C. Les méthodes internes de gestion des dossiers
« clients »
1. La méthode RAROC
Une des méthodes anglo-saxonnes la plus utilisée
est la méthode RAROC (Risk Adjusted Return On
Capital).
Elle permet une bonne évaluation du coût du
risque ainsi que l'élaboration d'un système d'allocation des
fonds propres au plus juste.
RAROC = Produits-Charges-Pertes attendues
Capital économique
La méthode RAROC permet donc d'optimiser le couple
rentabilité/risques. Elle repose sur les apports de la théorie
moderne du portefeuille de Markowitz (prix Nobel en 1990). Ce qui importe, ce
n'est pas le risque lié à un titre, mais c'est le risque d'un
portefeuille dans sa globalité : il va formaliser le principe de
diversification du portefeuille et cette théorie va s'appliquer au bilan
bancaire, au sein des cellules de risques, en développant un
portefeuille crédit PME sur des structures à
l'activité traditionnelle et une autre partie
centrée sur les nouvelles technologies afin de
permettre une réallocation des risques et une couverture en vertu du
principe de diversification.
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Risque sous-jacent à une opération de
crédit à une
PME
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Risque prévisible
Risque imprévisible
Estimation d'un taux de défaut moyen
Estimation d'un taux de défaut maximum
Figure 1 : La dissociation du risque de crédit par
la méthode RAROC
BBA INSEEC 4ème année - Antoine COQUIL -
Mémoire de recherche appliquée 27 mai 2016 22
La méthode RAROC permet de dissocier un risque
prévisible d'un risque exceptionnel (au sens d'inattendu) :
? Le risque prévisible correspond
à la tarification du crédit en question ; il est calculé
à partir d'un taux de sinistralité constaté sur le segment
de clientèle auquel est rattachée l'opération de
crédit. Par principe, cette perte moyenne est garantie
par les revenus générés par le crédit.
? Le risque imprévisible correspond
à un risque inattendu dont la perte n'a pas été
anticipée. Il s'agit pour la banque de couvrir la différence
entre le montant de cette perte maximale et le montant de la perte moyenne, en
affectant un pourcentage de fonds propres pour couvrir ce risque (cf. Figure
1)
Une des premières difficultés dans la mise en
place de la méthode RAROC est dans la valorisation du risque
prévisible et de la perte moyenne associée. Il faut
alors utiliser une méthode statistique sur un type de client/ type de
crédit déterminé qui nécessite l'élaboration
d'une base de données en interne, élaboration longue et
fastidieuse, pas toujours construite rigoureusement et qui peut conduire
à « des biais statistiques dans l'estimation du taux de
défaut moyen » 9
Cette méthode est utilisée au sein de BNP
Paribas, via l'outil « DEFIPRO » qui sera présenté dans
ma partie II. Elle concerne tant les cellules risques que la sphère
commerciale, qui alimente le système d'informations pour
déterminer de façon instantanée le couple «
Création de richesses/Pertes moyennes » pour chaque demande de
financement.
Il s'agit d'un progrès dans l'approche du risque de
crédit pour les banques mais cette méthode reste une
méthode complémentaire à une approche qualitative de
recueil d'informations fiables et pertinentes.
L'exemple ci-dessous explique l'intérêt de cette
méthode dans la prise de décision :
9 Lamarque (2005)
BBA INSEEC 4ème année - Antoine COQUIL -
Mémoire de recherche appliquée 27 mai 2016 23
Illustration de la méthode RAROC
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Entreprise A
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Entreprise B
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Marge commerciale
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0,50%
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0,20%
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RAROC
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5,55%
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10,75%
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Le calcul de la rentabilité prévisionnelle
nette de risque permet de mettre en exergue l'intérêt de
l'opération avec l'entreprise B par rapport à celle avec
l'entreprise A. Concernant cette dernière opération, le
chargé d'affaires, s'il estime la rentabilité insuffisante, peut
tenter de diminuer l'exposition nette en prenant par exemple des garanties ou
en augmentant la marge commerciale.
Source : Adapté de Mikdashi Z. (1998), p.191
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