B. Une nouvelle skyline composée d'objets monde
pour rayonner
Un autre aspect important de la Cimed est l'image qu'elle
renvoie. En effet la nouvelle, ou future, skyline que propose la Cité de
la Méditerranée et plus largement Euroméditerranée
est un élément fort dans la stratégie de la ville et pour
le rayonnement de la métropole. En 2005, les modifications de la forme
urbaine de Marseille sont rentrées dans une nouvelle phase avec la
conception de la tour CMA-CGM.
Forte de symboles et conçues par Zaha Hadid, cette
nouvelle et première tour tertiaire de bureaux à Marseille a
montré la voie à suivre : désormais il faut
s'élever pour diriger la métropole depuis le port et faire appel
à un grands architectes.
La tour du troisième plus gros armateur mondial rentre
donc dans le modèle de la starchitecture, selon lequel il convient de
faire appel à un grand nom de l'architecture pour que le résultat
soit garanti. Certes visible et haute, mais moins que Notre Dame de la Garde,
la tour CMA-CGM est-elle du goût de tous les Marseillais ?
Correspond-t-elle vraiment aux attentes des employés, ou ne
satisfait-t-elle que les grands dirigeants du haut de leur dernier étage
?
Au vue des nouvelles tours prévues ou en construction,
ces questions semblent avoir trouvé une réponse. Néanmoins
la tour symbolise aussi le renouveau du port, la relance de son activité
et la possibilité de faire des affaires à Marseille. Elle a
permis de faire rayonner la ville et de débloquer d'autres projets
d'envergure. Il suffit de voir la skyline attendue pour se rendre compte que
d'ici quelques années l'image de Marseille aura totalement changé
: composé de plusieurs immeubles de grande hauteur, le front de mer sera
aussi doté de grands noms de l'architecture, comme Jean Nouvel, ou Soto
de Mura. « L'appel aux architectes de renom semble fonctionner comme
une caution du bon goût et d'une médiatisation assurée des
réalisations » 38 .
Figure 18 : Image de synthèse de la future skyline de
Marseille
Source : Marseille Euroméditerranée
accélérateur de métropole
63
La skyline marquera bien sur les esprits, et sera reconnue. Le
pari de rayonnement du quartier est donc il me semble atteins car actuellement
la spirale est placée sous le signe de la réussite. Cependant
est-ce si important d'avoir des Pritzkers, comme le relève Madame
Caradec ? Ne vaut-il pas mieux s'intéresser à la cohésion
d'ensemble et à l'unité de cette future skyline ? L'avenir le
dira, mais dans une époque où les tours sont de plus en plus
remises en questions tant pour leur résultat mitigé en terme de
densité et sur le plan écologique, est-il bien utile d'en
construire et d'en prévoir encore d'autres ?
La réalisation du MuCEM, qui s'inscrit aussi dans la
nouvelle skyline de Marseille est à l'inverse du modèle de
l'architecture iconique : bien qu'ayant fait appel à un architecte de
renom Rudi Ricioti, le bâtiment est une non-expression architecturale.
Néanmoins, il a été à lui seul un
événement, le concours d'architectes a permis de mettre Marseille
sur le devant de la scène internationale. Cependant et contrairement au
Guggenheim de Bilbao, le bâtiment ne présente aucune forme
exceptionnelle mais se contente de mettre en valeur l'exceptionnalité du
site. Très innovant au niveau technique, et présentant des
méthodes novatrices au niveau de la conception du bâtiment, le
MuCEM par sa forme permet de mettre en valeur l'architecture du fort St-Jean et
marque cependant les imaginaires marseillais. Doté d'une passerelle
reliant le fort, la ville et le musée, celui-ci pourrait aussi servir
d'exemple pour d'autres conceptions selon Madame Caradec.
Marseille est en train de se doter d'une skyline digne d'une
ville moderne du XXI° siècle ; bien que cette stratégie ait
été actée de longue date, la construction de celle-ci
s'est accélérée avec l'obtention du label Capitale
Européenne de la Culture. La Cité de la
Méditerranée est l'opération qui sera le socle de cette
skyline. Penchons nous désormais sur un autre élément de
la Cimed permettant à Marseille de rayonner : le J4.
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