La coopération entre le Japon et le Burkina Faso depuis la conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD) : 1993-2018.par Eric ZONGO Université Joseph Ki-Zerbo/Burkina Faso - Master en économie, population et relations internationales. 2019 |
2. Définition des termes clésPlusieurs termes clés retiennent ici notre attention: La coopération : Etymologiquement, le terme coopération vient du latin « cum » avec, et de « operare », faire quelque chose, agir. De façon générale, la coopération est l'action de coopérer, de participer à une oeuvre, un projet commun. La coopération est la capacité de collaborer à cette action commune ainsi que les liens qui se tissent pour la réaliser. La coopération internationale se réfère donc aux activités qui nécessitent la coordination des efforts par deux ou plusieurs acteurs afin de réaliser et d'accroître les intérêts communs. En d'autres termes, la coopération implique une relation construite par ces acteurs (États dans notre cas), unis par une motivation et une vision communes, et ayant pour but de planifier et de réaliser ensemble des objectifs clairement définis et acceptés. Elle suppose un respect des différences, une confiance réciproque, un engagement réel des parties, une responsabilité partagée, ainsi qu'une disposition au dialogue permanent. La TICAD : la TICAD est l'acronyme de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (Tokyo International Conference on African Development). Elle a été lancée en 1993 afin de promouvoir un dialogue politique de haut niveau entre les dirigeants africains et leurs partenaires dans le domaine du développement. Les réunions sont organisées sous la houlette du Japon et co-organisées par les Nations Unies, le Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD), la Banque mondiale et la Commission de l'Union africaine (CUA). Avec la TICAD, le Japon occupe une place centrale dans la promotion d'un dialogue international pour le développement de l'Afrique. Les approches de la TICAD incluent : les concepts d'appropriation africaine et de partenariat international, la promotion de la participation des organisations internationales, des pays donateurs, du secteur privé et des organisations de la société civile, et enfin la mise en place de mécanismes de suivi pour mesurer l'avancement des programmes et des projets9(*). 3. La problématiqueLe Japon a été le premier donateur d'Aide publique au développement (APD) au monde durant les années 1990 malgré l'éclatement de la bulle spéculative en 1991 et la crise économique qui s'en suit. Avec le changement du contexte stratégique international dû à la chute du bloc communiste, le Japon repense alors sa politique étrangère et s'interroge sur le rôle à donner à son APD. Le nouveau contexte international permet au Japon de définir une ligne directrice pour son action, c'est-à-dire le développement des pays bénéficiaires. Le Japon énonce alors les principes qui doivent guider son APD dans sa charte de 1992. La charte reconnaît officiellement l'un des concepts majeurs de l'approche japonaise en matière de développement, le « self-help » (auto-assistance)10(*). En conséquence, l'APD japonaise doit être implantée en tant que soutien aux efforts d'appropriation, ce qui signifie qu'elle doit être à l'écoute et répondre aux besoins des pays bénéficiaires qui doivent rester maître de leurs choix de développement. Tokyo cherchait à faire prévaloir une nouvelle vision de l'aide, en particulier grâce au concept d'« appropriation du développement ». Ce concept est directement hérité de l'expérience du Japon : ayant lui-même bénéficié des prêts de la Banque mondiale jusqu'au début des années 1960, le pays a conçu sur cette base un modèle fondé sur l'« auto-assistance » qu'il a ensuite adapté à l'Afrique11(*). En pratique, Tokyo adopte une démarche inverse de celle habituellement suivie par les pays donateurs de l'Occident. C'est pourquoi, Howard Lehman observe dans son étude sur la TICAD : « au lieu d'arriver dans les pays africains avec de l'argent et des projets déjà définis, le Japon attend des gouvernements qu'ils s'approprient leurs besoins, qu'ils déterminent des projets ciblés, et qu'ils sollicitent ensuite les agences japonaises d'aide au développement 12(*)». L'appropriation du développement est l'un des principes de la TICAD. La TICAD est le noyau des efforts du Japon en Afrique. Elle respecte l'appropriation africaine de son propre chemin de développement tout en exploitant des partenariats multipartites pour promouvoir l'ouverture13(*). Au Burkina Faso, le Japon insiste toujours sur l'importance d'une appropriation de son propre effort de développement. Autrement dit, le Japon respecte l'initiative du Burkina Faso en matière de coopération et tient compte de ses propres efforts pour la mise en oeuvre de ses projets14(*). Ainsi, plusieurs interrogations s'imposent : Question principale : Comment le Japon a contribué à promouvoir le développement socio-économique au Burkina Faso ? Question secondaire 1 : Qu'est-ce que la TICAD ? Comment a-t-elle évolué ? Question secondaire 2 : Quelles sont les manifestations de la présence japonaise au Burkina Faso ? Les objectifs Objectif général Le présent travail vise à évaluer l'impact de la coopération japonaise sur le développement socio-économique du Burkina Faso depuis l'initiative TICAD. Objectif spécifique 1 : Analyser le cadre de la politique de coopération du Japon en Afrique à travers la TICAD. Objectif spécifique 2 : Analyser les manifestations de la présence japonaise au Burkina Faso. Les hypothèses Hypothèse générale: La coopération japonaise a un impact sur le développement socio-économique du Burkina Faso. Hypothèse 1 : la coopération japonaise au Burkina Faso est conforme aux principes et aux objectifs de la TICAD. Hypothèse 2: la présence japonaise au Burkina Faso se manifeste par son soutien aux différents projets de développement. * 9www.japan.go.jp/pc/ticad/_userdata/ticad6/fr_whatsticad.html, consulté le 25 Novembre 2019. * 10 MOFA, 1992, charte de l'aide publique au développement, traduction non officiel, 7 pages. * 11 GUYONNET Emilie, 2013, Le Japon défend ses positions, disponible sur www.monde-diplomatique.fr/2013/06/GUYONNET/49202, consulté le 7 Juin 2019. * 12Idem. * 13GOVERNMENT OF JAPAN, 2016, Japan in Africa, building resilient health system, disponible sur www.washingtonpost.com/sf/brand-connect/wp/enterprise/japan-in-africa-health-systems/ consulté le 4 février 2019. * 14 S.E.M Masato Futaishi, 2017, discours à l'occasion d'une caravane de presse sur l'état de la coopération Japon-Burkina Faso, disponible sur www.sidwaya.bf<m.14910-cooperation-japon-burkinafaso, consulté le 16 juin 2018. |
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