C. Une vitrine métropolitaine en front de mer :
la ZAC de la Cité de la Méditerranée
Comme nous l'avons vu précédemment la ZAC de la
Cité de la Méditerranée, ou Cimed pour les professionnels,
est une opération phare d'Euroméditerranée. Nous allons
voir comment celle-ci réinvente et fait renaître le front de mer,
puis nous étudierons plus en détails le nouvel espace public et
culturel d'envergure métropolitaine : le J4.
Désignant à la fois un lieu, un programme et une
méthode, l'appellation cité de la méditerranée
renvoie à un lieu « qui n'est plus simplement une interface
urbano-portuaire dans un quartier mais un espace de projection de Marseille
dans une région mythifiée et pacifiée » 35.
A. Importance des activités de loisirs
Nous avons pu le voir précédemment les relations
ville-port et l'interface entre ces deux entités sont
réinventées par de nombreux aménagements, notamment par le
boulevard de la Méditerranée. Par ailleurs un important travail a
été fait pour préserver des vues et des dégagements
sur le port et la mer ; ceci permet donc de réinventer les liens entre
la mer et ce morceau de ville.
Figure 17 : Point de vue et percées sur le front de
mer
Source : EPAEM
35 B. Bertoncello, J.Dubois, Marseille
Euroméditerranée accélérateur de
Métropole, p.119.
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Cependant les relations entre la ville et le port sont aussi
modifiées dans ce secteur par d'autres éléments :
l'implantation de fonctions urbaines sur d'anciennes emprises portuaires, mais
aussi le changement d'usage de certains bâtiments dans le domaine
portuaire sont à la base des nouvelles relations ville-port. Ceci a
été rendu possible par la convention passée entre le port
et la ville en 1999. Cette convention, la charte ville-port, a permis et
encouragé de nombreux efforts consentis par le port, notamment le
retrait de ses emprises sur une bande de 45 mètres, ce qui a
entrainé l'implantation de nouvelles fonctions urbaines. L'exemple du
nouveau centre commercial des Terrasses du port est très parlant, tout
comme celui du Silo.
Toujours situé dans le domaine portuaire mais construit
sur pilotis, le centre commercial des Terrasses du port « offrent aux
marseillais une nouvelle ouverture sur la mer au coeur d'un quartier en plein
renouvellement » 36 . Le Silo est quand à lui un ancien lieu
de stockage des céréales reconverti en salle de spectacles auquel
s'ajoutent des bureaux. Cependant lors des appels à projets et des
concours de ces deux bâtiments, plusieurs conditions ont montré
les volontés du port. En effet il a été question de «
rentabilité économique », de « non-cessions des
emprises au sous-sol du bâtiment », tout en mettant en valeur les
qualités patrimoniales du bâtiments pour le Silo 37 .
Il convient donc de s'intéresser aux types de fonctions urbaines qui ont
étés implantées sur le front de mer. Si l'on met de
coté le môle du J-4 que nous traiterons dans la suite de la
partie, il est facile de se rendre compte que la majeure partie des
activités implantées en front de mer sont des activités
concernant principalement les loisirs. Que ce soit des bâtiments
culturels ou commerciaux le front de mer est très fortement
marqué par ses fonctions, ce qui contrebalance avec les années
1970/80 où les activités industrielles étaient
omniprésentes.
La volonté de faire revenir les marseillais dans cet
espace reconquis est très forte et montre un nouvel aspect de la
maritimité. Une maritimité réinventée non pas au
profit des activités portuaires, mais plutôt pour le loisir et la
détente, mais à un certain prix. En effet ces nouvelles
activités sensées être destinées à tous, sont
fréquentées principalement par des populations ayant un certain
capital culturel et économique. La maritimité mise en avant
n'étant pas celle du plus grand nombre, la question de
l'intérêt général se pose alors. A qui est
destiné cet espace, l'est-il pour l'ensemble des habitants ou seulement
pour certaines classes sociales ? L'abondance de centres commerciaux
n'éloigne-t-elle pas les populations n'ayant que peu de ressources ?
Par ailleurs l'objectif de vendre le quartier est très
important ; Euroméditerranée en se vendant comme une vitrine
métropolitaine représente-t-il la métropole dans son
ensemble ? Ces questions doivent être posées, tout comme celle de
la création d'un nouvel espace et de nouvelles pratiques. Pour l'instant
Euroméditerranée présente une image moderne et dynamique
de la métropole ; cependant il ne représente pas la
métropole dans son ensemble. L'action publique à Marseille est
aujourd'hui destinée à une certaine population, qui ne concerne
pas l'ensemble des marseillais ; ceci va à l'encontre de la notion
d'intérêt général car elle ne profite pas au plus
grand nombre.
Intéressons nous désormais à l'image et
au rayonnement qu'induit la Cité de la Méditerranée, pour
mieux voir comment la stratégie d'attractivité de la ville se met
en place sur le front de mer.
36 Site officiel de l'EPAEM
37 B. Bertoncello, J.Dubois, Marseille
Euroméditerranée accélérateur de
Métropole, p.121.
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38 B. Bertoncello, J.Dubois, Marseille
Euroméditerranée accélérateur de
Métropole, p.122.
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