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La coopération entre le Japon et le Burkina Faso depuis la conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD) : 1993-2018.par Eric ZONGO Université Joseph Ki-Zerbo/Burkina Faso - Master en économie, population et relations internationales. 2019 |
II. Les principes fondamentaux de la TICADLa TICAD se caractérise ensuite par ses principes fondamentaux qui en constitue ses philosophies de base. II.1. L'appropriationSelon le Petit robert, l'appropriation est l'action de s'approprier une chose, d'en faire sa propriété. La Déclaration de Paris sur l'efficacité de l'aide au développement de 2005 définit l'appropriation comme un concept dans lequel « les pays partenaires exercent une réelle maîtrise sur leurs politiques et stratégies de développement et assurent la coordination de l'action à l'appui du développement ». Selon la Déclaration, les pays partenaires doivent s'engager à: ü s'investir du premier rôle dans l'élaboration et la mise en oeuvre de leurs stratégies nationales de développement, dans le cadre d'un vaste processus de consultation, ü traduire ces stratégies nationales de développement en programmes opérationnels axés sur les résultats intégrant une hiérarchisation des priorités, tels qu'exprimés dans les cadres de dépenses de moyen terme et les budgets annuels, ü assurer la conduite de la coordination de l'aide à tous les niveaux et des autres ressources affectées au développement, en consultation avec les donneurs et en encourageant la participation de la société civile et du secteur privé. Quant aux pays donateurs, ils doivent respecter le rôle prédominant des pays partenaires et les aider à renforcer leur capacité à exercer ce rôle147(*). Depuis son lancement en 1993, la TICAD n'a cessé de préconiser que l'appropriation par les pays africains de leur processus de développement est indispensable au développement de l'Afrique. La TICAD a contribué à vulgariser les notions d'« appropriation » et d'«auto-assistance » en tant que facteurs clés de développement. Ces deux concepts, auxquels la société japonaise croît profondément en raison de l'histoire de son propre développement, ont depuis longtemps marqué les programmes d'aide du Japon148(*). Se penchant sur sa propre expérience en matière de développement depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Japon, pays dépourvu de ressources naturelles, accorde une grande importance aux ressources humaines. Par exemple, la précision, le travail d'équipe et l'approche «Kaizen »(le processus de travail continu des travailleurs sur site pour améliorer la productivité) ont permis au Japon de créer des produits de haute qualité149(*). Le Japon est convaincu depuis longtemps que des ressources hautement qualifiées sont la clé du développement et de la diversité économique en Afrique. Pour le Japon, l'assistance étrangère, sous forme de ressources financières et de connaissances technologiques, ne sert qu'à stimuler ces forces, là où c'est nécessaire. Le développement ne peut donc être que le résultat des efforts des pays bénéficiaires eux-mêmes. Les pays en développement doivent gérer leurs économies avec pour principal objectif d'atteindre l'autonomie le plus tôt possible150(*). C'est ce que souligne Tsutomu Kimura, représentant de la JICA pour l'Afrique de l'Ouest: « Nous ne souhaitons pas donner du poisson aux Africains, nous préférons leur apprendre à pêcher»151(*). La TICAD a été un grand soutien au NEPAD. L'idée même du NEPAD remonte à la TICAD I de 1993. La Déclaration de Tokyo de la TICAD I recommandait que les pays africains prennent l'initiative, en élaborant et en mettant en place leurs propres stratégies de développement, avec le soutien de leurs partenaires au développement. Le NEPAD a été créé en 2001 au sommet de l'OUA, en tant que vision unique pour l'avenir de l'Afrique. La TICAD soutient pleinement le NEPAD et offre une tribune sans précédent pour un dialogue de haut niveau et la recherche d'un consensus, afin d'appuyer cet effort dirigé par les Africains eux-mêmes152(*). La TICAD III par exemple s'est engagé pleinement à créer une synergie totale entre les travaux de la TICAD et les approches du NEPAD. Cela a été matérialisé par l'adoption de Cadre politique conjoint TICAD-NEPAD pour la promotion du commerce et de l'investissement entre l'Afrique et l'Asie en 2004153(*). * 147 D'après la Déclaration de Paris sur l'efficacité de l'aide au développement de 2005, page 5 * 148Scarlett Cornelissen, 2004, « la politique japonaise de moyenne puissance et l'Afrique un cadre d'analyse pour dépasser l'opposition réactif-proactif » in revue Afrique contemporaine, n°212, Paris, De Boeck supérieur, page 44. * 149GOVERNMENT OF JAPAN, 2016, Foresting high-skilled human resources toward economic diversification, disponible sur www.washingtonpost.com/sf/brand-connect/wp/enterprise/japan-in-africa/ consulté le 4 février 2019. * 150CORNELISSEN Scarlett, 2004, op.cit, page 44. * 151 Cité par CASLIN Olivier, 2016, « Afrique-Japon: quand coopération rime avec concentration», in Jeune Afrique, disponible sur www.jeuneafrique.com/mag/345773/politique/afrique-japon-cooperation-rime-concentration/, consulté le 18 Janvier 2019. * 152 TICAD, 2003, TICAD et NEPAD, disponible sur www.ahibo.com/ticad/ticad-nepad.htm., consulté le 23 avril 2020 * 153 MOFA, 2004, Cadre politique conjoint TICAD-NEPAD pour la promotion du commerce et de l'investissement entre l'Afrique et l'Asie, disponible sur www.mofa.go.jp/region/africa/ticad/aatic/joint0411.pdf, consulté le 23 avril 2012 |
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