La coopération entre le Japon et le Burkina Faso depuis la conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD) : 1993-2018.par Eric ZONGO Université Joseph Ki-Zerbo/Burkina Faso - Master en économie, population et relations internationales. 2019 |
III. La promotion de l'intégration économique sous- régionale.La promotion de l'intégration économique sous- régionale constitue le troisième secteur prioritaire de la coopération japonaise au Burkina Faso. Ce secteur prioritaire s'articule autour du développement des infrastructures régionales et sous-régionales. III.1. La question des infrastructures dans la coopération japonaise au Burkina Faso.Basé sur l'expérience de la reconstruction d'après-guerre du Japon et du développement des pays asiatiques, le Japon estime qu'il est impératif de développer les infrastructures y compris les routes, les ports ainsi que la distribution d'électricité pour permettre une croissance économique solide et durable279(*). Afin d'assurer la croissance stable du Burkina Faso qui dépend des pays voisins pour la circulation des marchandises et la fourniture de l'énergie, le Japon s'est récemment engagé à la promotion de l'intégration économique sous-régionale, en approfondissant la collaboration avec l'UEMOA par l'amélioration de l'efficacité des douanes aux frontières et l'aménagement des infrastructures sous-régionales280(*). Cela concrétise les objectifs de la Déclaration de Yokohama de la TICAD IV qui souligne le besoin fondamental de se concentrer sur le développement d'infrastructures de dimension régionale281(*). Pour le Japon, pour permettre une croissance économique solide et durable, il est impératif de développer des infrastructures de hautes qualités comme le développement des routes, de ponts, etc. Les initiatives du gouvernement japonais au Burkina Faso s'appuient sur la Stratégie de développement du secteur des transports au Burkina Faso 2011-2025. Celle-ci définit les axes stratégiques du sous-secteur routier interurbain et international comme suit: développer et renforcer le secteur routier, améliorer les conditions de transit sur les corridors internationaux, renforcer la gestion du patrimoine routier, renforcer la compétitivité des services de transport et consolider l'intégration régionale282(*). III.2. Les initiatives du Japon au Burkina FasoLors de la TICAD V, le gouvernement japonais a décidé de mettre en place 10 plans directeurs pour l'Afrique de 2013 à 2018. Pour l'Afrique de l'Ouest, le plan s'articule autour du concept d'agriculture de haute qualité, à commencer par l'anneau de croissance de l'Afrique de l'Ouest. L'anneau est lié à la construction d'autoroutes reliant les pays de l'intérieur aux pays côtiers. L'objectif est de réduire l'impact négatif de ce handicap géographique et de stimuler les activités économiques en faveur du développement283(*). Le projet de Plan directeur de l'aménagement des corridors pour l'anneau de croissance en Afrique de l'Ouest (WAGRIC-CACAO) est le projet phare de la coopération japonaise au Burkina Faso dans le domaine de la promotion de l'intégration économique sous-régionale. L'objectif du projet est de réaliser un développement économique équilibré entre les zones côtières et intérieures de quatre pays à savoir le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, le Ghana et le Togo (ces quatre pays sont désignés sous l'appellation de pays CACAO ou sous-région CACAO), en mettant à profit les potentiels de développement identifiés des secteurs économiques et en supprimant les goulots identifiés sur les corridors de transport. Il s'agit de permettre le développement de la région, renforcer la croissance économique et promouvoir l'investissement étranger en exploitant le maximum du potentiel de développement et des ressources des pays tout au long des corridors du projet. Le projet s'est occupé de quatre corridors internationaux dont trois au Burkina Faso. Il s'agit : du corridor Abidjan-Ouagadougou, du corridor Lomé-Ouagadougou, du corridor Tema-Ouagadougou284(*). L'UEMOA en partenariat avec le Japon a lancé d'autres projets, comme le projet « One Stop Border Post(OSBP) ou Poste frontalier à arrêt unique (PFAU) ». L'objectif est d'accélérer le dédouanement des marchandises importées d'un pays à l'autre et à faciliter les échanges commerciaux285(*). Pour faciliter l'intégration économique sous-régionale, le Japon a réalisé à travers l'Echange de notes avec l'UEMOA, le projet de l'interconnexion des systèmes informatiques douaniers entre le Togo et le Burkina Faso286(*). L'échange de note a été signé en 2016 avec une valeur 195 millions de yens soit environ 1 093 950 000 FCFA287(*). En 2017, dans le cadre de l'initiative EPSA, le Japon accorde pour la première fois un prêt de 56,59 millions de yens soit 317 469 900 FCFA au Burkina Faso pour le projet d'amélioration de la route nationale n°4 Gounghin-Fada N'Gourma- Frontière du Niger288(*). Ce projet doit être réalisé en collaboration avec la BAD. Le Japon a également financé le projet de réhabilitation de la rocade sud-est de Tansoba dans la ville de Ouagadougou à hauteur de 5,8 milliards de yens soit 32 543 610 000 FCFA289(*). Les travaux qui ont démarré en août 2019 doivent prendre fin en décembre 2021. En dehors de ces trois secteurs prioritaires, le Japon intervient dans d'autres domaines au Burkina. Il s'agit des secteurs de l'eau, de la santé, de l'environnement, d'envoi de volontaires et le commerce. Le prochain chapitre vise à analyser l'état de la coopération japonaise dans ces secteurs au Burkina Faso. * 279MOFA, 2013, op.cit, disponible sur www.mofa.go.jp/region/africa/ticad_20_fr.pdf. * 280 Ambassade du Japon au Burkina, 2015, op.cit., www.bf.emb-japan.jp/itrtopp_fr/orientation2015.html. * 281 D'après la Déclaration de Yokohama de la TICAD: vers une Afrique qui gagne, page 3. * 282Ministère des infrastructures, 2017, Étude préparatoire du projet d'amélioration de la rocade sud-est du boulevard de Tansoba au Burkina Faso, rapport final, Ouagadougou, JICA, p. 1-9. * 283 OUBIDA François, 2016, l'amélioration de l'infrastructure est la clé du succès pour aller de l'avant, disponible sur www.japantimes.co.jp/news/2016/08/26/national/improved-infrastructure-key-succes-moving-forward/&.XPJsZOm2w0M, consulté le 1er juin 2019. * 284 DOH Kowoma Marc, 2018, Burkina Faso : coopération japonaise au Burkina Faso- zoom sur quelques axes prioritaires, disponible sur www.allfrica.com/stories/201804230736.html, consulté le 4 décembre 2019. * 285 OUBIDA François, 2016, op.cit., disponible sur www.japantimes.co.jp/news/2016/08/26/national/improved-infrastructure-key-succes-moving-forward/&.XPJsZOm2w0M, consulté le 1er juin 2019. * 286 FUTAISHI Masato, 2017, op.cit, www.sidwaya.bf<m.14910-cooperation-japon-burkinafaso. * 287 MOFA, 2017, Echange de notes concernant les subventions pour l'exercice 2016 par région, disponible sur www.mofa.go.jp/policy/oda/page25_000020.html&africa/, consulté le 13 août 2019. * 288 D'après le rapport 2018 de la TICAD, page 15. * 289 MOFA, 2018, Echange de notes concernant les subventions pour l'exercice 2017 par région, disponible sur www.mofa.go.jp/policy/oda/page22e_000804.html&africa, consulté le 13 août 2019. |
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