMBE, M. et BUKASA, M.,L'Afrique face à ses problèmes de sécurité et de défense, Ed. Présence Afrique, Paris, 1989, p.241.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984