A. Le mouvement de l'abandon du pénal
Le mouvement d'abandon du « pénal » est
né à la fin des années 1960 début des années
1970 dans le prolongement du mouvement idéologique libertaire qui, en
France par exemple a pris la forme de ce que l'on a appelé «
pensée 68 ».16Il se présente comme une sorte de
fusée à trois étages qui se sont progressivement
déployés dans les temps : dépénalisation,
décriminalisation et enfin abolition du droit pénal.
a. La dépénalisation
C'est une opération de politique criminelle qui
consiste soit à atténuer, soit à supprimer la peine
encourue, soit encore à offrir une alternative entre la peine et une
mesure non pénale à l'égard d'un acte
délictueux.17
Comme dit R. GASSIN, on pouvait également tenir pour
une dépénalisation relative la possibilité donnée
au toxicomane d'échapper aux poursuites pénales ou d'interrompre
celles-ci, s'il accepte de se soumettre à un traitement de
désintoxication qui, par sa nature est un traitement médical donc
non pénal.
b. La décriminalisation
Dernier avatar du mouvement son champion est le Professeur
Louk Huisman qui propose de remplacer le système pénal par un
moins contraignant ou le droit civil (avec la réparation) et le droit
administratif (avec des contrôles et des interdictions) devraient suffire
à garantir le maintien de l'ordre social minimum et permettraient
d'éviter les inconvénients du système pénal
jugé entièrement négatif.
Pour l'enfance délinquante, certains auteurs proposent
la « déjudiciarisation » qui est un terme désignant la
pratique qui consiste à éviter la référence
à l'intervention judiciaire et qui accorde la primauté à
l'action sociale préventive et curative autrement dit aux structures
16 LARGUIER (J.), Criminologie et la science
pénitentielle, Paris, Dalloz,9emeéd., 2003, p.93
CONSTANT cité par MUKINAY Op.cit., p.54.
17 P. AKELE Adou, La dimension pénale de
lutte contre l'impunité, Lubumbashi, 2016, pp.100-101.
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extrajudiciaires.
B. La valeur scientifique de l'abandon du pénal
Lorsque l'on analyse les raisons qui sont avancées en
faveur du mouvement contemporain pour l'abandon du pénal, on peut y
repérer deux grandes tendances :
? Pour certains, la décriminalisation s'impose par ce
que le système pénal est un mal et que le mal doit être
évité il s'agit de motifs idéologiques qui sont d'autant
marqués que l'on va plus loin vers l'abolition même du
système. Toutefois certain de ces auteurs habillent très
habilement leur doctrine d'un vêtement scientifique qui utilise toute une
série de recherches contemporaines dans le domaine de la sociologie
pénale.
? D'autres auteurs, parfois aussi les même, avancent
d'autre raisons : des raisons pratiques. Ils invoquent d'une part le fait que
le système pénal au lieu de resocialiser les délinquants
condamnés aboutit à la stigmatisation, ils font remarquer d'autre
part que la capacité du système de justice criminelle à
sanctionner tous les cas de délinquance n'a pas suivi le
phénomène de l'inflation de la criminalité et qu'il vaut
mieux renoncer au système pénal plutôt que de le condamner
à une impuissance croissance.18
Comme nous le remarquons, les objectifs de la politique
criminelle se résument dans la recherche d'un nouvel ordre social
minimum par la désignation faite par le corps social des comportements
qui sont prohibés.
Ensuite, l'on doit viser obtenir une juste répartition
de ces couts entre délinquant, leurs victimes et l'ensemble de la
société. Une règlementation utilitaire est orientée
vers la justice des effets nocifs du crime y compris les souffrances
causées par la lutte contre les crimes demeurent la préoccupation
de la politique criminelle mais pour atteindre ses objectifs capables de
raccompagner.
§2. La politique criminelle et le droit
pénal
On sait déjà d'une part que la politique
criminelle est une discipline ayant pour objet la lutte contre la
délinquance, d'autres parts, on sait que le droit pénal est
l'ensemble des règles juridiques qui organisent la réaction
officielle de l'Etat contre les infractions
18 CHRISTINE (G.), Introduction à la
politique criminelle, Paris,5eme éd., 2002,p.3.
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commises par les délinquants. Les principes de la
politique criminelle retenus par
plusieurs Etats passent dans les droits pénaux positifs
à travers des règles et concepts juridiques qui varient selon les
législations.
Ces règles et concepts constituent ce que l'on appelle
les techniques pénales. Ces techniques se répartissent en deux
catégories : les unes forment le droit pénal de fond, les autres
font partie de la procédure pénale,
La politique criminelle arrête des principes d'action,
le droit pénal traduit ces principes en règles et concepts
techniques dans l'ordre juridique. De la sorte, le droit pénal apparait
comme la mise en oeuvre de la politique criminelle.
Ainsi, la politique criminelle et le droit pénal
constituent une sorte de couple dont les éléments sont distincts
mais en rapports étroits au point qu'il peut être soutenu que le
droit pénal sans la politique criminelle est aveugle et que la politique
criminelle sans le droit pénal n'a pas de raison
d'être.19
Dans cette tâche, nous allons analyser les facteurs de
la politique criminelle d'une part (A) et les effets de la politique criminelle
d'autre part (B)
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