b. Des complications au niveau de la
sécurité des patients
Certaines fermetures des maternités ont eu lieu
à la suite d'incidents ou d'une baisse d'accouchements, ces deux
critères étant parfois liés. Les petites maternités
font face à un manque de gynécologues et/ou
d'anesthésistes, ce qui ne leur permet pas de continuer leurs
accouchements dans les conditions de sécurité exigées. Le
maire de Falaise souligne ce point : « Les petites maternités,
aujourd'hui, font en fonction des critères démographiques,
sanitaires, de sécurité, et de démographie
médicale, et elles ne peuvent plus assurer la même
sécurité à laquelle une femme à le droit dans une
procédure d'accouchement ». Le maire de Vire a le même
discours : « Vous trouverez toujours des gens qui vont vous dire,
même à 100 accouchements, il faut garder la maternité, mais
est ce que les conditions de sécurité sont garanties ? ». En
effet, la question peut se poser, les femmes sont-elles plus enclines de
risquer leur vie et celle de leurs enfants dans une petite structure,
plutôt que dans une grande maternité sous le prétexte qu'un
manque de moyens subsiste, ce qui entraînerait un incident ? Les petites
maternités souffrent du fait que leurs structures ne permettent pas la
réanimation néonatale (pour un nourrisson avec une
détresse sérieuse ou un risque vital) ou la prise en charge des
prématurés. Les parents préfèrent donc s'orienter
vers une maternité où la détresse de leur enfant peut
être traitée au cas où elle aurait lieu.
Effectivement, la sécurité des parturientes et
de leurs enfants et primordiale. C'est pourquoi Eric Macé (maire de
Falaise) souhaite « que l'organisation soit faite sans altérer la
sécurité des patients ». Au long terme, la rationalisation
et les regroupements de structures permettraient « d'avoir des
équipes plus fortes et plus de sécurité » selon le
Maire de Vire. Mais cela éloigne la population des structures de soins.
Il faut donc trouver
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un compromis entre les deux, car la proximité ne serait
pas toujours une garantie de sécurité, mais
l'accessibilité nécessaire pour accéder à une
structure de haute technologie n'est pas toujours présente (personnes
âgées, individu sans le permis, individu isolé,
réseaux de transports en commun inexistants, coût de la
consultation, coût de la mutuelle complémentaire). Au final, la
proximité peut être un danger car les médecins sont
isolés et en nombre insuffisant, mais l'éloignement est autant un
danger, car la population se retrouve plus éloignée des
structures et doit disposer des moyens financiers et/ou de motricité
pour y accéder.
Selon Monsieur Labbé, gynécologue à Vire,
« le nombre de foetus mort in utero, peut être accidentel, mais la
plupart du temps, il est témoin d'un défaut de suivi des
patientes, et pas forcément d'une erreur de suivi, mais d'un
défaut de suivi donc des patientes qui ne trouvent pas sur place des
personnes pour suivre leur grossesse ». La question qui se pose est :
est-ce la conséquence d'une pénurie de gynécologue et/ou
de sage-femme pour le suivi post-natal ? Ou est-ce le manque de moyens pour se
déplacer ? Ou même un problème financier ? Monsieur Sabater
(le maire de Vire), explique que « l'impératif de
sécurité est un équilibre économique, mais aussi la
présence de compétences médicales pour arriver à
concilier ça et la proximité, ce n'est pas toujours compatible,
car chacun aspire à pouvoir être soigné le proche de chez
lui dans des conditions de sécurité maximales ».
Ainsi, la solution dans certains pays est l'hospitel.
C'est ce qui est mis en place « dans les pays nordiques, où
l'isolement et les conditions de climat difficiles sont fréquents
». Ce sont des « hôtels pour femmes enceintes, situés
à proximité des maternités
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»47. De plus, dans un pays tel que la
Suède (447 465 km2), « ils ont 7 maternités pour
un territoire qui est de 500 000 km2 environ » (E.
Labbé, gynécologue, Vire). Ce pays de taille quelque peu
similaire à la France (543 965 km2), ne possède que
sept maternités contre environ cinq-cents en France. Leurs
maternités sont toutes de très grands plateaux techniques
(équivalentes aux maternités de niveau 3 en France).
En France, en ce qui concerne la sécurité des
patientes pour leur accouchement, les gynécologues et les sages-femmes
effectuent un « tri des femmes qui vont pouvoir accoucher dans une moyenne
maternité ou dans une grosse maternité, avec une surveillance qui
est mise en place très tôt dans la grossesse » (E.
Labbé, gynécologue à Vire). Parfois, lorsqu'une grossesse
présente des risques, et/ou que la maternité est trop
éloignée, telle que l'île de Marie-Galante, en Guadeloupe,
par exemple, « on conseille aux femmes de partir au septième mois
pour la grande île » (R. Leverrier, présidente du collectif
de Vire). En effet, la maternité de l'île a fermé en 2012.
L'Agence de Santé Guadeloupe-Saint-Martin-Saint-Barthélémy
fait savoir dans un communiqué que les femmes enceintes disposent de
plusieurs aides pour leurs accouchements. Elles disposent d'un aller-retour par
bateau s'il n'y a pas d'urgence, sinon elles peuvent être
évacuées par hélicoptère. Enfin, elles peuvent
être hébergées près du CHU de Pointe-à-Pitre
en fin de grossesse. Ainsi, des mesures d'aménagements sont mises en
place pour aider les familles dans leurs projets.
47 Fleuret S., « Spécialisations
hospitalières et centralité », Données urbaines, vol
4., 2003, Anthropos, Cnrs, Insee, p. 367-375
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