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La coopération entre le Japon et le Burkina Faso depuis la conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD) : 1993-2018.par Eric ZONGO Université Joseph Ki-Zerbo/Burkina Faso - Master en économie, population et relations internationales. 2019 |
I.2. Les enjeux diplomatiquesLa reconnaissance internationale du Burkina Faso par le Japon date de 1960. En 1962, le Burkina Faso a établi une représentation diplomatique à Tokyo aussitôt fermée en 1966 pour des raisons budgétaires. Depuis cette date jusqu'au milieu des années 1990, malgré la signature de quelques traités bilatéraux, les relations entre les deux pays ont pris un caractère beaucoup plus symbolique que pratique. En effet, les deux pays n'ont pas procédé à des échanges de représentations résidentes. Les intérêts du Burkina Faso au Japon ont été gérés par son ambassadeur résident en Chine175(*). Pour ce qui est du Japon, ses intérêts au Burkina Faso étaient gérés par son ambassadeur en Côte d'Ivoire176(*). Ce n'est qu'en 1979 que la Haute-Volta et le Japon ont décidé d'établir des rapports de coopération bilatérale à la suite d'un certain nombre d'échanges de notes qui en situent les domaines d'actions effectives : le domaine médical et le domaine alimentaire177(*). A partir des années 1990 avec la TICAD, les relations entre les deux pays se sont considérablement renforcées avec la réouverture de l'Ambassade du Burkina Faso au Japon en 1994 et le début des échanges de visites entre les dirigeants des deux pays. Par ailleurs, le Burkina Faso soutient la position fondamentale du Japon sur la scène internationale. Le Burkina Faso soutient la candidature du Japon à un siège permanent au Conseil de sécurité et au sein des organisations internationales du Système des Nations-Unies178(*). En 2018, lors du sommet Japon- Burkina Faso, les dirigeants des deux pays ont réaffirmé leur position commune et leur coopération en vue du lancement rapide de négociations sur la réforme du Conseil de sécurité fondée sur un texte179(*). Le Burkina Faso soutient également l'approche japonaise des questions de politiques internationales axées sur la consolidation de la paix et la sécurité internationale à travers la TICAD. Il soutient également les diverses initiatives du gouvernement japonais notamment « l'initiative BEGIN ; l'initiative « Cool Earth 50 » et l'initiative japonaise au sein du G8 « Solidarité entre le Japon et l'Afrique : action concrètes 180(*)». Le Burkina Faso et le Japon coopèrent pour la stabilité et la paix dans le monde181(*). Quant au Japon, il soutient les efforts du Burkina Faso en vue de la consolidation de la paix en Afrique et ailleurs dans le monde. Pour le Japon, la stabilité du Burkina Faso est essentielle et indispensable pour celle de l'ensemble de la région ouest africaine au vue des phénomènes comme le terrorisme qui menace la région du Sahel. Stratégiquement bien placé sur le plan géopolitique, le Burkina Faso constitue également un pont entre les pays du Sahel à l'intérieur du sous-continent et les pays du Golfe de Guinée car il joue un rôle essentiel dans l'intégration économique et douanière sous-régionale182(*). Comme nous l'avons vu ci-haut, les relations diplomatiques entre le Burkina Faso et le Japon datent de 1962. Depuis les années 1990, elles sont excellentes et fructueuses. Malgré tout, il faut attendre 2007 pour voir la première consultation bilatérale entre les deux pays. Ces consultations bilatérales se sont tenues à Tokyo du 11 au 13 juillet 2007183(*). Le Burkina est le premier pays d'Afrique francophone et le troisième après l'Afrique du Sud et le Nigeria à tenir des consultations bilatérales avec le Japon184(*). Cette rencontre a permis aux deux parties de passer en revue les différents aspects de la coopération existante et d'entrevoir la possibilité de son élargissement185(*). En 2009, le Japon a ouvert une Ambassade résidente au Burkina. Depuis cette date, la coopération bilatérale entre les deux pays s'est davantage renforcée par la signature de nombreux échanges de notes relatifs au financement de projets dans divers domaines. Il s'agit notamment des secteurs de l'agriculture, de l'éducation, de la santé, de l'environnement, de la coopération décentralisée, du développement des infrastructures, du commerce, de la coopération technique, du secteur de l'eau et de l'assainissement. En marge de la TICAD, le Burkina Faso et le Japon tiennent également des réunions bilatérales Tableau 1: Visites des Hommes d'Etat du Burkina Faso au Japon depuis 1993.
Source : Elaboré par nous-mêmes Dans son intervention à la tribune de la TICAD IV en 2008, le Président Blaise Compaoré s'est réjoui du bon niveau de la coopération entre le Burkina Faso et le Japon. Il a souligné que le Burkina Faso a toujours bénéficié de l'appui multiforme du Japon dans son processus de développement et s'est félicité de l'ouverture très prochaine à Ouagadougou d'une Ambassade résidente du Japon qui vient confirmer la vitalité et l'exemplarité de la coopération entre les deux pays186(*). Tableau 2: Visites des Hommes d'Etat du Japon au Burkina Faso depuis les années 2000
Source : Elaboré par nous-mêmes Au cours de son séjour au Burkina Faso en 2013, Madame Abe Toshito a visité l'école des eaux et forêts de Bobo-Dioulasso et les réalisations agricoles. A cet effet, elle a reconnu les énormes potentialités du Burkina Faso et s'est engagée aux côtés des Burkinabè qu'elle a qualifiés de « sérieux et travailleurs » à travailler ensemble pour développer le secteur agricole.187(*) En octobre 2017, le nombre de ressortissants japonais résidant au Burkina Faso était de 92. En juin 2018, 68 ressortissants burkinabè vivaient au Japon188(*). * 175 CNA, 2014, Japon : correspondance générale 1985-1986, 20V196. * 176 CNA, 2014, Idem. * 177 CNA, 2009, rapport de coopération bilatérale entre la Haute-Volta et le Japon, 43V264. * 178 MAECR, 2013, op.cit., KM126. * 179 MOFA, 2018,Japan-Burkina Faso summit meeting, disponible sur www.mofa.go.jp/af/af1/bf/page4e_000948.html, consulté le 23 mars 2019. * 180 MAECR, 2013, op.cit., KM126. * 181 FUTAISHI Masato, 2017, op.cit., www.sidwaya.bf<m.14910-cooperation-japon-burkinafaso * 182 Ambassade du Japon au Burkina Faso, 2015, op.cit., www.bf.emb-japan.jp/itrtopp_fr/orientation2015.html. * 183 MOFA, 2007, Japan- Burkina Faso bilateral consultation (outline), disponible www.mofa.go.jp/announce/announce/2007/7/1174493_830.html, consulté le 23 mars 2019 * 184 MAECR, 2013, op.cit., KM126. * 185 DCPM/MAECR, 2007, Coopération Burkina Faso/Japon: bientôt les premières consultations bilatérales!, disponible sur www.lefaso.net/spip.phpp?article21727, consulté le 1er juin 2019. * 186 Cité par Issouf Zabsonré, 2008, « Blaise Compaoré déplore la faiblesse de l'aide publique au développement à la tribune de la 4ème TICAD au Japon », in le faso.net, disponible sur www.lefaso.net/spip.php? article27075, consulté le 1er juin 2019. * 187 Présidence du Faso, 2013, la vice-ministre parlementaire chargée des Affaires étrangères du Japon a échangé avec le Président du Faso sur le suivi de la TICAD V, disponible sur www.news.aouaga.com, consulté le 4 octobre 2019. * 188MOFA, 2019, Japan-Burkina Faso relations (basic data), disponible sur www.mofa.go.jp/region/Africa/Burkina_f/data.html, consulté le 15 février 2020. |
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