? La catégorie de la formation
sanitaire
La catégorie de la formation sanitaire influence
l'opérationnalisation de la surveillance épidémiologique.
En effet, les hôpitaux de district et les centre médicaux
d'arrondissement ont une forte probabilité de mieux
l'opérationnaliser que les centres de santé
intégrés. Ceci pourrait se justifier d'une part par le fait que
les CSI de la région du Sud ont à leur tête de
manière majoritaire un personnel non qualifié du pont de vue
technique et juridique. Ce qui corrobore les propos recueillis lors de nos
entretiens auprès d'un responsable de district de santé qui
reconnait que« ...le personnel qui est à notre disposition n'est
pas qualifié. Nous avons pour les trente formations sanitaires à
peine huit IDE comme chef de CSI, la plupart des chefs de CSI sont les
Aides-soignants et ATMS. Ce qui rend la compréhension des défis
et les enjeux difficiles... ».D'autre part, cela pourrait s'expliquer par
la charge de travail dans ces formations sanitaires qui connaissent une
insuffisance sur le plan numérique en personnel sanitaire.
L'hôpital étant un lieu de rencontre des
civilisations, de synthétisme des sciences sociales et humaines. C'est
un système complexe, une entité sociale en interaction dynamique
avec le personnel administratif, les services de soins, les patients, les biens
qui sont en interrelation et en interdépendance les unes aux autres,
organisées en vue d'atteindre un but précis selon Rosny (1995) et
Duron (1998) cité par Nkoum. L'hôpital reste selon Mintzberg, une
organisation rationnellement complexe dans la perspective administrative et
managériale. Pour atteindre les objectifs dans un tel environnement,
Mintzberg recommande la division des taches et la répartition des
rôles. Les hôpitaux de quatrième et cinquième
catégorie ayant plus de possibilité à le faire, les
objectifs de surveillance semblent mieux atteints.
? Les ressources financières et
Humaines
La problématique de la ressource humaine sur le double
plan qualitatif et quantitatif se pose. Nos données montrent que la
surveillance était plus dégradée dans les CSI et
assimilés oùl'on retrouve un fort taux de personnel aide-soignant
et techniciens de laboratoire occupant les postes de responsabilité et
souvent considéré comme non qualifié. Lors de nos
entretiens, un responsable du SSD reconnait l'existence d'un
problème« le problème du personnel est un challenge au
Cameroun actuellement. Le personnel se fait de plus en plus rare. Mais nous
faisons avec ce que nous avons. La norme voudrait
Facteurs associés à
l'opérationnalisation de la surveillance épidémiologique
dans les Districts de Santé de la région du
Sud-Cameroun
que pour les besoins d'efficience, un personnel
qualifié pour 1000 habitants mais actuellement, nous sommes à un
personnel pour 7000 habitants... ».Ce manque de ressources semble
être un problème pour les pays africains. En effet, une
étude similaire réalisée en Tanzanie par Peter Nsubuga en
2002 avait relevé la rareté des ressources financières et
matérielles allouées à la surveillance
épidémiologique et la riposte doublée d'une insuffisance
de personnel formé en épidémiologie. Résultat qui
est en congruence avec le constat de l'OMS, (2006) qui estimait que dans le
monde, la pénurie est estimée à environ 2,3 millions de
médecins, d'infirmiers et de sages-femmes, et à plus de 4,3
millions d'agents de santé au total dans certaines régions,
notamment en Afrique sub-saharienne, les effectifs actuels du personnel de
santé doivent être augmentés de près de 140 % pour
surmonter les crises sanitaires.
Le système de surveillance
épidémiologique dans un tel contexte aura beaucoup de mal
à atteindre les objectifs escomptés. En considérant ce
système de surveillance au sens de Ludwig Von Bertalanffy (1973),comme
un ensemble inter-relié d'éléments avec des influences
mutuelles et baignant dans un environnement qui joue sur lui, le manque ou
l'insuffisance des ressources tant humaines que matérielles,
communicationnelles et financières aura un impact sur la mise en oeuvre
des activités et donc l'atteinte des objectifs. C'est donc un
système de surveillance fragilisé du fait de la
défaillance de certains de ses maillons les plus essentiels. Pour sauver
un tel système, il faudrait de la motivation considérée
par le dictionnaire universel (2008), comme un ensemble de facteurs conscients
ou inconscients qui déterminent un acte, une conduite.
? Le moyen de transmission
Les structures de santé qui transmettent leurs
rapports par moyens électroniques ont environ 11 fois plus de chances de
mieux opérationnaliser la surveillance épidémiologique par
rapport à tout autre moyen. D'autant plus que la même étude
a montré l'influence de la distance sur les données de
promptitude.L'approche systémique de filiation globaliste dont le
physiologiste Ludwig Von Bertalanffy(1973), en est le père fondateur en
intégrant les aspects contradictoires du système tels que l'ordre
et désordre; le déterminisme et hasard; l'incertitude et la
certitude nous permet de mettre en évidence les fenêtres de
vulnérabilités et d'opportunités qui existent dans les
districts de santé de la région du sud.Il revient dès lors
au système de surveillance épidémiologique de prendre des
mesures ergonomiques visant à mieux améliorer les pratiques de
surveillance pour plus d'efficience et d'efficacité.
Facteurs associés à
l'opérationnalisation de la surveillance épidémiologique
dans les Districts de Santé de la région du
Sud-Cameroun
? La charge de travail
Le fait que le responsable de la structure soit
également le responsable de la surveillance augmente le risque de
dégradation de celle-ci. C'est le syndrome de l'épuisement
professionnel ou le Burn-Out qui est incriminé en filigrane. Pour
Stordeur et al. (1999), l'épuisement émotionnel
réduit la satisfaction au travail et l'implication dans l'organisation,
augmente l'absentéisme, et réduit la performance au travail et
partant la sous-estimation de certaines activités. Cette assertion est
en congruence avec les résultats de notre étude. En effet, un
seul individu chargé des activités curatives, préventives
et promotionnelles couplé aux responsabilités de son existence ne
peut humainement pas remplir ces missions avec le même coefficient
d'implication. Face à ce dilemme, la tendance est à
privilégier les activités curatives au détriment des
aspects préventifs du rôle du soignant. Cette charge du travaille
semble avoir une incidence sur la qualité des données
collectées c'est ce qu'a reconnu un responsable du SSD« en ce
qui concerne la qualité des données, 36 % sont de mauvaise
qualité, 28 % seulement sont bonnes et le reste est acceptable. Cette
mauvaise qualité fait allusion à un mauvais rapportage, à
la discordance, et les données manquantes ».Ceci serait la
conséquence d'une mauvaise gestion des ressources humaines. Et pourtant,
dans l'approche fonctionnaliste de Fayol, la gestion des RH dans un
système de santé vise à disposer d'un personnel à
la fois qualifié et motivé, équitablement réparti
dans l'ensemble du territoire. Pour résoudre ces problèmes,
Médard (2001), estime que «la décentralisation est
introduite dans le système de santé publique au Cameroun comme un
ensemble de technique visant par l'autonomisation des structures de
santé, à transformer profondément le comportement
dysfonctionnel du personnel sanitaire, médical, et paramédical
qui est considéré comme étant à la source de la
crise du système de santé ».Tout individu au travail
ressentant des besoins qui sont sources de motivation (Maslow, 1943).