Section 2 : Attributs de qualité et
échange intracommunautaire.
Les attributs des produits jouent dans l'intensification des
échanges dans une région ou une zone communautaire c'est
notamment le cas dans la zone Europe ou la prise en compte des
préférences des consommateurs va conduire les producteurs
à adopter des stratégies de différenciation par la
modification ou l'apparition des nouveaux attributs sur les produits
présents sur le marché. Cette
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CEMAC
stratégie va peu à peu faire apparaitre
l'échange intra-branche. En effet, la majeure partie des échanges
intra-communautaires dans l'Union européenne relève de ce que
l'on appelle communément l'échange intra-branche qui s'oppose
à l'échange inter - branche basé sur une exploitation des
avantages comparatifs. A partir des années 80, l'échange
croisé de produits de qualité différente va croître
en Europe, révélant une spécialisation par gamme au sein
des industries. La qualité des produits et les choix de positionnement
de gamme des producteurs jouent désormais un rôle central, non
seulement pour expliquer les forces de polarisation mais aussi les
évolutions productives (rattrapage économique, notamment de
l'Espagne et du Portugal).
En Afrique, les échanges dans certaines zones comme
l'UEMOA s'intensifient d'années en années car la prise en compte
des attributs des produits et des préférences des consommateurs
devient un facteurs d'intensification des échanges. Les consommateurs
ouest africains payent plus cher le riz importé, mieux lavé et
mieux emballé que le riz local (Lançon et Benz, 2007), Dury et
al. (2007) indiquent que les consommateurs maliens, malgré leur
pauvreté, achètent plus cher le fonio importé de
Guinée, car considéré de meilleures qualités (plus
claires, plus propres et mieux décortiqué) que le fonio local.
Les consommateurs qui ne trouvent pas les biens qui répondent à
leurs préférences chez les producteurs ont alors recours aux
biens offerts par les producteurs étrangers.
La différenciation verticale porte sur la
qualité du produit, le principe de base est que les produits
présentés sur un marché donné ne sont pas
considérés comme parfaitement substituables par les
consommateurs, en raison d'une différenciation subjective ou objective
(Ndo Ndong, 2005).
Dans les modèles de différenciation verticale,
les qualités des biens produits dans les différents pays sont
déterminées selon les cas par les dotations en facteurs (Falvey,
1981 ; Falvey et Kierzkowski, 1987), la qualification de la main d'oeuvre
(Gabszewicz et Turrini, 1997) ou les coûts fixes en recherche et
développement (Gabszewicz, Shaked, Sutton et Thisse, 1981) ; Gabszewicz
et Thisse, 1980] et
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CEMAC
Shaked et Sutton, 1982a, 1983, 1984), par la
différenciation technologique (Chen, 1984) ; (Grossman et Helpman,
1995).
Dans le modèle d'oligopole naturel de Shaked et Sutton
(1984), la dispersion des revenus des consommateurs détermine
l'éventail des qualités consommées, seuls les plus riches
ont accès aux qualités supérieures. L'échange se
traduit par un surcroît de concurrence qui conduit à des
réductions de prix et à un renforcement de la qualité des
produits des firmes qui subsistent sur le marché. Les consommateurs ont
ainsi accès à des variétés de meilleure
qualité à moindre prix (Lancaster, 1980 ; Krugman, 1980 ; Shaked
et Sutton, 1984 ; Siroën, 1988).
La différenciation verticale entraine donc un
échange de qualités qui est un commerce croisé de produits
issus d'une même branche de l'industrie, mais différenciés
par les attributs de qualité (donc par le prix). Tous les consommateurs
préfèrent les biens de qualité supérieure et
l'éventail des qualités consommées est
déterminé par la distribution des revenus.
Dans les modèles à différenciation
horizontale, l'ouverture se traduit en général par une
augmentation des variétés de produits sur chaque marché.
Il en résulte un élargissement des choix des consommateurs, qui
accroît leur bien-être en raison de leur goût pour la
variété (Krugman, 1979 - 1980), ou parce qu'il leur permet de se
rapprocher de leur variété idéale (Lancaster, 1980).
Cependant, certains modèles mettent l'accent sur la possibilité
d'ambiguïtés ou de résultats inverses à cet
égard dans des cas spécifiques. Ainsi, pour Eaton et Kierzkowski,
(1984] l'échange ne conduit pas forcement une augmentation du nombre des
variétés et à un gain en bien-être. Lancaster,
(1984) suggère que, même si l'ouverture se traduit par une
croissance du nombre de variétés, la réduction de
l'échange ne le restreint pas obligatoirement, du moins pour un petit
pays produisant des variétés relativement proches substituts des
variétés importées. Enfin, Dixit et Norman, (1980)
montrent que l'intégration peut se traduire dans certains cas (où
les coûts de production diffèrent selon les
variétés) par la disparition de variétés si
valorisées par les consommateurs qu'il en résulte une
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perte de bien-être. En tout état de cause, les
coûts d'ajustement liés au commerce de variétés sont
potentiellement plus limités que ceux associés au commerce
interindustriel (Balassa, 1966 ; Adler, 1970 ; Aquino, 1978 ; Hufbauer et
Chilas, 1974 ; Krugman, 1981 ; Krugman et Venables, 1996 ; Brülhart,
Murphy et Strobl, 1998 ; Fontagné, 1998b).
En effet, l'ouverture conduit les pays à se
spécialiser sur des variétés de produit fortement
substituables au sein de chaque industrie, ce qui, en principe, ne suppose pas
de réallocation notable des facteurs de production d'une industrie
à l'autre. Le commerce interindustriel engendre des coûts
d'ajustement supérieurs, associés aux mécanismes
décrits dans la théorie traditionnelle (déplacements
intersectoriels de ressources), mais aussi à des effets
d'agglomération bénéficiant aux plus grands pays dans un
contexte d'économies externes et de pays partenaires de tailles
différentes (Krugman, 1991, 1993).
Dans les modèles de différenciation verticale
à la Shaked et Sutton, (1984), l'ouverture génère une
concurrence accrue entre firmes se traduisant par l'élimination de
celles qui produisent les qualités les plus basses, une hausse de la
qualité moyenne des produits et une baisse des prix permettant aux
consommateurs d'avoir accès à des niveaux de qualité
supérieure à revenu inchangé. Il en résulte une
augmentation du bien-être des consommateurs et la possibilité pour
les firmes qui subsistent sur le marché de mieux exploiter les
économies d'échelle. L'effet global penche plutôt vers un
gain à l'échange, même si le nombre de firmes est en
général réduit par l'ouverture. Celle-ci induit une
spécialisation accrue des pays sur les gammes de qualité,
fonction des dépenses de R&D des pays partenaires, de leurs
dotations en facteurs et de leur savoir-faire (capital humain). Ce mode de
spécialisation induit certains coûts d'ajustement,
évalués intuitivement comme intermédiaires entre ceux des
échanges interbranches et du commerce de variétés.
Outre les attributs de qualités, les consommateurs ont
des préférences sur des biens qui ont des attributs de
variétés. Cette préférence pour la
variété des
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produits conduit les producteurs à opter pour la
stratégie de différenciation horizontale qui est aussi source de
commerce intra-branche.
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