? La distance et l'enclavement
Suivant les données de cette étude issue de la
régression binomiale, les formations sanitaires urbaines voient leur
risque d'effectuer une mauvaise surveillance épidémiologique
diminué de 0,36 fois, par rapport aux structures rurales.En outre, lors
de nos entretiens avec les responsables des districts de santé, l'un
d'eux a reconnu que« ...Pour parler de promptitude, le district
étant essentiellement rural, enclavé et donc non accessible au
réseau électrique et téléphonique, les responsables
des FOSA ne peuvent pas
Facteurs associés à
l'opérationnalisation de la surveillance épidémiologique
dans les Districts de Santé de la région du
Sud-Cameroun
transmettre les rapports par téléphone. Ce
qui fait que la promptitude est de 15%, et la complétude de 69%
jusqu'à la 29 ème semaine
épidémiologique... ».Le lien hautement significatif
observé entre la distance qui sépare les lieux d'implantation des
formations sanitaires et la promptitude montre que lorsque celle-ci augmente
d'un kilomètre, le risque d'affecter négativement la surveillance
s'accroit. Notamment chez les individus qui transmettent physiquement leurs
rapports d'activités. Ceci devrait interpeller tous les acteurs du
système afin d'élaborer des stratégies visant à
réduire l'influence de la distance sur l'opérationnalisation de
la surveillance épidémiologique. Surtout que John Stacey Adams
(1960) pense que tout individu au travail observe son environnement afin
d'évaluer si le traitement qui lui est réservé est
équitable ou non. Il effectue le rapport entre les avantages qu'il
retire de son emploi et les contributions qu'il apporte à
l'organisation. Prochasca et Di Clémente dans le modèle
Trans-théorique de changement recommandent d'adopter les conduites
favorables au développement d'un système plus résilient et
donc aptes à capter les objectifs. La réussite d'une telle
entreprise passe par la mise en commun de plusieurs variables comportementaux.
Les interventions thérapeutiques visées ici concernent le passage
d'un comportement A non productif pour le système de surveillance
à un comportement B utile avec cependant le contrôle des rechutes,
des préjugés, la pression de l'environnement et en luttant contre
ses propres croyances. Les facteurs à intégrer ici étant
de trois ordres : envisager un changement, le planifier, l'amorcer et le
consolider
? Faiblesses du système
communautaire
Faiblesse du système communautaire est
tributaireàla dimension économique de la viabilisation des
districts de santé laquelle dimension fait reférence aux aspects
du financement de la santé notamment les processus devant conduire vers
leur autofinancement. Il s'agit notamment des mécanismes de collectes
des ressources financières, de partage du risque et d'achat de services.
Malgré son combat de lutte contre la pauvreté, du fait de son
adhésion aux Objectifs du Millenaire pour le Développement et
plus récemment aux Objectifs de développement durable, le
système de santé camerounais dépend encore
entièrement du pouvoir d'achat d'une population elle-même de plus
en plus pauvre.La question est de savoir Comment donc pérenniser un
système de santé basé sur la précarité?
Comment les communautés réussiront-elles à financer ses
activités de santé dans un environnement aussi difficile et sous
ajustement structurel ?La communauté joue pourtant un rôle
important dans la surveillance épidémiologique. En effet,
l'analyse descriptive bivariée a montré que l'implication des
responsables des structures de dialogue dans les activités de
santé impacte également sur
NDIBI ABANDA Jean, Maitre en Santé Publique
Option Épidémiologie
Université Catholique d`Afrique Centrale
/École des Sciences de la Santé 89
Facteurs associés à
l'opérationnalisation de la surveillance épidémiologique
dans les Districts de Santé de la région du
Sud-Cameroun
l'opérationnalisation de la surveillance
épidémiologique. Hors nous sommes en face d'une communauté
qui rencontre plusieurs difficultés qui empêchent
l'accomplissement de ses missions. les relations conflictuelles dans le
partenariat avec l'Etat. Lors de nos entretiens avec les responsables des
COSADI, certains ont reconnu que «... entre le personnel de
santé eux-même ils ne s'entendent pas. s'ils ont les
problèmes entre eux, avec nous c'est plus grave... ils ont un regard
très méchant envers les pharmacies. Ils ne nous intègrent
pas parcequ'ils ont peur de perdre leur pouvoir.»etpour
d'autres,«...nous avons toujours les problèmes lorsque nous
arrivons dans les centres de santé. D'ailleurs nous n'avons presque
jamais accès dans les pharmacies, lorsque nous voulons savoir ce que
l'argent sert, c'est le silence qui nous répond ».
Au-delà des problèmes conflictuels, il y'a
même la participation de la communauté qui est questionnée
c'est ce que reconnait un responsable du CSSD «On a un problème
au Cameroun, c'est que les structures de dialogue sont de moins en moins
dynamiques, de moins en moins impliquées...».Une étude
conduite par le Minsanté (2001) avait relevé comme entrave
à la survellance épidémiologique et de la riposte
l'insuffisance de la retro-information ; la faible
complétude/promptitude ; le manque de motivation du personnel ;
insuffisance qualitative et quantitative du personnel ; une multitude d'outil
de collecte ; insuffisance de supervision ; la mauvaise qualité des
données ; insuffisance de financement ; mais surtout la non implication
de la communauté.
Suite à une vaste étude qualitative, Frederick
Herzberg et ses collaborateurs proposent en 1959 le modèle bi-factoriel
de motivation. Ils distinguent ainsi les facteurs susceptibles de
générer de la satisfaction au travail de ceux qui, au mieux,
peuvent conduire à l'absence d'insatisfaction au travail. Les facteurs
situés sur l'axe de la satisfaction également appelés
motivateurs. Ils sont entre autres les accomplissements et leur reconnaissance,
le travail en lui-même, les responsabilités, le
développement personnel... Les facteurs situés sur l'axe de
l'insatisfaction également qualifiés de facteurs d'hygiène
ou d'ambiance, sont la rémunération, les conditions de travail,
les relations dans l'organisation. Selon Herzberg, si on veut motiver les
individus au travail, il faut jouer sur les facteurs de satisfaction (facteurs
motivateurs). Ce sont les facteurs relatifs au contenu du travail : la
réussite, la considération, l'autonomie, les
responsabilités, l'avancement.