La coopération entre le Japon et le Burkina Faso depuis la conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD) : 1993-2018.par Eric ZONGO Université Joseph Ki-Zerbo/Burkina Faso - Master en économie, population et relations internationales. 2019 |
II. L'agricultureL'agriculture constitue le deuxième secteur prioritaire de la coopération japonaise au Burkina Faso. II.1. L'agriculture dans la politique de coopération du Japon au Burkina Faso.Le secteur agricole est un domaine prioritaire de l'assistance du Japon, avec l'objectif de développer le pouvoir potentiel de l'agriculture en Afrique et y assurer la sécurité alimentaire. Le Japon a soutenu le Programme détaillé de développement de l'agriculture africaine (PDDAA) en encourageant la récolte du riz en Afrique y compris NERICA depuis la TICAD II248(*). Dans le cadre de la politique d'aide du gouvernement japonais au Burkina Faso, la JICA vise le développement humain et social à travers un appui orienté sur divers secteurs prioritaires parmi lesquels l'agriculture. Elle déploie sa coopération pour répondre aux problèmes liés au développement agricole et rural au Burkina Faso249(*). Pour le Japon, il est impérieux de développer ce secteur afin de permettre aux populations de bénéficier pleinement des opportunités dont il regorge. Les initiatives japonaises dans le domaine agricole se font à travers la Politique nationale de développement du secteur rural (PNSR), notamment le PNSR II et visent principalement le développement des filières agricoles porteuses, le renforcement des capacités des acteurs du monde rural et le développement des aménagements hydrauliques250(*). Mais le Japon accorde avant tout de l'aide alimentaire au Burkina Faso. II.2. L'aide alimentaireSelon la FAO, l'aide alimentaire s'étend à l'ensemble des vivres reçus à des fins de développement, y compris les financements (dons et prêts) destinés à leur achat. Les composantes essentielles de cette aide sont les vivres contre travail et ceux vendus pour financer les projets de développement. Au Burkina Faso, l'aide alimentaire est intégralement accordée sous forme de dons251(*). Parmi ses partenaires au développement, le Japon est l'un des principaux fournisseurs. Pour le Japon, la sécurité alimentaire est un élément essentiel pour la stabilité sociale d'un pays. Connue sous le sigle de « KR », l'aide alimentaire japonaise fait l'objet depuis 1982 de divers échanges de notes252(*). Le Japon accorde deux types d'aides alimentaires au Burkina Faso : le KR I et le KR II. · L'aide alimentaire KRI Le Japon accorde chaque année de l'aide alimentaire KR I au Burkina Faso. Cette aide est octroyée d'une part sous forme financières, d'autre part, sous forme de vivres. L'aide alimentaire japonaise, faite essentiellement de riz et dont la gestion est confiée à la Société nationale de gestion du stock de sécurité alimentaire (SONAGESS), est destinée à réduire les importations du riz, à financer les projets de développement et à permettre aux populations vulnérables d'avoir accès à cette denrée. En effet, dans le cadre du fonds de contrepartie, une grande partie de l'aide alimentaire japonaise est monétisée et les produits de la monétisation servent à financer des projets de développement au Burkina Faso. Le reste est réservé à la distribution gratuite aux personnes vulnérables et aux associations caritatives oeuvrant dans le social. En 2018, par exemple, le Japon a octroyé 5242,02 tonnes de riz au Burkina Faso pour le compte du KR 2016. Selon le ministre de l'agriculture de l'époque, Jacob Ouédraogo, environ 4200 tonnes de ce riz sera monétisé afin de financer des projets du Plan national de développement économique et social (PNDES), le reliquat, soit environ 1000 tonnes sera réservé aux personnes vulnérables et aux associations caritatives253(*). La coopération japonaise admet donc la vente d'une partie de ses dons alimentaires afin de collecter des fonds destinés exclusivement au financement des projets de développement social et humanitaire à la base, raison pour laquelle il n'est pas rare de voir des sacs de riz, marqués « de la part du peuple japonais », vendus dans les boutiques au Burkina Faso. Dans sa politique de coopération, le Japon a fait le choix d'une approche de coopération qui prend en compte les défis auxquels l'Afrique est confrontée, capable de ralentir sa marche vers le développement et la réduction de la pauvreté extrême. Cette stratégie de coopération permet de soulager les souffrances des populations par l'amélioration de leurs revenus et la réduction du déficit alimentaire à travers la relance du secteur agricole et l'appui à d'autres secteurs prioritaires tels que l'aménagement des infrastructures, l'assainissement de l'eau dans les milieux ruraux, la construction des centres de santé et d'écoles. Par exemple, les fonds de contrepartie issus de l'aide alimentaire japonaise254(*) ont permis le financement du projet pour le développement de la production du maïs hybride Bondofa de campagne sèche 2011-2012 d'un montant de 1100000000 Francs CFA255(*), de la construction du pavillon du Soleil Levant du Salon international de l'artisanat de Ouagadougou (SIAO) d'un montant de 1,7 milliards de FCFA en 2012 et la construction de l'échangeur de l'ouest à hauteur de 12 273 103 262 de FCFA 256(*). Tableau 6: L'aide alimentaire japonaise au Burina Faso de 1994 à 2018
Source : Elaboré par nous-mêmes à partir des échanges de note. Au total, entre 1994 et 2018, le Japon a accordé 9,5 milliards de Yens d'aide alimentaire au Burkina Faso, soit environ 48 247 800 0000 FCFA. · L'aide alimentaire KR II C'est un programme similaire au KR I, à la différence que le produit concerne des intrants et des matériels agricoles à la place du riz265(*). C'est un don qui s'inscrit toujours dans la perspective de l'amélioration de la sécurité alimentaire et de la lutte contre la pauvreté. L'objectif étant d'assurer une production suffisante et de qualité. Depuis 1994, le Burkina Faso a bénéficié de plusieurs projets d'aides à la production alimentaire accrue et aux agriculteurs défavorisés: 1994-1998 (2,1 milliards de Yens, soit 11 781 000 000 FCFA), 2000-2001 (600 millions de Yens, soit environ 3 366 000 000 FCFA), 2007 (330 millions de Yens soit environ 1 851 300 000 FCFA)266(*). Le Japon soutient également le Burkina Faso à travers les projets de coopération technique. * 248 MOFA, 2013, op.cit, disponible sur www.mofa.go.jp/region/africa/ticad_20_fr.pdf. * 249 JICA, sd, Les grandes lignes des activités: l'agriculture, disponible www.jica.go.jp/burkinafaso/french/activities/activity04.html, consulté le 18 janvier 2018. * 250Idem. * 251 Cité par Ministère de l'économie, des finances et du développement, 2018, coopération pour le développement, Ouagadougou, page 70. * 252 MAECR, 2013, op.cit., KM126. * 253 Ministère de l'agriculture et des aménagements hydro-agricoles, 2018, coopération Burkina Faso-Japon : plus de 5000 tonnes de riz pour la sécurité alimentaire, disponible sur www.agriculture.bf/jcms/fra_9379/fr/, consulté le 29 juillet 2019. * 254Pour un aperçu plus global des projets du Fonds de contrepartie, confère SANKARA Salif, 2018, la contribution de la coopération japonaise au développement économie et social du Burkina Faso : cas de l'aide alimentaire « KR 1 », mémoire de fin de cycle, INHEI,90 pages. * 255MAERC, 2013, op.cit., KM126. * 256 AIB, 2013, Burkina : plus de 2 milliards de FCFA d'aide alimentaire offert par le Japon, disponible sur www.news.aouaga.com/h/17678.html, consulté 26 novembre 2019. * 257 Taux de change annuel entre le FCFA et le Yen en 1994 : 1 Yen= 5,38 FCFA (repéré sur www.stat-niger.org/annuaire/monaie/monaie1.htm, consulté le 20 avr. 20). * 258 Taux de change annuel entre le FCFA et le Yen en 1995 : 1 Yen= 5,33 FCFA. * 259 Taux de change annuel entre le FCFA et le Yen en 1996 : 1 Yen= 4,71FCFA. * 260 Taux de change annuel entre le FCFA et le Yen en 1997 : 1 Yen= 4,85FCFA. * 261 Taux de change annuel entre le FCFA et le Yen en 1999 : 1 Yen= 5,43FCFA. * 262 Taux de change annuel entre le FCFA et le Yen en 2001 : 1 Yen= 6,04FCFA. * 263 Taux de change annuel entre le FCFA et le Yen en 2005 : 1 Yen=4,80FCFA * 264 Les autres valeurs ont été repérées dans les médias. * 265SANKARA Salif, 2018, op.cit, page 73. * 266MOFA, Exchange of notes in fiscal year by region, disponible sur www.mofa.go.jp/policy/oda/page.html&Africa. |
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